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Énergies renouvelables

Le photovoltaïque, c’était mieux avant

L’énergie solaire, c’était la mode. Entre 2002 et 2010, le développement de sites de panneaux photovoltaïque a évolué de façon exponentielle, d’autant que ce secteur était soutenu par l’État. Maintenant que l’engouement est passé, que reste-t-il des panneaux installés ?
Par Jean-Baptiste Auduc
Le photovoltaïque,  c’était mieux avant
Deux bâtiments de M. Rousseau sont recouverts de panneaux. Son assurance lui interdit de mettre de la paille sous ces toitures.
Nous sommes en 2011. A cette époque, Christophe Rousseau s’installe sur son exploitation. Aujourd’hui, il ne regrette pas d’avoir installé 1000 m2 de panneaux. Pour lui, le revenu des ventes d’électricité sont conséquents, «et sans rien faire» précise l’agriculteur. «C’est de l’ordre de 45 000 euros par an, pour un coût d’installation du bâtiment (dans son ensemble) de 600 000 euros» poursuit-il. Et ce malgré les prix d’achat très inégaux sur la dernière décennie. Les prix de ventes de l’électricité produite par des particuliers sont gérés par arrêté depuis 2002. Et ils ont fait une montée spectaculaire entre 2002 et 2006. Pour motiver l’installation de panneaux photovoltaïque, des tarifs très avantageux étaient proposés. On passe alors de 15 centimes du kWh (le kilo Watt/heure permet de fixer les prix de vente pour l’énergie solaire) à 60 centimes du kWh en 2006
Christophe Rousseau est plutôt satisfait. L’entretien ne lui coûte que 2 000 euros environ, essentiellement pour nettoyer chaque année ses panneaux. Ses cellules photovoltaïques ont été installées à la bonne période. «Mon contrat court sur 20 ans, et jusque là, le prix de 60 centimes kWh ne bouge pas. Il a même tendance à suivre le coût de la vie» explique-t-il.
En effet, en 2010, les premiers signes négatifs du gouvernement arrivent. Par peur d’une bulle spéculative sur l’énergie solaire, le gouvernement baisse les tarifs par arrêté. De 60 centimes par kw/h en 2010, l’État décide de descendre à 30 centimes aujourd’hui pour les grosses structures. De plus, il gèle le marché du photovoltaïque en France en bloquant les projets en cours. Aujourd’hui, la donne a changé et le marché est atone.

Les fermes photovoltaïques
Le nouveau pari sur l’avenir (du gouvernement) ne se situe pas à l’échelle d’une exploitation. Dans l’Yonne, une autre terre agricole a profité du photovoltaïque. A Massangis près d’Avallon, de grandes bandes noires étalées au milieu de la forêt peuvent paraître hostile. Mais la commune semble heureuse d’accueillir près de
700 000 panneaux solaires installés par EDF Energies Nouvelles. Ici, l’investissement est colossal : 150 millions d’euros ont été investi pour le projet. Le maire, Xavier Courtois, explique très vite qu’une convention garanti un prix de vente à 32 centimes. Il se dit très heureux d’avoir EDF sur les terres de son village : «la recette fiscale de la commune est désormais de 400 000 euros. Sans EDF, elle était de 100 000 euros». «On n’est pas dépendant des aides de l’État» ajoute Xavier Courtois. Dans le contexte des baisses de dotations de l’État, l’idée fait son chemin.

L’énorme structure de Massangis était à son ouverture la 4ème en France. L’État français s’est inspiré de l’exemple de Massangis et cherche maintenant à développer cette ressource, notamment sur des terrains dégradés comme les terrains en friches. Un nouvel appel d’offre a été déposé cet été pour créer de très grosses fermes solaires. «La France va accueillir la conférence sur le climat, elle doit donc être exemplaire» déclarait à cette occasion François Hollande.
Les énergies renouvelables ont-elles un rôle à jouer dans la crise de l’agriculture ? «On ne peut pas mettre des panneaux ou des éoliennes partout. Mais cela pourrait aider les professions agricoles qui détiennent beaucoup de foncier» évoque Xavier Courtois, lui-même agriculteur. Une partie de la solution, en somme. D’autant que le maire de Massangis n’en a pas fini avec les énergies renouvelables. Xavier Courtois évoque d’autres projets, et l’installation d’autres sources d’énergie renouvelable. Un parc de quatre éoliennes devrait être installé sur le territoire de sa commune. Et neuf autres sont en cours d’études, toujours par EDF.