Annonay
Le parchemin, un produit de luxe made in Ardèche
Héritier d’un savoir-faire tant historique que familial, Frédéric Dumas fait vivre la parcheminerie Dumas, créée par son grand-père en 1926.
Alors que s’achèvent les Journées européennes des métiers d’art,
rencontre avec ce passionné.
Alors que s’achèvent les Journées européennes des métiers d’art,
rencontre avec ce passionné.

Un savoir-faire, un héritage, une passion... Pour Frédéric Dumas, la parcheminerie est même un art de vivre. En 1986, après des études à l’Institut du cuir de Lyon, il prend les rênes de l’entreprise Marcel Dumas, du nom de son grand-père et fondateur de la société en 1926. Le métier et ses débouchés, entre temps, ont bien évolué. Le parchemin est aujourd’hui utilisé dans la gainerie, l’enluminure, la reliure, la calligraphie, la décoration ou encore la fabrication d’instruments de musique avec entre autres les percussions.
Matière première : un choix crucial
Frédéric Dumas transforme la peau d’animal en une matière noble. Ce dernier s’approvisionne auprès de différentes sources. «Je travaille essentiellement avec cinq collecteurs d’un peu partout en France (Pays de la Loire, Charente, Gard, Poitou-Charentes), indique l’intéressé. Ces derniers collectent la peau brute auprès de petits abattoirs, et l’expédient ensuite, séchée ou salée pour sa conservation. Un professionnel de Nîmes récupère par exemple les peaux de l’abattoir d’Annonay une fois par semaine». Ce jour-là, notre parcheminier vient d’ailleurs de réceptionner quatre peaux de chevaux, autant de vaches, et une quarantaine de peaux de chèvres. «Je passe mes commandes en fonction de l’article que mes clients souhaitent réaliser. La peau détermine une couleur, une épaisseur, une malléabilité, une opacité... Si je travaille majoritairement avec de la peau de chèvre, d’agneau et de chevreau, j’ai aussi régulièrement recours à celle de taureau, de vache et de veau, mais aussi de lapin, de bison et même de kangourou !» Aussi, l’aspect du parchemin sera différent selon le profil de la peau. Du mouton noir au mouton blanc, le rendu est bien différent. Et comme Frédéric Dumas aime à le répéter, «c’est la peau qui commande».
De la peau à l’objet
Une fois réceptionnée, la peau est traitée en «salle de rivière». Elle est baignée dans de grands bacs contenant un mélange d’eau et de chaux, facilitant le retrait des poils. De petites mains, mais pour autant avec poigne, se chargent de l’opération, avant de mettre les peaux au rinçage. Vient ensuite l’étape du cadrage qui consiste à étirer et tendre la peau sur un cadre qui restera une nuit dans le séchoir automatique. Le parcheminier emploie actuellement six salariés. Les opérations qu’ils effectuent sont physiques, mais moins cependant que celles opérées par les anciens. «Jusqu’à un temps récent, nous utilisions une technique de cadrage issue du Moyen Âge au moyen d’un cadre à bois sur lequel était fixée la peau étirée à l’aide de pinces et de ficelles», raconte Frédéric Dumas.
Une fois séchée, plus de peau brute, mais du parchemin ! Poncer, teinter, affiner... Une fois le travail terminé, le parchemin est expédié pour ses différents usages. «Certaines pièces habilleront et donneront leur son aux tambours, d’autres serviront à confectionner des abat-jours ou se retrouveront sur des pans de murs», explique-t-il.
Le parchemin est réputé pour être un produit noble et authentique. Et si son père, André, fournissait autrefois les tambours de la Garde républicaine, Frédéric, lui, prépare une commande pour embellir les bureaux de l’Élysée !
