Symposium AgroSup Dijon Claas
Le développement durable en action et démonstration
AgroSup Dijon vient d'organiser un symposium sur les agroéquipements et le développement durable, deux journées organisées en partenariat avec Claas, qui saisissait là l'occasion de fêter son centenaire et de faire prendre la mesure de l'étroite interaction entre progrès agronomique et évolution des équipements, pour un développement durable vraiment «soutenable» et accessible au plus grand nombre.

De prime abord pas évident de faire le lien entre AgroSup Dijon et la célébration des 100 ans d'un [I]«grand»[i] de l'Agroéquipement, Claas, dans ce temple de la connaissance agronomique et agroalimentaire, installé à Dijon. Mais depuis quelques années la recherche agronomique et l'évolution des agroéquipements suivent la même voie, celle du développement durable. Développement [I]«soutenable»[i] devrait-on-dire, comme le souligne l'un des intervenants, qui n'hésite pas à remettre les points sur les «i» en rappelant que le développement durable n'est pas la dernière marotte à la mode, mais un enjeu vital pour l'humanité. «[I]L'homo industrius[i]» met une telle énergie à détruire son environnement en usant et abusant des énergies fossiles que, si nous n'inversons pas la tendance en puisant dans le réservoir quasi inépuisable des énergies [I]«propres et renouvelables»[i], il ne restera plus grand chose à sauver pour les générations futures. Le dernier rapport du GIEC dresse un constat accablant et démontre une fois de plus qu'il est urgent de revoir les schémas trop gourmands, d'adapter les matériels et les pratiques à de nouvelles exigences d'efficience économe...
[INTER]La Bourgogne cultive le durable et le soutenable[inter]
AgroSupDijon s'inscrit dans ce schéma depuis plusieurs années déjà, puisque l'université a intégré le développement durable dans son projet d'établissement. En liant agronomie et agroéquipement, l'université forme les ingénieurs qui concevront les équipements de demain. Avec en parallèle, l'ambition de trouver les meilleures combinaisons entre cultures alimentaires, cultures dédiées à l'alimentation animale et cultures énergétiques. Car c'est là encore un enjeu vital pour la survie de notre espèce, dans un environnement de plus en plus fragilisé et perturbé, où l'incertitude climatique grandit.
La réponse s'organise, timidement encore et trop lentement, car les décideurs comme le public «entendent mais n'écoutent pas» ou pire, se satisfont trop souvent de fausses bonnes solutions, comme le fait de déplacer le problème environnemental vers d'autres continents, en faisant mine d'oublier que nous partageons la même planète et que botter en touche ne changera pas l'issue d'un match perdu d'avance, si l'on ne se donne pas de nouvelles ambitions. De la production de biomasse vertueuse à «la bio-mascarade», la frontière est poreuse. Les changements d'affectation des sols pour la production énergétique peut avoir des effets pervers (déforestation, monoculture, réduction de la biodiversité). La «durabilité» d'une décision peut être ainsi facilement mise à mal par des choix économiques de courte vue. On connaît les effets de la consommation débridée d'huile de palme sur les forêts primaires et les ravages sociaux et écologiques de l'élevage industriel de crevettes, lavées à l'eau de javel et parfumées... à la crevette, pour satisfaire nos goûts civilisés...
En Bourgogne, on cultive la mesure et une approche raisonnée d'un développement que l'on souhaite réellement durable, c'est-à-dire économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable. La politique de développement des énergies renouvelables se concrétise dans le soutien à la filière bois-énergie, le bois-énergie s'affichant comme un co-produit du bois d'œuvre, voie royale de la production forestière. Cette orientation qui bénéficie du progrès des équipements individuels et collectifs et des avancées en matière d'isolation des bâtiments, reste une valeur sûre, créatrice d'emplois localement.
Autre facteur de développement durable en lien direct avec l'agronomie et la production agricole : la méthanisation. Les projets se développent en Bourgogne et la présentation du projet bientôt en phase de production du Gaec des frères Fèvre, à Brazey-en-Plaine, en Côte d'Or, montre comment on peut bien équilibrer et raisonner une production énergétique, au cœur d'un système d'exploitation, par l'optimisation de ses ressources, l'adaptation des pratiques et son insertion dans le tissu économique local.
