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Groupama PVL

Le monde et la géopolitique au menu des «Rencontres Groupama»

Rendez-vous annuel d’information et d’échanges organisé par la Fédération Départementale des Caisses Locales, les «Rencontres Groupama», avaient pour invité cette année le politologue et géopoliticien Dominique Moïsi. La soirée aura aussi été l’occasion de dresser un bilan chiffré de la sinistralité climatique 2016.
Par Dominique Bernerd
Le monde et la géopolitique au menu des «Rencontres Groupama»
Le politologue et géopoliticien Dominique Moïsi
Si le portefeuille agricole ne représente plus aujourd’hui que 25% de l’activité de l’assureur mutualiste Groupama, l’addition pour la Caisse régionale Paris Val de Loire n’en est pas moins conséquente, avec 160 millions € d’indemnités versées au titre de la sinistralité climatique 2016. Près du tiers de la globalité des sommes versées au niveau national, rappelle Jean-Christophe Remaud, Directeur général adjoint : «pour un chiffre de 30 millions € de cotisations annuelles, ce qui signifie que l’année dernière, nous avons indemnisé l’équivalent de cinq années de cotisations». Preuve à la fois de l’ampleur du phénomène et de la solidité financière du groupe, reposant notamment sur un triple système de réassurance : un socle de mutualisation entre les caisses régionales, un second socle au niveau de Groupama SA, complété, en cas de sinistres sans précédents comme l’an passé, par des réassureurs internationaux. Pour le seul département de l’Yonne, 38 millions € d’indemnités ont été versées en 2016, la totalité des sinistres climatiques liés aux Grandes cultures étant versée au 15 octobre, pour un global de 1 100 dossiers déclarés. Les différents épisodes de gel, grêle et inondations enregistrés l’an dernier ont eu pour effet d’inciter les exploitants icaunais à s’assurer davantage et le nombre de sociétaires a augmenté depuis, de près de 7%, souligne Philippe Renoux, Président de la Fédération Départementale des Caisses Locales. Une décision que n’ont sans doute pas eu à regretter les viticulteurs et céréaliers touchés par les récents épisodes de gels ayant frappé le département, notamment en chablisien et dans l’auxerrois. À l’image de ce témoignage entendu au cours d’un film diffusé en cours de soirée, retraçant les différents sinistres de l’an passé : «je m’en sors comme un malade chez son médecin, alors que certains sont à l’hôpital, en réanimation…» Pour l’heure, suite au gel du mois dernier, près de 400 dossiers ont été déposés par les sociétaires, dont une quarantaine en viticulture.  L’enveloppe provisionnée à cet effet pour l’ensemble du département de l’Yonne, atteignant les deux millions €.

Un nouveau déséquilibre mondial
L’invité de la soirée était le politologue et géopoliticien Dominique Moïsi, avec pour thème «Le nouveau déséquilibre mondial» et les enjeux auxquels la planète est aujourd’hui confrontée ? Un mouvement de plaques tectoniques sans précédent au niveau géopolitique, explique l’éditorialiste aux Echos, «avec pour la première fois depuis trois siècles, un monde occidental qui n’a plus le monopole de la puissance militaire ou économique, ni celui des modèles politiques». Une révolution qui s’explique notamment par ces statistiques : «au début du 18e siècle, la seule Europe représentait 20% de la population mondiale, contre guère plus de 10% aujourd’hui, pour l’ensemble du monde occidental». Avec notamment un continent africain passant entre 1950 et 2050, de 150 millions d’habitants à plus de deux milliards en un siècle, ou l’espérance de vie en Chine, augmentée de 36 années en un demi-siècle. Qui sont les nouveaux piliers de la puissance mondiale, suite à l’accélération de l’histoire enregistrée ces derniers mois, «avec aux États-Unis, l’élection d’un candidat improbable, qui se révèle imprévisible ?» Dominique Moïsi est revenu notamment sur l’importance d’une région comme le Moyen Orient et au fait que le mode arabo musulman, «était dominé par une culture d’humiliation qui introduit en son sein des éléments de déstabilisation toujours plus grands, née du sentiment que cette partie du monde n’est plus en contrôle de son destin». Autre puissance se considérant humiliée, la Russie, «mais comprendre les Russes, ne veut pas dire accepter ce qu’ils font. Il est essentiel de fixer des limites à Poutine, dans un dialogue ouvert mais ferme, il en va de notre responsabilité». Pour Dominique Moïsi, les récents résultats électoraux, que ce soit en France, aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne avec le Brexit, ont les mêmes origines: «la peur, la colère et la nostalgie…» Un tryptique de sentiments, «qui explique le résultat des élections présidentielles en France et le fait que plus de 10 millions de nos concitoyens aient voté pour le Front National».