Un musée sur l’histoire de la tannerie
Adossé à l’usine, l’Espace musée du parchemin et du cuir a été fondé en 2010 par Frédéric et son épouse Josiane. Il propose un voyage culturel autour du métier de parcheminier mais aussi des métiers de la tannerie et permet de découvrir le dernier séchoir à peaux d’Annonay. Des objets uniques, divers articles en cuir, en os, laine ou poils et autres matières animales y sont exposés. Les étapes de fabrication et les usages du parchemin y sont également retracés. Par ailleurs, des cours d’initiation à la calligraphie, avec une approche rare de l’écriture sur parchemin, sont proposés par Josiane Dumas. Un lieu vivant, intriguant et surprenant, comme surgi d’un autre temps.
Matière première : un choix crucial
Frédéric Dumas transforme la peau d’animal en une matière noble. Ce dernier s’approvisionne auprès de différentes sources. «Je travaille essentiellement avec cinq collecteurs d’un peu partout en France (Pays de la Loire, Charente, Gard, Poitou-Charentes), indique l’intéressé. Ces derniers collectent la peau brute auprès de petits abattoirs, et l’expédient ensuite, séchée ou salée pour sa conservation. Un professionnel de Nîmes récupère par exemple les peaux de l’abattoir d’Annonay une fois par semaine». Ce jour-là, notre parcheminier vient d’ailleurs de réceptionner quatre peaux de chevaux, autant de vaches, et une quarantaine de peaux de chèvres. «Je passe mes commandes en fonction de l’article que mes clients souhaitent réaliser. La peau détermine une couleur, une épaisseur, une malléabilité, une opacité... Si je travaille majoritairement avec de la peau de chèvre, d’agneau et de chevreau, j’ai aussi régulièrement recours à celle de taureau, de vache et de veau, mais aussi de lapin, de bison et même de kangourou !» Aussi, l’aspect du parchemin sera différent selon le profil de la peau. Du mouton noir au mouton blanc, le rendu est bien différent. Et comme Frédéric Dumas aime à le répéter, «c’est la peau qui commande».
De la peau à l’objet
Une fois réceptionnée, la peau est traitée en «salle de rivière». Elle est baignée dans de grands bacs contenant un mélange d’eau et de chaux, facilitant le retrait des poils. De petites mains, mais pour autant avec poigne, se chargent de l’opération, avant de mettre les peaux au rinçage. Vient ensuite l’étape du cadrage qui consiste à étirer et tendre la peau sur un cadre qui restera une nuit dans le séchoir automatique. Le parcheminier emploie actuellement six salariés. Les opérations qu’ils effectuent sont physiques, mais moins cependant que celles opérées par les anciens. «Jusqu’à un temps récent, nous utilisions une technique de cadrage issue du Moyen Âge au moyen d’un cadre à bois sur lequel était fixée la peau étirée à l’aide de pinces et de ficelles», raconte Frédéric Dumas.
Une fois séchée, plus de peau brute, mais du parchemin ! Poncer, teinter, affiner... Une fois le travail terminé, le parchemin est expédié pour ses différents usages. «Certaines pièces habilleront et donneront leur son aux tambours, d’autres serviront à confectionner des abat-jours ou se retrouveront sur des pans de murs», explique-t-il.
Le parchemin est réputé pour être un produit noble et authentique. Et si son père, André, fournissait autrefois les tambours de la Garde républicaine, Frédéric, lui, prépare une commande pour embellir les bureaux de l’Élysée !
Un musée sur l’histoire de la tannerie
Adossé à l’usine, l’Espace musée du parchemin et du cuir a été fondé en 2010 par Frédéric et son épouse Josiane. Il propose un voyage culturel autour du métier de parcheminier mais aussi des métiers de la tannerie et permet de découvrir le dernier séchoir à peaux d’Annonay. Des objets uniques, divers articles en cuir, en os, laine ou poils et autres matières animales y sont exposés. Les étapes de fabrication et les usages du parchemin y sont également retracés. Par ailleurs, des cours d’initiation à la calligraphie, avec une approche rare de l’écriture sur parchemin, sont proposés par Josiane Dumas. Un lieu vivant, intriguant et surprenant, comme surgi d’un autre temps.
Histoire
Annonay, fleuron du cuir !
