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Action syndicale

Le Foll, Royal, carton jaune !

80 départements se sont mobilisés toute la journée du 24 juin pour dénoncer l’excès de normes réglementaires qu’on leur impose. Une quarantaine de Nivernais s’est rendue, aux côtés des producteurs du Cher, de l’Yonne et du bassin Parisien au marché d’intérêt national de Rungis avant d’effectuer des contrôles de camions aux péages de St Arnoult et Senlis.
Par Isabelle Pintenat – FDSEA du Cher
Il est 22h30, les premiers cars arrivent au péage de Rungis. Les manifestants échangent quelques mots avant le discours des responsables nationaux. Dans les rangs, on écoute la colère des agriculteurs qui monte, le malaise. De plus en plus, les agriculteurs sont incompris du reste de la société. La réalité quotidienne de leur métier et la manière de produire 1 ha de blé ou de maïs, du lait, des fruits et légumes ou d’alimenter un bovin, sont trop méconnues. La société s’urbanise et s’éloigne de la réalité de la production agricole et alimentaire. Le citoyen demande aux agriculteurs de produire plus et mieux mais le consommateur achète des aliments toujours moins cher, produits on ne sait pas toujours où et surtout comment. Au supermarché fini les bons sentiments ! La dictature du prix s’impose, inébranlable.

[INTER]Cernés par les contraintes ![inter]
L’Europe impose à tous les agriculteurs européens, le respect de règles de production communes (identification des animaux, directives nitrates…). Ensuite, les États membres transposent en droit national ces règles sans pouvoir être moins restrictif. En France, pas de problème en la matière, on est toujours premier de la classe ! On en rajoute, on sur-transpose jusqu’à étouffer le dynamisme, la capacité d’innovation des agriculteurs.
Xavier Beulin, président de la FNSEA cite quelques exemples [I]«peut-on accepter l’escabeau à 40 cm alors qu’en Allemagne on est à 3m ? Peut-on accepter de ne pas pouvoir curer le fossé que souvent nos parents ou grands parents ont construit de leurs mains ou qu’un maire rural a fait creuser pour protéger les habitants d’une crue de la rivière voisine ? Il risque de se retrouver avec une menace d’emprisonnement ! Où est le bon sens ?»[i]
De son côté, Dominique Barrau, a rappelé la symbolique de la présence des agriculteurs au marché de Rungis. [I]«On est devant ce marché pour défendre l’intérêt national ! Une partie des produits de Rungis sont importés. Comment peut-on accepter des fruits et légumes espagnols traités avec des matières actives interdites en France ?»[i] C’est bien ça que les agriculteurs sont venus dénoncer : une distorsion de concurrence inacceptable dans un marché européen ouvert à la libre circulation des marchandises.

[INTER]«Non au poulet javel, non au bœuf aux hormones»[inter]
Poursuivre le [I]«produire mieux»[i] les agriculteurs sont prêts à relever le défi. Ils l’ont déjà prouvé ces vingt dernières années où beaucoup d’efforts ont été réalisés. Toutefois, il n’est pas question pour eux que leurs normes ne s’appliquent pas aux produits d’importation qui entreraient en France [I]«ni vu, ni connu»[i]. L’exemple du traité transatlantique qui se discute en est une belle illustration : faut-il laisser les consommateurs choisir, comme le suggère Tom Silvack, secrétaire américain à l’agriculture venu rencontrer mi-juin Dacian Ciolos ? Pour l’intérêt agricole national la demande de Dominique Barrau d’exiger le refus du poulet javel ou de la viande d’animaux engraissés aux hormones est sans doute la voie la plus sûre.

[INTER]Quelques trouvailles au péage[inter]
Pendant environ une heure, au péage de Saint Arnoult, les agriculteurs ont aiguillé vers un parking temporaire tous les camions frigorifiques étrangers.
Puis quelques contrôles ont été effectués sur des camions français. Les agriculteurs ont trouvé des carcasses de porcs espagnols abattus au Pays-Bas qui se trouvaient en circulation en France, des boîtes de conserves de fruits espagnols…

[INTER]«Participer au redressement de la France»[inter]
Pour Xavier Beulin, [I]«l’agriculture est un secteur productif. La croissance de la France peut aussi venir de la production et pas que par de la consommation. Nous voulons une France agricole rurale qui participe à l’élan national, à son redressement»[i].
La France était 2ème sur le podium des pays exportateurs en Europe. On est 5ème aujourd’hui.
Stop aux contraintes, produisons et mangeons français demain !