Cultures
Le lin, un choix pas anodin
Deux agriculteurs des cantons de Saint-Jean-de-Losne et Pouilly-en-Auxois évoquent leur diversification oléagineuse, à quelques heures de l’implantation.
Lin de printemps, c’est le moment. Rencontrés la semaine dernière, Étienne Briot et Dominique Maurage s’apprêtaient à semer ces jours-ci. Les deux exploitants en ont profité pour présenter cette culture encore peu répandue dans le département mais amenée à se développer rapidement. A Saint-Symphorien-sur-Saône, Étienne Briot entame sa cinquième campagne avec cet oléagineux. Le Côte d’orien de 33 ans a d’ailleurs été l’un des tout premiers à se lancer. «Armelle Dubois en faisait déjà à Varois-et-Chaignot et Bernard Darosey, à Gémeaux près d’Is-sur-Tille, avait certainement dû commencer en même temps que moi» se rappelle Étienne Briot, qui souhaitait arrêter le tournesol en raison des implantations difficiles, ses dégâts de corbeaux et ses rendements «trop aléatoires» à son goût. «Je cherchais une culture innovante, associée à des techniques culturales simplifiées. Le lin rentrait parfaitement dans ce cadre, d’autant qu’il exige beaucoup moins de produits phytosanitaires et d’engrais que d’autres cultures... Nous sommes en plein dans l’actualité !» relève le Côte d’orien, renseigné techniquement par Dijon Céréales, la Chambre d’agriculture et épaulé par Lin 2000, coopérative de sélection des variétés de lin, dans l’Oise.
Résultats encourageants
La première récolte d’Étienne Briot s’était terminée sur un rendement supérieur à 30q/ha. L’exploitant est d’autant plus satisfait que les blés qui suivent se distinguent avec des hausses de rendements de 5 à 10q/ha. «D’un point de vue agronomique, le lin est très intéressant. Ses racines structurent très bien le sol. Pour évaluer économiquement cette culture, il vaut mieux raisonner sur la globalité et sur plusieurs années. Dans tous les cas, la marge est intéressante» poursuit l’agriculteur, produisant uniquement des semences de lin pour le moment. Étienne Briot consacrera encore douze de ses hectares au lin de printemps cette année, il envisage trente hectares l’année suivante : «Aux côtés des producteurs, les organismes stockeurs souhaitent développer cette culture qui est facile à mener, contrairement à ce que l’on peut croire. Entre 100 et 120 unités d’azote suffisent et on peut faire une impasse en potasse et en phosphore. Les problèmes de récoltes connus dans les années 1990 sont révolus : il existe des régulateurs qui limitent la pousse des tiges et qui facilitent la fauche. Quand tout se déroule bien, je dépasse parfois les 10km/heure. Esthétiquement parlant, c’est une très belle culture qui passe très bien auprès du grand public, c’est un autre point non négligeable».
Une «opportunité» à saisir
Dominique Maurage, à Sainte-Sabine, semait du lin oléagineux de printemps pour la première fois il y a un an, suite à une proposition de Dijon Céréales. «Des surfaces étaient recherchées dans le secteur pour l’acquisition de références. Nous nous sommes lancés sur 8 ha et je vais recommencer cette année» relève l’agriculteur de 53 ans, faisant part de son souhait d’allonger sa traditionnelle rotation colza/blé/orge. Le Gaec de la Fontaine optait déjà pour la moutarde depuis une quinzaine d’années mais n’a pas refusé cette seconde option : «les choix de diversification sont limités dans notre secteur, qui est plutôt froid et tardif. Le lin apparaissait comme une opportunité à saisir. Cette année, nous conservons huit hectares en lin oléagineux de printemps et nous y ajoutons la même surface en lin d’hiver. Celui-ci a été semé le 17 septembre» note Dominique Maurage. L’agriculteur énumère les mêmes avantages culturaux, tout en montrant sa volonté de casser le cycle des mauvaises herbes: «les programmes herbicides sont de plus en plus chers dans le colza et les problématiques graminées restent importantes dans l’orge et le blé. Mener une culture de printemps ne pourra être que bénéfique». Si seulement 12q/ha ont été enregistrés l’an passé, la marge réalisée sur le lin restait supérieure à celles des céréales, particulièrement mauvaises en 2014.
