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Visites d’exploitations

Le préfet mis au parfum

Éric Delzant rencontrait mardi la profession agricole. Les problématiques lui ont été exposées, y compris la dernière en date : la germination des blés.
Par Aurélien Genest
Le préfet mis au parfum
Vincent Lavier, François-Xavier Lévêque, Pierre-Étienne Contesse et Fabrice Faivre entourent ici Éric Delzant (deuxième en partant de la gauche).
La FDSEA, les JA et la Chambre d’agriculture ont convié le nouveau préfet à des visites d’exploitations en début de semaine. [I]«L’objectif était de lui présenter le département, ses caractéristiques et ses difficultés»[i] explique Fabrice Faivre, le président de la FDSEA. Dirigée vers les plateaux et l’Auxois, cette journée sera prochainement suivie d’un second rendez-vous, cette fois-ci en Plaine dijonnaise et dans le Val de Saône. La rencontre de mardi, avec plusieurs agriculteurs et responsables d’OPA, a fait état d’un tableau particulièrement noir pour l’agriculture. [I]«Année calamiteuse»[i] a résumé Fabrice Faivre, évoquant notamment les aléas climatiques: [I]«De gros problèmes de germination des céréales sont constatés. La situation va être très difficile à la rentrée pour bon nombre d’exploitations»[i]. Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture, ne cachait pas son inquiétude sur les résultats économiques du département, en ajoutant que certains blés non germés en apparence avaient eux aussi perdu leur qualité boulangère.

[INTER]Du blé à 110€/ha ?[inter]
Fabrice Genin, membre du bureau de la Chambre d’agriculture, estime à 60% la proportion de blé qui passera en fourrager : [I]«La pluie, nous l’avons réclamée d’avril à juin. Elle est finalement arrivée au moment de faucher... Pour passer en meunerie, il nous fallait des temps de chute d’Hagberg très longs. Ce ne sera pas le cas. En fourrager, nous n’avons pas de débouchés. Nous sommes spécialisés dans la meunerie avec des outils bien précis. Ça va être difficile pour les agriculteurs mais aussi pour nos organisations économiques»[i]. La décote pourrait être de 40€/tonne selon le côte d’Orien : [I]«pour quelqu’un qui fait 6 tonnes à l’hectare, la perte se chiffrerait à 240€/ha. Non seulement il n’y aura pas de revenus, mais il faudra aller chercher dans les fonds propres pour pouvoir travailler l’année prochaine. On peut imaginer du blé fourrager aux alentours de 120 voire 110€/tonne. Je ne connais pas une ferme de grandes cultures capable d’être rentable avec ces prix là»[i]. Pour Fabrice Faivre, certaines exploitations entre 200 et 300 hectares vont perdre entre 50 000 et 100 000 euros : [I]«tous les facteurs sont défavorables cette année. En plus de la mauvaise récolte, les prix sont en baisse. Le préfet peut faire remonter nos différentes revendications au ministre de l’Agriculture et nous aider à appuyer nos différents dossiers»[i].

En aparté… Avec Éric Delzant

- Les préfets changent souvent de départements, est-ce une obligation ? «Non. Simplement, dans une carrière professionnelle, il y a des étapes. Un préfet reste généralement deux ou trois ans au même endroit, c’est un peu la norme. Ce n’est pas une règle stricte, c’est juste une pratique». - L’agriculture, vous connaissez  ? «Oui, j’ai pas mal circulé en France, notamment en Auvergne, dans le Nord-Pas-de-Calais et dans le Sud-ouest. Ce fut à chaque fois des agricultures très différentes. Celle de la Côte d’Or, très diversifiée, n’échappe pas à la règle». - Êtes-vous surpris par le nombre de problématiques ? «Non. L’agriculture est un modèle économique à elle seule, et aussi un modèle humain. Toute notre société est confrontée à des changements importants. L’agriculture en fait partie. Il n’est pas toujours simple de s’imprégner toutes ces problématiques locales, c’est pour cela que je rencontre rapidement les acteurs du territoire, en écoutant ce qu’ils ont à dire. Je peux ensuite aider la profession dans son évolution et ses difficultés».