[INTER]Des systèmes de cultures innovants qui font leurs preuves[inter]
Démonstration aussi de l'avantage d'une réflexion agronomique intégrée au système d'exploitation dans le cadre d'une stratégie de production durable, avec Sarah Gonzalvès, conseillère grandes cultures à la Chambre d'agriculture de l'Yonne. L'exploitation du lycée agricole La Brosse s'est engagée dans la démarche des systèmes de cultures innovants et compare depuis plusieurs années trois grands systèmes, de la production intégrée à la production à haute performance énergétique. Le recul assuré par six années de production sur trois ateliers (grandes cultures, lait et vigne) témoigne «[I]de bons résultats par rapport aux trois piliers d'un développement qui doit pour être durable s'avérer économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable»[i].
Le clou est enfoncé par Bernard Nicolardot et sa présentation des essais PIC de Bretennières qui testent la réduction des doses, le travail du sol et le semis direct sous couvert. L'important là encore [I]«c'est de retenir ce qui marche»[i] : la diversification des rotations en alternant cultures de printemps et cultures d'hiver, la combinaisons des techniques [I]«à effet partiel»[i], les choix variétaux en sélectionnant les variétés les plus compétitives par rapport aux adventices, les stratégies différenciées de travail du sol, entre désherbage mécanique et désherbage chimique en privilégiant [I]«les herbicides à faible impact écotoxique».[i]..
Tests et essais grandeur nature à l'échelle d'une exploitation ou dans le cadre d'une action de recherche/développement, amènent à la conclusion suivante : [I]«il n'y a pas de recette miracle ou de stratégie unique, mais une combinaison de techniques à adapter en fonction du système, cela fonctionne, mais pour réussir il faut vraiment le vouloir et s'en donner les moyens (raisonnement économique, niveau de technicité et organisation du travail)... Enfin, cette démarche bouleverse le paysage et l'environnement économique agricole traditionnel, ce qui suppose de s'adapter, voire d'innover dans de nouvelles filières».[i]
[INTER]La Bourgogne cultive le durable et le soutenable[inter]
AgroSupDijon s'inscrit dans ce schéma depuis plusieurs années déjà, puisque l'université a intégré le développement durable dans son projet d'établissement. En liant agronomie et agroéquipement, l'université forme les ingénieurs qui concevront les équipements de demain. Avec en parallèle, l'ambition de trouver les meilleures combinaisons entre cultures alimentaires, cultures dédiées à l'alimentation animale et cultures énergétiques. Car c'est là encore un enjeu vital pour la survie de notre espèce, dans un environnement de plus en plus fragilisé et perturbé, où l'incertitude climatique grandit.
La réponse s'organise, timidement encore et trop lentement, car les décideurs comme le public «entendent mais n'écoutent pas» ou pire, se satisfont trop souvent de fausses bonnes solutions, comme le fait de déplacer le problème environnemental vers d'autres continents, en faisant mine d'oublier que nous partageons la même planète et que botter en touche ne changera pas l'issue d'un match perdu d'avance, si l'on ne se donne pas de nouvelles ambitions. De la production de biomasse vertueuse à «la bio-mascarade», la frontière est poreuse. Les changements d'affectation des sols pour la production énergétique peut avoir des effets pervers (déforestation, monoculture, réduction de la biodiversité). La «durabilité» d'une décision peut être ainsi facilement mise à mal par des choix économiques de courte vue. On connaît les effets de la consommation débridée d'huile de palme sur les forêts primaires et les ravages sociaux et écologiques de l'élevage industriel de crevettes, lavées à l'eau de javel et parfumées... à la crevette, pour satisfaire nos goûts civilisés...
En Bourgogne, on cultive la mesure et une approche raisonnée d'un développement que l'on souhaite réellement durable, c'est-à-dire économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable. La politique de développement des énergies renouvelables se concrétise dans le soutien à la filière bois-énergie, le bois-énergie s'affichant comme un co-produit du bois d'œuvre, voie royale de la production forestière. Cette orientation qui bénéficie du progrès des équipements individuels et collectifs et des avancées en matière d'isolation des bâtiments, reste une valeur sûre, créatrice d'emplois localement.
Autre facteur de développement durable en lien direct avec l'agronomie et la production agricole : la méthanisation. Les projets se développent en Bourgogne et la présentation du projet bientôt en phase de production du Gaec des frères Fèvre, à Brazey-en-Plaine, en Côte d'Or, montre comment on peut bien équilibrer et raisonner une production énergétique, au cœur d'un système d'exploitation, par l'optimisation de ses ressources, l'adaptation des pratiques et son insertion dans le tissu économique local.
