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Cultures

«Le maïs est cramé»

Avec les fortes chaleurs de ce mois de juillet, et surtout le périlleux manque de précipitations, le maïs souffre. Les parcelles irriguées vont s’en sortir. Mais pour les éleveurs en polyculture, cela va être…coûteux.
Par Jean-Baptiste Auduc
«Le maïs est cramé»
Etienne Fèvre devrait pouvoir se cacher dans son champ de maïs, mais ils ne mesurent que 1m50.
Il marche dans son champ de maïs, dans la Cure, la nouvelle zone en crise sécheresse. Et il fait la grimace, en s’inquiétant pour ses 500 bêtes à nourrir. Etienne Fèvre sait que le maïs de ses parcelles ne suffira pas pour ses bêtes. La plante lui arrive à la taille et les pains sont inexistants. «Ils avaient super bien démarré au printemps, mais le maïs devrait faire 3m maintenant. On va devoir les couper avant que la chaleur ne les brûlent complètement» s’inquiète l’éleveur de taurillon. Ses 15ha de maïs vont servir de nourriture pour ses bêtes, mais ses rations seront de piètre qualité. Ses 1,5 ha de sorgho sucrier sont dans le même état que le maïs.
 Olivier Legrand, à Villeneuve-les-Genêts dans le Puisaye, développe une partie de ses parcelles en maïs pour nourrir ses bêtes. Son système de polyculture est dans la balance : «on a un peu de volume mais on se pose la question de la qualité…Cette année, tout va passer en ensilage». Un ensilage ici aussi de piètre qualité nutritive. Pour l’éleveur laitier, Hervé Biziot, «2014, a été une super année pour le maïs, donc on a encore un peu de fourrage d’avance. On avait fait 14 t sur l’exploitation en matière sèche. Mais  cette année, on ne va  pas atteindre plus de 6t» Etienne Fèvre et son frère Joël compte aussi sur ces réserves…qui ne seront évidemment pas suffisantes pour tout l’hiver.

Des prix sûrement à la hausse
Pas de solutions miracles : il va falloir acheter ce qui manque. Mais à quel prix ? Yves le Boulbin, qui s’occupe de la section fourrage à la Chambre d’agriculture de l’Yonne n’est pas très optimiste. «L’an dernier, la récolte était excellente. Le maïs partait à 120 euros la tonne. Il faut dire que les rendements avaient été deux fois plus élevés que la normale», décrypte l’ingénieur. Pour le moment on ne peut pas estimer le rendement, alors il s’aventure à déclarer : «on devrait se diriger vers des prix à la hausse, avec 150/160 euros/t». On reste bien sûr au conditionnel. Joël Comperat, de la société en négoce d’aliment du même nom, avance une estimation encore supérieure «autour de 185 euros/tonnes de granulé déshydraté»... Mais rien de définitif tant que l’on n’a pas dressé le bilan de la récolte... Etienne Fèvre, qui engraisse ne pourra en tout cas pas se passer de l’ensilage. «On a la chance de vendre des bêtes tout au long de l’année, donc on a de la trésorerie régulièrement», ce qui permettra de faire face à cette dépense supplémentaire. Mais pour les éleveurs laitiers, dans un contexte de prix bas, l’inquiétude est forte. «Avec un mauvais maïs, je ne sais pas comment ces producteurs vont pouvoir faire. Soit ils achètent des aliments, soit ils vendent des vaches» déplore Yves le Boulbin.
Marianne Ranque,  animatrice productions animales à la FDSEA de l’Yonne indique aussi qu’il «reste les plantations de méteil, qui permet un ensilage de printemps» et représente un bon palliatif. Pour les producteurs de maïs grain, le constat est différent. Arnaud Rondeau président de l’AGPM (Association Générale des Producteurs de Maïs) témoigne : «mon maïs irrigué supporte très bien la chaleur. Les parcelles non irriguées sont au même niveau que les autres, c’est-à-dire brûlées». Et là tout le monde se retrouve au même niveau, sécheresse et canicule ne font pas dans le détail.