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Aides d’urgence

Le Conseil départemental répond à la crise

Le Département de la Côte d’Or vient d’adopter plusieurs mesures exceptionnelles de soutien à l’agriculture. Parmi ces mesures, une aide au transport des fourrages a été votée par les élus du département et ce, afin de palier les difficultés accentuées par la sécherresse de cet été.
Par Aurélien Genest
Le Conseil départemental répond à la crise
Une session extraordinaire s’est déroulée lundi matin à Dijon.
Suite à la réunion d’urgence qui s’était déroulée début août au Conseil départemental (voir notre édition du 14 août), François Sauvadet avait annoncé la tenue d’une session extraordinaire visant à aborder la situation «exceptionnellement grave» des agriculteurs, accentuée par la sécheresse estivale. Cette réunion a eu lieu en début de semaine et a débouché sur plusieurs mesures votées à l’unanimité par l’assemblée départementale. L’aide «phare» de ce dispositif de soutien est une prise en charge partielle du coût de transport des fourrages bruts grossiers (foin, enrubannage, paille…) ou des aliments de substitution (pulpe de betterave, de pomme de terre…). «Elle se chiffre à 10 centimes d’euros/tonne/km» annonce François Sauvadet, précisant qu’«un effort particulier sera demandé aux services départementaux chargés de l’instruction de ces dossiers et de tous ceux déposés par la profession agricole afin de garantir la rapidité et l’efficacité de leur traitement». Le Département a également adopté un vœu réclamant la reconnaissance du caractère de calamité agricole pour les dommages causés par la sécheresse.

Une situation «très alarmante»
Déficit hydrique important, épisode caniculaire marquant : de grandes difficultés se font ressentir dans les exploitations côte d’oriennes qui connaissent déjà une crise économique de grande ampleur. Le phénomène d’affouragement au pré est intervenu dès le mois de juillet et n’a cessé de perdurer. Le président du Conseil départemental a rappelé l’obligation des éleveurs de «puiser dans leurs réserves» pour nourrir leur bétail alors que les pertes de rendement pour les maïs sont estimées entre 50% et 80%. Dans les zones très impactées comme l’Auxois-Morvan et le Châtillonnais, certains maïs ont été ensilés durant les premières semaines du mois d’août afin d’éviter que ceux-ci ne soient complètement desséchés. La course aux achats de matières premières (pulpes, maïs ensilage, foin, paille...) apparaît inévitable afin d’essayer de maintenir les potentiels de production de viande et de lait. La mise en œuvre d’actions permettant de limiter les coûts d’approvisionnement supportés par les élevages s’annonçait donc nécessaire, compte-tenu de la crise économique.

Une nouveauté en grandes cultures
Si le bilan des moissons d’été est globalement satisfaisant à l’échelle du département, plusieurs zones connaissent de grandes difficultés, notamment les terres superficielles du Nord dijonnais. De par la nature des sols très sensibles aux aléas climatiques, peu de solutions existent à ce jour pour rendre les exploitations moins fragiles. Lundi, le Conseil départemental a décidé d’accompagner la mise en place d’une cellule de crise qui réunira les institut techniques, les organismes stockeurs, la Chambre d’agriculture et les agriculteurs concernés. Cette cellule permettra notamment d’initier des essais de différentes variétés d’orge, de colza et de blé afin d’évaluer les plus adaptées aux petites terres en travaillant non plus sur l’aspect rendement (le potentiel de la plante ne pouvant pas s’exprimer pleinement sur ce type de sol) mais sur l’aspect valorisation (pourcentage de protéines). Le Conseil départemental souhaite également aller «plus loin» dans le développement de la ressource en eau, dans une perspective d’évolution climatique qui a été détaillée lors de cette session par un membre du centre météorologique de Dijon. Dans d’autres domaines, le Conseil départemental s’est engagé à intensifier ses efforts de promotion des circuits locaux, déjà présents dans les collèges et les établissements médico-sociaux, auprès du personnel de cuisine dans la restauration collective.

Vincent Lavier «Une surcharge d’un million d’euros par semaine»
Vincent Lavier, le président de la Chambre d’agriculture, est intervenu lors de cette session extraordinaire  en présentant les coûts de réapprovisionnements des exploitations d’élevage du département : «Pour les troupeaux laitiers, la facture, hors céréales, est estimée à 3 900 000 euros. En viande, le coût d’approvisionnement extérieur est estimé à 3 100 000 €». L’affouragement estival des animaux, lui, représente actuellement une perte moyenne de 45 jours de stocks de fourrages hivernaux pour une exploitation moyenne de Côte d’Or. «Le surcoût à charge de nos élevages dû à la situation climatique critique que connaît notre département est évalué à un montant de 1 000 000 € par semaine. L’impact financier dû à cette période de sécheresse et de canicule est évalué à plus de 10 000 000€».

Marc Frot «Des aides jusqu’à 1000 euros»
Marc Frot, président de la commission du Conseil départemental en charge de l’agriculture, évoque la mise en place d’une aide au transport de marchandises : «Le budget global de l’opération est d’environ 750 000 euros. Cette somme est bien exceptionnelle et n’impacte pas l’accord-cadre qui nous lie avec la Chambre d’agriculture. Ce dispositif pourra atteindre 1 000 euros par exploitation. Les éleveurs qui subissent la sécheresse peuvent contacter la Chambre qui nous relaiera les dossiers. Pour la justification par les factures, la période considérée s’étalera du mai à novembre».