Une annulation, une manif et un rendez-vous parisien plus tard...
Le ministre «à l’écoute», mais les professionnels restent sur la réserve
La colère le disputait à la déception après l’annonce de l’annulation de la visite du ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, prévue le 10 août dernier dans le Châtillonnais. Le rattrapage in extremis avec un rendez-vous parisien organisé dans l’urgence et soutenu par une manif d’envergure à Montbard, a permis de remettre à l’heure côte d’orienne les pendules du ministère. Journal de bord.

Tout avait très mal commencé avec l’annonce de l’annulation de la visite du ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, prévue le
10 août à Etormay, sur une exploitation céréalière du Châtillonnais. Un ministre qui était attendu de pied ferme par des agriculteurs et leurs représentants et qui suscitait beaucoup d’espoirs. Une annulation plus tard, la colère succédait rapidement à la déception, les JA et la FDSEA s’engageant à ne pas en rester là et «à passer à l’action» sans tarder. Pour Xavier Lévêque, président des Jeunes agriculteurs, «c’était une question de crédibilité», alors que Jacques de Loisy y voyait là, une fois encore, une occasion manquée de «faire reconnaître les spécificités de nos zones et de trouver des solutions à moyen terme», indispensables au redressement d’exploitations fortement impactées économiquement par plusieurs années de mauvaises récoltes sur fond d’incidents climatiques à répétition.
Tandis que la manifestation à Montbard devant la sous-préfecture s’organisait, le ministre Stéphane Travert acceptait le rendez-vous fermement sollicité par les représentants professionnels au ministère de l’Agriculture. «Si tu ne vas pas à Lagardère... Lagardère viendra à toi...». Ce fut chose faite le 10 août et une délégation d’une dizaine de personnes représentant le monde agricole dans son ensemble (FDSEA, JA, APPV, Confédération paysanne et Coordination rurale) ont pendant plusieurs heures défendu le dossier - et l’avenir- «de nos zones à faible potentiel agronomique». Le ministre semble avoir «entendu» le message. Ce n’est pas faute en tout cas d’avoir maintes fois répété sur tous les tons qu’il fallait que la Pac de 2020 corrige les erreurs du passé en réservant un traitement spécifique à ces zones particulièrement difficiles, mais jamais reconnues comme telles et donc pas aidées en conséquence. Il s’en suit une inégalité de traitement source d’iniquité, ce qui, dans les difficiles conditions actuelles, hypothèque gravement l’avenir des exploitations et la pérennité de l’activité agricole sur ces territoires menacés par la désertification rurale.
Dans un communiqué, les représentants de Côte d’Or expliquent avoir «défendu la possibilité d’un soutien sur le premier pilier comme zone à contrainte spécifique» afin d’avoir «des aides au moins équivalentes à la moyenne française». Bien que le ministre de l’Agriculture n’ait pas pris d’engagements à court terme, sous forme notamment d’aides à la trésorerie, le ministre s’est engagé à venir en Côte d’Or en septembre. Il a également proposé d’intervenir auprès des banques, selon le communiqué «pour qu’elles soutiennent les agriculteurs en attente des aides promises et dues» ; enfin, il confirme «que le plan d’investissement d’un milliard d’euros sur cinq ans pourra être fléché pour profiter plus particulièrement aux zones qui en ont le plus besoin» et, éventuellement, sur des investissements nécessaires aux productions végétales. Le communiqué souligne que Stéphane Travert «s’engage personnellement pour des solutions pragmatiques concernant la gestion des produits phytosanitaires et la nécessité de disposer de produits de substitution efficaces avant toute nouvelle interdiction».
«Déçus par l’absence de solutions à court terme» permettant de soulager dans l’immédiat les exploitations en grande difficulté, les représentants professionnels veulent croire cependant en la sincérité du ministre. Un ministre qui les a encouragés à se tourner vers la Région -gestionnaire du 2ème pilier- afin qu’elle situe «les aides pour l’agriculture biologique à la hauteur des résultats qu’elle espère».
Forte mobilisation à Montbard
Les producteurs céréaliers de Haute-Côte d’Or ont convergé en masse vers la sous-préfecture de Montbard, pour une manifestation pacifique mais hautement symbolique du ras-le-bol ambiant. Tous refusent de faire les frais d’une méconnaissance des difficultés réelles des zones à faibles potentiels, plus exposées que d’autre à l’évolution climatique et contraintes par des conditions pédo-climatiques défavorables. Il y a urgence sur ces territoires, le bilan de la dernière moisson traduit clairement la fragilité de ces territoires et leur difficulté à maintenir un potentiel de récolte qui assure la pérennité des systèmes. Après l’annonce de l’annulation de la visite ministérielle, le mécontentement était palpable : “On nous met une fois encore sous le tapis”. En trois ans les rendements se sont trouvés amputés de 40%, “il y a urgence, cela fait quinze ans que cela dure, on en a marre”. En dépit de la détresse qui s’exprimait là, la manifestation est restée pacifique et digne mais l’ampleur du mouvement sonne comme une mise en garde à destination du ministère de l’Agriculture.