[INTER]Des systèmes de cultures innovants qui font leurs preuves[inter]
Démonstration aussi de l'avantage d'une réflexion agronomique intégrée au système d'exploitation dans le cadre d'une stratégie de production durable, avec Sarah Gonzalvès, conseillère grandes cultures à la Chambre d'agriculture de l'Yonne. L'exploitation du lycée agricole La Brosse s'est engagée dans la démarche des systèmes de cultures innovants et compare depuis plusieurs années trois grands systèmes, de la production intégrée à la production à haute performance énergétique. Le recul assuré par six années de production sur trois ateliers (grandes cultures, lait et vigne) témoigne «[I]de bons résultats par rapport aux trois piliers d'un développement qui doit pour être durable s'avérer économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable»[i].
Le clou est enfoncé par Bernard Nicolardot et sa présentation des essais PIC de Bretennières qui testent la réduction des doses, le travail du sol et le semis direct sous couvert. L'important là encore [I]«c'est de retenir ce qui marche»[i] : la diversification des rotations en alternant cultures de printemps et cultures d'hiver, la combinaisons des techniques [I]«à effet partiel»[i], les choix variétaux en sélectionnant les variétés les plus compétitives par rapport aux adventices, les stratégies différenciées de travail du sol, entre désherbage mécanique et désherbage chimique en privilégiant [I]«les herbicides à faible impact écotoxique».[i]..
Tests et essais grandeur nature à l'échelle d'une exploitation ou dans le cadre d'une action de recherche/développement, amènent à la conclusion suivante : [I]«il n'y a pas de recette miracle ou de stratégie unique, mais une combinaison de techniques à adapter en fonction du système, cela fonctionne, mais pour réussir il faut vraiment le vouloir et s'en donner les moyens (raisonnement économique, niveau de technicité et organisation du travail)... Enfin, cette démarche bouleverse le paysage et l'environnement économique agricole traditionnel, ce qui suppose de s'adapter, voire d'innover dans de nouvelles filières».[i]
Une agriculture «forcément» durable, en Bresse jurassienne
Le concept n'était pas encore inventé que M. Chalumeau s'est lancé dans l'agriculture durable sans le savoir, poussé par un environnement agronomique délicat, des contraintes environnementales incontournables et la nécessité de «relever un vrai défi agronomique et écologique» pour assurer la pérennité de son activité d'exploitant.
L'environnement, c'est la Bresse jurassienne, une région à forte pluviosité, sur des sols instables, très sensibles au compactage, peu favorables à l'enracinement, soumis à d'importants ruissellements et pour couronner le tout, contraints par 100 ha de périmètres de captage sur les 500 ha que compte aujourd'hui l'exploitation. Tout ne s'est pas fait en un jour et avant d'atteindre ces 500 ha, il a fallu beaucoup bataillé contre une nature parfois ingrate, «cheminer en continu en testant les techniques, se remettre en cause quand cela ne marchait pas»...
Au final l'objectif de qualité de l'eau est atteint et l'équilibre trouvé entre agronomie et agroéquipement. La réflexion sur le matériel a conduit à optimiser la surface de portance des machines (largeur des pneus, chenilles, pneus basse pression, limitation des chargements et déchargements au champ..). Et sur le plan agronomique : des stratégies de couverts végétaux ont été progressivement mises en place (avec un maximum de légumineuses en mélanges diversifiés), traitements bas volume, suppression des régulateurs de croissance, réduction des fongicides, modification des pratiques agronomiques en menant des opérations simultanées : fissuration, hersage et semis. Semer plusieurs cultures en place s'est avérée la solution la plus pertinente au regard des contraintes et des objectifs : le colza est semé avec des lentilles et un trèfle blanc entre les rangs, en prévision de l'implantation suivante d'un maÏs dans le trèfle qui reste en place après le colza. Les lentilles gèlent, le colza suit sa courbe de croissance, après la moisson, le trèfle reste en place et le maÏs est semé en inter-rang. Cet exemple montre que quand les contraintes du sol se conjuguent aux contraintes environnementales, nécessité fait loi et conduit à développer des pratiques innovantes, car c'est souvent en sortant des sentiers battus que l'on arrive à concilier économie, agronomie, rentabilité et environnement.