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Céréales

Le gel a fragilisé les cultures

Les épisodes de froid tardif ont fragilisé les cultures céréalières sur certaines parcelles, même s’il est encore trop tôt pour évaluer précisément les dégâts.
Par Céline Clément
Le gel a fragilisé les cultures
Les feuilles ont jauni sur certains plants de maïs.
Ce sont les zones les plus exposées qui ont le plus souffert du froid, même si globalement la Nièvre est moins touchée que d’autres départements limitrophes. Les 27, 28 et 29 avril ont été les jours les plus froids avec des pics allant jusqu’à -8° par endroits et un vent qui a fait baisser les températures ressenties. Sur les orges d’hiver, on recense deux types d’accidents climatiques : un gel d’épi avec des épis blancs atrophiés limités aux bords de parcelles, bords de cours d’eau, fonds de vallée et  zones exposées au nord. Entre 10 et 40% des épis seraient touchés sur certains secteurs. Deuxième type d’accident : les problèmes de fécondation lié au froid. Il faudra pour évaluer les dégâts attendre un mois pour voir s’il y a des graines dans les enveloppes. Ce sont les orges qui étaient au stade sensible (meïose pollinique) qui ont davantage souffert des coups de froid.
Sur les blés, les dégâts sont limités à certaines zones de parcelles et difficiles à évaluer pour l’instant. Le colza avait déjà été impacté avec des problèmes de floraison, «le gel a aggravé la situation sur certains secteurs où les boutons ont gelé», signale Mickaël Geloen, technicien grandes cultures à la Chambre d’agriculture de la  Nièvre.
Concernant les cultures de printemps, celles-ci végètent depuis trois semaines. Le maïs qui était au stade une ou deux feuilles, a souffert du gel. Pour certains, les plantes ont pris le froid, jauni et repartent maintenant. Pour d’autres, le vent a brûlé les feuilles par endroits et a perturbé le développement de la plante. De nouveaux semis ont été faits dans les zones les plus touchées. Les graines et pieds encore en terre ont moins souffert du froid et sont seulement limités dans leur développement. Enfin, le tournesol a bien résisté même s’il était un peu plaqué au sol après les coups de froid. Les pois d’hiver, encore en début de floraison, n’ont pas été trop impactés.

Paroles d'agriculteurs

«On a perdu du potentiel»
Dans le Val de Loire, François Dulong ne constate pas de dégâts sur l’orge mais est plus inquiet pour le blé. «Il faut que l’on attende que l’épi sorte pour voir s’il y a des dégâts ou pas», précise l’agriculteur, qui cultive 110 ha de céréales dont la moitié en maïs. Sur ses maïs, les feuilles ont gelé par endroits mais il constate peu de perte de pieds. «On a dû irriguer nos cultures autour du 15 avril et la pluie nous a heureusement sauvé la vie. On a des blés qui ont redémarré normalement et on a peut-être rattrapé le retard. Mais il est certain que le froid, le manque d’eau nous ont pénalisé. On a perdu du potentiel mais on attend l’épiaison pour chiffrer cela.»

Difficile de faire un diagnostic
A Donzy, Hervé Johanet exploite 294 ha de céréales : blé, orge de printemps, trèfle incarnat, trèfle violet, colza, maïs, pois, lentilles. Il avoue avoir un avantage : être irriguant. «J’ai tourné pendant trois semaines ce qui m’a beaucoup aidé. Mais on a pris le gel donc on pourrait avoir du gel d’épis sur les orges de printemps. Si c’est le cas, il n’y aura pas de grain.» Les parcelles de colza en revanche ont accusé le coup. «C’est très moyen. On a une baisse de la fertilité, des fleurs qui ont avorté.» Sur les maïs, Hervé ne constate pas de gel. «Aujourd’hui c’est difficile de faire un pronostic, il a fait très froid, l’état végétatif des cultures n’est pas avancé.» Si le froid et le vent n’ont «pas arrangé la situation» dit-il, il y a néanmoins de bons points : «une présence de maladies faible, pas de septoriose.» D’où l’importance, pour Hervé Johanet d’anticiper dès à présent «pour protéger les épis qui vont sortir car dès qu’il va faire chaud, ça va exploser».