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Saône

Le point sur les inondations

La crue de mi-avril a fait l’objet d’une réunion, vendredi 20 mai à Dijon.
Par Aurélien Genest
Le point sur les inondations
L’ensemble des intervenants sollicités sur le terrain étaient invités par la préfecture.
La Saône en a fait voir de toutes les couleurs aux agriculteurs durant la deuxième quinzaine d’avril.  Un peu plus d’un mois après les faits, la préfecture a décidé de convier les différents acteurs mobilisés sur le terrain afin de dresser le bilan du sinistre et évaluer la gestion de cette forte montée des eaux. La profession agricole était notamment représentée par Vincent Lavier, Nicolas Michaud et Jean-Luc Loizon.

Un dispositif gagnant
Les services de l’État ont aussitôt reconnu l’utilité du dispositif «Agri-vigilance-inondations-Saône», mis en place il y a six mois par la profession agricole. Celui-ci a permis aux éleveurs de retirer leurs animaux des prés dans les plus brefs délais. «Ce qui existait jusqu’à présent ne satisfaisait pas les agriculteurs. Nous avions constaté que les cotes de référence de Vigicrues considéraient uniquement la protection civile et non l’agriculture. Les voyants étaient encore au vert quand les exploitants avaient déjà les pieds dans l’eau, d’où la création d’Agri-vigilance» a rappelé Nicolas Michaud. Jean-Luc Loizon, deuxième principal référent agricole, a résumé le fonctionnement du dispositif : «Nous nous concertons tous les matins et évaluons le niveau de la Saône. Nous interrogeons Vigicrues et prenons la décision ou non de contacter la préfecture. Si tel est le cas, nous croisons nos informations respectives avec les prévisions météorologiques. En cas d’alerte, nous appelons les référents des autres cantons qui signalent aussitôt les faits aux autres agriculteurs de leur secteur».

Des pertes végétales
Si aucune perte animale directe n’a été constatée lors de ce sinistre, d’importants dégâts végétaux sont à déplorer. Le piétinement des animaux impactera la récolte d’herbe avec des pertes estimées à au moins 50%, la qualité des foins sera elle aussi fortement altérée. «Entre Seurre et Saint-Jean-de-Losne, plus de 1000 hectares sont concernés» indique Jean-Luc Loizon. Concernant les grandes cultures, de nombreuses parcelles ont été submergées, principalement du blé d’hiver et du colza, dont une partie a dû être ressemée. Certains maïs avaient déjà été semés et ont été détruits à 100%.

Des améliorations
Plus loin que le stade du constat, cette réunion a permis aux différents acteurs de se projeter vers l’avenir en étudiant les pistes à améliorer lors de prochaines crues. Pour la partie agricole, le réseau «Agri-vigilance-inondations-Saône» sera le centre de plusieurs aménagements. «Il est tout récent et nous devrons certainement le rendre plus vivant» commente Jean-Luc Loizon, qui prévoit d’agrandir sa zone d’application. «Il faudra sans doute l’étoffer davantage. Nous avions ciblé deux intervenants par canton, tous chargés de répercuter l’alerte. Ce n’est peut-être pas assez dans certains cantons. C’est un travail à conduire entre nous» poursuit le responsable professionnel à la Chambre d’agriculture, évoquant également l’étude d’un dispositif d’alerte donné par SMS. Des solutions devront également être trouvées sur les affluents de la Saône qui ne rentrent pas encore dans le dispositif d’Agri-vigilance. «Une meilleure gestion de barrages pourrait être salutaire» ont lancé les agriculteurs.

Des prémices du réchauffement ?
«Il était temps d’organiser cette réunion de débriefing, d’autant qu’entre temps, un autre épisode de crue s’est manifesté le 13 mai...» a conclu Jean-Luc Loizon, tenant à ajouter aux services de l’État qu’«il ne faut surtout pas croire que les éleveurs ont été négligents à quelque moment que ce soit. A aucun moment, ils n’ont laissé volontairement leurs animaux dans l’eau. La crue que nous avons connue a eu une propagation différente aux précédentes, et beaucoup plus violente. Nous touchons peut-être du doigt le changement climatique. Il faudra être encore plus vigilant les prochaines fois».

Rappel des agriculteurs référents

L’équipe  «Agri-vigilance-inondations-Saône» est constituée de huit binômes répartis dans différents secteurs : Yves Asdrubal et Christophe Durafort (Pontailler-sur-Saône), Jean-Pierre Voillard et Daniel Mery (Auxonne), Patrick Catinot et Étienne Briot (Saint-Jean-de-Losne), Florian Jacquet et Cyrille Fèvre (Biètre), Fabrice Faivre et Samuel Maréchal (Ouche), Emmanuel Bonnardot et Sébastien Noize (Seurre), Aurélien Viellard et Cyril Fleury (sud du département). Nicolas Michaud et Jean-Luc Loizon seront chargés de recueillir les informations émanant du terrain.