Une tannerie et une parcheminerie sont encore aujourd’hui en activité à Annonay, héritières d’un glorieux passé industriel lié au cuir.
S’il ne reste plus qu’une seule tannerie aujourd’hui à Annonay, propriété du groupe français Hermès, la ville a longtemps été un haut lieu du parchemin et du cuir. Les premières traces d’un parcheminier remonteraient même à l’an 400 !
Dès le Moyen Âge, la ville voit fleurir ses premières industries, attirées par une situation géographique propice, au carrefour de plusieurs territoires. Autre attrait moins connu aujourd’hui : la qualité des eaux de ses rivières, siliceuses, réputées depuis toujours par leur capacité de blanchiment. Un réel atout pour le travail du cuir. Par ailleurs, les artisans annonéens étaient la plupart du temps aussi des éleveurs, qui tannaient eux-mêmes la peau de leurs bêtes. Au fil du temps, les premiers ateliers se créent, accouchant bientôt de la tannerie dans son acception moderne.
Le premier acte qui fait mention du travail des peaux à Annonay remonterait à 1247. Mais ce n’est qu’au 16e siècle que l’activité se spécialise : le tanneur prépare les grosses peaux quand de son côté, le blancher, ancêtre du mégissier, travaille les peaux blanches. Des deux activités, la mégisserie prendra son essor la première et trouve des débouchés dans la ganterie grenobloise auprès de la bourgeoisie. En 1950, on compte une centaine de mégisseries qui, outre le marché français, exportent également vers l’Allemagne et l’Angleterre. La tannerie ne connaîtra son âge d’or qu’au 19e siècle, une apogée qui se poursuit tout au long du 20e, parallèlement au déclin de la mégisserie. Annonay est alors connue dans la France entière pour son savoir-faire en matière de tannerie.
Le quartier annonéen de Cance garde le témoignage de ces industries. Les bords de la rivière gardent encore les vestiges des dernières tanneries de la ville. Sur les toits de certains bâtiments, on peut encore observer les séchoirs à peaux de cette époque.
Une tannerie et une parcheminerie sont encore aujourd’hui en activité à Annonay, héritières d’un glorieux passé industriel lié au cuir.
S’il ne reste plus qu’une seule tannerie aujourd’hui à Annonay, propriété du groupe français Hermès, la ville a longtemps été un haut lieu du parchemin et du cuir. Les premières traces d’un parcheminier remonteraient même à l’an 400 !
Dès le Moyen Âge, la ville voit fleurir ses premières industries, attirées par une situation géographique propice, au carrefour de plusieurs territoires. Autre attrait moins connu aujourd’hui : la qualité des eaux de ses rivières, siliceuses, réputées depuis toujours par leur capacité de blanchiment. Un réel atout pour le travail du cuir. Par ailleurs, les artisans annonéens étaient la plupart du temps aussi des éleveurs, qui tannaient eux-mêmes la peau de leurs bêtes. Au fil du temps, les premiers ateliers se créent, accouchant bientôt de la tannerie dans son acception moderne.
Le premier acte qui fait mention du travail des peaux à Annonay remonterait à 1247. Mais ce n’est qu’au 16e siècle que l’activité se spécialise : le tanneur prépare les grosses peaux quand de son côté, le blancher, ancêtre du mégissier, travaille les peaux blanches. Des deux activités, la mégisserie prendra son essor la première et trouve des débouchés dans la ganterie grenobloise auprès de la bourgeoisie. En 1950, on compte une centaine de mégisseries qui, outre le marché français, exportent également vers l’Allemagne et l’Angleterre. La tannerie ne connaîtra son âge d’or qu’au 19e siècle, une apogée qui se poursuit tout au long du 20e, parallèlement au déclin de la mégisserie. Annonay est alors connue dans la France entière pour son savoir-faire en matière de tannerie.
Le quartier annonéen de Cance garde le témoignage de ces industries. Les bords de la rivière gardent encore les vestiges des dernières tanneries de la ville. Sur les toits de certains bâtiments, on peut encore observer les séchoirs à peaux de cette époque.