10 août à Etormay, sur une exploitation céréalière du Châtillonnais. Un ministre qui était attendu de pied ferme par des agriculteurs et leurs représentants et qui suscitait beaucoup d’espoirs. Une annulation plus tard, la colère succédait rapidement à la déception, les JA et la FDSEA s’engageant à ne pas en rester là et «à passer à l’action» sans tarder. Pour Xavier Lévêque, président des Jeunes agriculteurs, «c’était une question de crédibilité», alors que Jacques de Loisy y voyait là, une fois encore, une occasion manquée de «faire reconnaître les spécificités de nos zones et de trouver des solutions à moyen terme», indispensables au redressement d’exploitations fortement impactées économiquement par plusieurs années de mauvaises récoltes sur fond d’incidents climatiques à répétition.
Tandis que la manifestation à Montbard devant la sous-préfecture s’organisait, le ministre Stéphane Travert acceptait le rendez-vous fermement sollicité par les représentants professionnels au ministère de l’Agriculture. «Si tu ne vas pas à Lagardère... Lagardère viendra à toi...». Ce fut chose faite le 10 août et une délégation d’une dizaine de personnes représentant le monde agricole dans son ensemble (FDSEA, JA, APPV, Confédération paysanne et Coordination rurale) ont pendant plusieurs heures défendu le dossier - et l’avenir- «de nos zones à faible potentiel agronomique». Le ministre semble avoir «entendu» le message. Ce n’est pas faute en tout cas d’avoir maintes fois répété sur tous les tons qu’il fallait que la Pac de 2020 corrige les erreurs du passé en réservant un traitement spécifique à ces zones particulièrement difficiles, mais jamais reconnues comme telles et donc pas aidées en conséquence. Il s’en suit une inégalité de traitement source d’iniquité, ce qui, dans les difficiles conditions actuelles, hypothèque gravement l’avenir des exploitations et la pérennité de l’activité agricole sur ces territoires menacés par la désertification rurale.
Dans un communiqué, les représentants de Côte d’Or expliquent avoir «défendu la possibilité d’un soutien sur le premier pilier comme zone à contrainte spécifique» afin d’avoir «des aides au moins équivalentes à la moyenne française». Bien que le ministre de l’Agriculture n’ait pas pris d’engagements à court terme, sous forme notamment d’aides à la trésorerie, le ministre s’est engagé à venir en Côte d’Or en septembre. Il a également proposé d’intervenir auprès des banques, selon le communiqué «pour qu’elles soutiennent les agriculteurs en attente des aides promises et dues» ; enfin, il confirme «que le plan d’investissement d’un milliard d’euros sur cinq ans pourra être fléché pour profiter plus particulièrement aux zones qui en ont le plus besoin» et, éventuellement, sur des investissements nécessaires aux productions végétales. Le communiqué souligne que Stéphane Travert «s’engage personnellement pour des solutions pragmatiques concernant la gestion des produits phytosanitaires et la nécessité de disposer de produits de substitution efficaces avant toute nouvelle interdiction».
«Déçus par l’absence de solutions à court terme» permettant de soulager dans l’immédiat les exploitations en grande difficulté, les représentants professionnels veulent croire cependant en la sincérité du ministre. Un ministre qui les a encouragés à se tourner vers la Région -gestionnaire du 2ème pilier- afin qu’elle situe «les aides pour l’agriculture biologique à la hauteur des résultats qu’elle espère».
Forte mobilisation à Montbard
Les producteurs céréaliers de Haute-Côte d’Or ont convergé en masse vers la sous-préfecture de Montbard, pour une manifestation pacifique mais hautement symbolique du ras-le-bol ambiant. Tous refusent de faire les frais d’une méconnaissance des difficultés réelles des zones à faibles potentiels, plus exposées que d’autre à l’évolution climatique et contraintes par des conditions pédo-climatiques défavorables. Il y a urgence sur ces territoires, le bilan de la dernière moisson traduit clairement la fragilité de ces territoires et leur difficulté à maintenir un potentiel de récolte qui assure la pérennité des systèmes. Après l’annonce de l’annulation de la visite ministérielle, le mécontentement était palpable : “On nous met une fois encore sous le tapis”. En trois ans les rendements se sont trouvés amputés de 40%, “il y a urgence, cela fait quinze ans que cela dure, on en a marre”. En dépit de la détresse qui s’exprimait là, la manifestation est restée pacifique et digne mais l’ampleur du mouvement sonne comme une mise en garde à destination du ministère de l’Agriculture.