Résultats encourageants
La première récolte d’Étienne Briot s’était terminée sur un rendement supérieur à 30q/ha. L’exploitant est d’autant plus satisfait que les blés qui suivent se distinguent avec des hausses de rendements de 5 à 10q/ha. «D’un point de vue agronomique, le lin est très intéressant. Ses racines structurent très bien le sol. Pour évaluer économiquement cette culture, il vaut mieux raisonner sur la globalité et sur plusieurs années. Dans tous les cas, la marge est intéressante» poursuit l’agriculteur, produisant uniquement des semences de lin pour le moment. Étienne Briot consacrera encore douze de ses hectares au lin de printemps cette année, il envisage trente hectares l’année suivante : «Aux côtés des producteurs, les organismes stockeurs souhaitent développer cette culture qui est facile à mener, contrairement à ce que l’on peut croire. Entre 100 et 120 unités d’azote suffisent et on peut faire une impasse en potasse et en phosphore. Les problèmes de récoltes connus dans les années 1990 sont révolus : il existe des régulateurs qui limitent la pousse des tiges et qui facilitent la fauche. Quand tout se déroule bien, je dépasse parfois les 10km/heure. Esthétiquement parlant, c’est une très belle culture qui passe très bien auprès du grand public, c’est un autre point non négligeable».
Une «opportunité» à saisir
Dominique Maurage, à Sainte-Sabine, semait du lin oléagineux de printemps pour la première fois il y a un an, suite à une proposition de Dijon Céréales. «Des surfaces étaient recherchées dans le secteur pour l’acquisition de références. Nous nous sommes lancés sur 8 ha et je vais recommencer cette année» relève l’agriculteur de 53 ans, faisant part de son souhait d’allonger sa traditionnelle rotation colza/blé/orge. Le Gaec de la Fontaine optait déjà pour la moutarde depuis une quinzaine d’années mais n’a pas refusé cette seconde option : «les choix de diversification sont limités dans notre secteur, qui est plutôt froid et tardif. Le lin apparaissait comme une opportunité à saisir. Cette année, nous conservons huit hectares en lin oléagineux de printemps et nous y ajoutons la même surface en lin d’hiver. Celui-ci a été semé le 17 septembre» note Dominique Maurage. L’agriculteur énumère les mêmes avantages culturaux, tout en montrant sa volonté de casser le cycle des mauvaises herbes: «les programmes herbicides sont de plus en plus chers dans le colza et les problématiques graminées restent importantes dans l’orge et le blé. Mener une culture de printemps ne pourra être que bénéfique». Si seulement 12q/ha ont été enregistrés l’an passé, la marge réalisée sur le lin restait supérieure à celles des céréales, particulièrement mauvaises en 2014.
Dijon Céréales prend position
«Une production de proximité, pour un besoin de proximité» : c’est le message que font passer Dijon Céréales et Damier Vert à propos de la culture du lin. Pour apporter des éléments concrets sur la conduite de cette culture, le service technique a mis en place des essais portant sur une dizaine de variétés de lin oléagineux. Ils ont été installés au sein de la plateforme annuelle à Poinçon. Dijon Céréales a engagé une démarche de développement de cette culture. Trois cent hectares de lin ont été implantés ou seront implantés prochainement par des adhérents de la coopérative dans le cadre de contrats de filière engagés avec la société Valorex (industriel), le groupement Oléolin (génétique, conduite culturale, commercialisation). L’association de promotion de la filière nutrition Oméga 3 Bleu-Blanc-Cœur accompagne également la démarche. Valorex a développé un procédé de traitement thermique par extrusion de la graine permettant d’incorporer le lin dans les rations. De printemps ou d’hiver, les atouts agronomiques de la plante sont également nombreux. En tant que tête de rotation, le lin de printemps facilite le désherbage des céréales et du colza (géraniums, crucifères...) en créant une rupture dans les rotations. Le lin oléagineux d’hiver est adapté aux implantations sans labour. Il réduit les risques d’érosion en couvrant le sol dès l’automne et limite l’impact de la sécheresse en fin de printemps. En finissant son cycle tôt, le lin est aussi peu sensible aux aléas climatiques : coups de chaud et conditions de stress hydrique de juin et juillet. La culture ne nécessite pas de matériel spécifique et améliore la répartition des temps de travaux sur l’exploitation. Le rendement peut atteindre 25 à 30 q/ha en très bonnes terres. Les atouts agronomiques, alimentaires et environnementaux du lin oléagineux en font donc une culture de diversification très intéressante.