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Syndical

Le «Made in France», bien plus qu’un slogan

Emmanuel Bernard, président de la section bovine FDSEA 58 revient sur les enjeux syndicaux en cours et à venir pour l’élevage allaitant.
Par Emmanuel Bernard
Le «Made in France», bien plus qu’un slogan
La FDSEA de la Nièvre tiendra cette année sa 70ème assemblée générale à Cosne Cours sur Loire (salle des fêtes de Cours) sur le thème: “Dynamisme et performance : Notre projet économique pour les agriculteurs Nivernais”. En présence de Xavier Beulin, pres
Le made in France, le slogan «viande de France» que l’on revendique depuis des mois représente bien plus qu’un slogan syndical. Le patriotisme alimentaire n’est autre que la meilleure façon de défendre le modèle agricole mis en place après guerre.

Cette construction de filières, de productions de qualité et surtout une gastronomie inscrite aujourd’hui au patrimoine  mondial n’a d’autre origine que des producteurs passionnés et respectant une rigueur et des valeurs transmises de générations en générations.
A l’occasion du Salon de l’agriculture la question du modèle agricole de demain fût l’objet de débats intenses entre éleveurs, politiques, journalistes et visiteurs (le bio, le raisonné, le durable, l’industriel...)

Lors de la rencontre avec la commission économique du Parlement, il a été pour nous important de replacer le projet de l’élevage français dans un contexte concurrentiel international. Le préalable des échanges était de faire un point sur une particularité du marché. Lorsque l’on importe des viandes en France «c’est pour du prix» et lorsque l’on propose nos produits à des pays étrangers européens ou autres, c’est la garantie du niveau qualitatif français que l’on propose.
Ce n’est pas anodin de préciser cela à des élus car dans ce modèle français, les normes sont européennes mais aussi franco-françaises.

Le principe de précaution, les 35 heures, le Grenelle de l’environnement et enfin la pénibilité du travail sont autant de lois que l’on ne retrouve pas ailleurs. Il est donc obligatoire de porter la réflexion de l’avenir de l’agriculture sur un niveau sociétal. Voulons-nous un modèle normatif de production ou mettons-nous des règles pour protéger le consommateur ?

Cette réponse est la base du projet à venir, elle passe par une évaluation des risques de toute nature. L’autonomie alimentaire doit être un enjeu, la réciprocité réglementaire des échanges, l’impact environnemental, le respect de règles sociales sont autant de sujets si importants au yeux du citoyen et des associations protectrices de tout en France et tellement tolérantes ailleurs.
Si l’on ne prends pas en compte ces aspects, la viande bovine doit venir d’Inde, le lait de Nouvelle Zélande, le porc d’Espagne. Mais aussi les fonctionnaires pourraient être recrutés dans des pays à bas coûts et je ne parle pas des responsables politiques qui peut-être ne serviraient plus à rien...

Ensuite, on peut faire de la France un musée dont l’entretien serait sous-traité car il n’est pas évident que l’on trouve une rentabilité à l’effectuer avec les coûts et les contraintes administratives nationales.

Nous défendons à l’inverse un projet permettant de maintenir un niveau d’exigences élevées pour le consommateur qui responsabilise le producteur ainsi que l’ensemble de la filière avec une traçabilité accrue, un étiquetage parfait et une transparence dans les approvisionnements. Nous défendons une ouverture des frontières et non un repli sur soi avec autant de rigueur en matière alimentaire que les exigences que l’on impose aux constructeurs automobiles (entre autre...)

Imaginez le scandale si l’on importait des voitures qui freinent moins bien que celles sorties des usines françaises !
Nous défendons une segmentation du marché qui laisse le choix au consommateur d’acheter le type de produit qu’il veut. Nous défendons la possibilité pour les producteurs de contractualiser avec des distributeurs en construisant un prix  prenant en compte des aspects qualitatifs de production.

Nous demandons donc aux responsables politiques de ce pays de s’opposer à l’accord de libre échange transatlantique, nous leur demandons de reprendre le chemin de Bruxelles afin de réellement maintenir une stratégie agricole basée sur le maintien d’une capacité de production, une protection contre le dumping de certains pays.

Enfin en France, nous demandons une révision de la loi de modernisation économique, qui permette de remettre les producteurs en capacité de négocier et un contrôle de la grande distribution en matière de positions dominantes.

Cette perspective est loin d’être partagée et sur le plan européen et en France car le débat est souvent trop réducteur entre bio et industriel ou «aide ou sans aide»  alors que les enjeux sont tellement différents pour la société Française. En d’autres temps, Sully aimait répéter : «labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France» ; aujourd’hui , le produit en France doit être le vecteur de l’économie et du développement de demain et nous continuerons à défendre cette idée simpliste mais ô combien importante pour notre territoire.