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Politique agricole commune

Le plateau n’avait pas besoin de ça

Un agriculteur du canton d’Aignay-le-Duc évoque les conséquences de la Pac dans son secteur.
Par Aurélien Genest
Le plateau n’avait pas besoin de ça
Bernard Ehret s’inquiète pour les productions végétales.
Le Nord du département va une nouvelle fois trinquer. Territoire à faibles potentiels, peu épargné par les aléas climatiques ces dernières années, le plateau côte d’orien va être impacté par la prochaine réforme de la Pac. «La zone est déjà dans le rouge et s’en serait bien passée. Je viens de m’entretenir avec ma banque : dans le secteur d’Aignay, Baigneux et Recey, c’est déjà très compliqué avec les conséquences de l’année écoulée» indique Bernard Ehret, agriculteur à Duesme dans le canton d’Aignay-le-Duc. Pour le délégué cantonal Fdsea, la Pac aura des impacts «plus ou moins importants» selon les exploitations : «si les systèmes mixtes devraient à peu près s’en sortir, avec finalement peu de changements à la clé, ce ne sera pas le cas des laitiers spécialisés et encore moins des céréaliers qui connaîtront une baisse parfois considérable de soutiens. Dans les autres systèmes, la casse sera limitée par l’élevage. L’ICHN et la PHAE seront associées et devraient pouvoir compenser. Des droits à prime supplémentaires pourront être obtenus dans certains cas». Bernard Ehret s’inquiète d’autant plus que les marges de manœuvre des productions végétales deviennent «plus que réduites» : «je pense notamment aux charges opérationnelles : que l’on soit dans un secteur à 40q/ha ou 80q/ha de potentiel, leur montant est le même et je ne vois plus comment faire pour les diminuer».

Arnaud Guilleman, Chamesson

Arnaud Guilleman habite Chamesson dans le canton de Châtillon-sur-Seine. Cet agriculteur de 27 ans est installé sur 90 hectares de grandes cultures et ne cache pas son inquiétude : «Les exploitants ont toujours dû s’adapter mais là, ça commence à faire beaucoup. Les règles du jeu ont été définies une fois que les cartes étaient distribuées... Des exemples : je m’étais renseigné en septembre pour savoir si je pouvais me contenter d’implanter seulement deux cultures. On m’avait dit oui. Aujourd’hui, j’apprends qu’un minimum de trois cultures est exigé pour ne pas être impacté sur le verdissement.... Les modalités des SIE, les surfaces d’intérêt écologique, ont considérablement évolué. Je n’avais pas prévu de faire une culture de printemps cette année. Si je ne veux pas perdre mon verdissement, il va falloir retourner des champs. Cela ne concerne pas une grande surface mais j’ai déjà investi avec le semis et le désherbage. Je ne peux pas mettre de luzerne à cause de la rémanence des produits, je suis donc limité en choix. Pour ne rien arranger, la directive nitrates arrive dans le même temps et nous serons de plus en plus restreints sur les doses d’engrais. Il y a déjà des périmètres en zones de captage où seuls 50 unités d’azote sont autorisés. Je ne sais pas ce que l’on va produire avec ça, surtout dans le Châtillonnais qui a déjà de faibles potentiels. Et je ne parle même pas du parc national qui nous tombe dessus....».