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Crowfunding

Le financement participatif arrive dans le milieu agricole

Miimosa.com représente le premier site de financement participatif exclusivement dédié à l’agriculture. Des projets ont d’ores et déjà été financés par ce biais. Zoom sur l’un d’eux.
Par Cyrielle Delisle
Le financement participatif arrive dans le milieu agricole
Sylvie Jacquinot a fait appel au financement participatif pour collecter l’argent nécessaire à son projet d’installation en élevage caprin. Elle a collecté 15 000 euros de cette manière.
Le crowfunding ou financement participatif, représente une nouvelle alternative. Il permet aux investisseurs de soutenir financièrement et collectivement des projets qui les séduisent. Le premier site miimosa.com, exclusivement dédié aux acteurs du monde agricole et agroalimentaire, a été lancé en octobre dernier.
Le principe est simple : il consiste à expliquer en quelques mots et photos le projet, définir la somme dont on a besoin et la durée de la collecte (90 jours maximum). Les internautes désirant soutenir le projet peuvent ainsi faire des dons. Ils reçoivent en contrepartie un don en nature de l’exploitation porteuse du projet (visite d’exploitation, adoption d’une bête, bouteille de vin, caissette de viandes…). «Le marché français du crowdfunding est en plein essor. Il est passé de 80 millions d’euros en 2013 à 150 en 2014», note Florian Breton, fondateur et président du site.

Une chèvrerie et une fromagerie
«Après avoir travaillé une douzaine d’années en tant qu’enseignante et directrice d’école en Normandie, j’ai souhaité changer de cap et revenir à mes premières aspirations : l’élevage de chèvres. L’année dernière, je me suis lancée et ai suivi une formation, un BPREA, en Haute-Marne, ma région d’origine. Durant mon stage, j’ai rencontré un éleveur de volailles proche de la retraite qui, aujourd’hui, me loue les bâtiments dans lesquels, je me suis installée», se souvient Sylvie Jacquinot, éleveuse de chèvres à Saint-Loup-sur-Aujon. En 2014, l’exploitante achète ses premières chevrettes et contacte les banques pour financer son projet comprenant un atelier de transformation à la ferme.
«Après avoir essuyé plusieurs refus de prêts bancaires, étant une femme seule et de plus, non issue du milieu agricole, une amie m’a parlé du site de financement participatif, Miimosa. J’ai eu besoin d’un temps de réflexion. Il n’est pas facile de se mettre en avant», poursuit Sylvie Jacquinot. Une fois la décision prise, l’éleveuse a réalisé une vidéo pour expliquer son projet aux internautes. «Au départ, je souhaitais demander le financement pour une chèvrerie et une fromagerie. Mais suite aux refus des banques, l’éleveur qui me loue actuellement les bâtiments a accepté de me louer deux salles de son abattoir, ce qui réduisait mon besoin de financement à 25 000 euros. J’ai alors décidé de ne solliciter que 12 000 euros, qui, ajoutés à un peu d’apports personnels, me permettait déjà de me lancer, même si les contributions n’atteignaient que 60 % de la somme».

Une expérience humaine
La mise en ligne de la demande s’est effectuée entre Noël et le jour de l’An, moment peu propice. L’éleveuse a alors fait en sorte qu’un média parle de son projet chaque semaine. D’autre part, les derniers jours de collecte ont coïncidé avec le salon de l’agriculture et un reportage sur l’exploitation, diffusé sur TF1. Les contributions ont alors décollé pour finalement atteindre la somme nécessaire et même au-delà (15 000 euros) au bout des 60 jours impartis à la collecte. 227 personnes ont contribué à ce projet. «Le plus difficile a été de trouver les contreparties. Pour cela, j’ai pu compter sur le soutien de Florian Breton, qui m’a accompagné tout au long de cette démarche. De cette aventure, je retiens une extraordinaire expérience humaine avec la rencontre de gens qui ont cru en mon projet», ajoute Sylvie Jacquinot.

miimosa.com

«En cinq mois, le montant moyen des projets à financer est de 6 000 euros pour une participation moyenne de l’ordre de 92 euros, montant deux fois plus élevé que la moyenne du marché du financement participatif, en général. Le projet peut être porté par une personne physique ou morale, une chambre d’agriculture peut par exemple lancer une collecte pour aider des agriculteurs après une catastrophe naturelle», note Florian Breton, dont l’objectif est de financer 1 000 projets d’ici 2017. «On accompagne les porteurs de projet, on personnalise leur démarche. Ils perçoivent le financement dès lors que 60 % de l’objectif est atteint. Le cas échéant, les contributeurs sont remboursés. Miimosa prend une commission de 12% si le projet atteint entre 60 et 74 % de son objectif, 10% entre 75 et 99% et 8% si l’objectif est atteint ou dépassé».