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Légumes

Le concombre icaunais a su relever la tête !

Oubliée la «crise» de 2011, Aujourd’hui, le concombre de l’Yonne se porte bien, à l’image de la coopérative Casay qui fêtera cette année ses 30 ans d’existence
Par Dominique Bernerd
Le concombre icaunais a su relever la tête !
Joël Dechambre, producteur et président de la CASAY
Directeur de la Coopérative Agricole des Serristes de l’Aube et de l’Yonne (CASAY), David Totel n’a pas oublié la crise sanitaire de 2011, reconnaissant en la matière avoir eu beaucoup de chance : [I]«la filière a su tirer profit du fait que médiatiquement parlant une information est par nature périssable. Nous étions en pleine crise du concombre lorsque est apparue l’affaire du Sofitel et de DSK… !»[i] Sauvée également par la Charte Nationale de Qualité créée conjointement en 1996 avec l’Association des producteurs de Concombres de France, qui a su redonner confiance au consommateur trop vite enclin à se prévaloir du sacro saint principe de précaution.
Aujourd’hui, la Casay compte 14 adhérents, pour une production annuelle de 9 000 tonnes de concombres et 2 000 tonnes de tomates : [I]«associés à la Sopa, une société Orléanaise, nous «pesons» près de 40 % du marché français, estimé à 60 000 t de concombres, faisant de l’Yonne l’un des premiers départements producteurs, avec la Loire Atlantique et le Loiret…»[i] Installée à Foissy-sur-Vanne, cœur historique de la production légumière en serres, initiée après la seconde guerre mondiale, par la famille Quaak, des néerlandais venus dans l’Yonne implanter ce type de cultures, la coopérative totalise une vingtaine de serres sur l’axe entre Courgenay et Sens. Elle emploie une centaine d’Équivalent Temps Plein. Un chiffre pouvant grimper à 150 ETP en pleine période, du 15 avril au 1er septembre, faisant de la Casay un acteur majeur de l’activité salariée dans le canton de Villeneuve l’Archevêque.

[INTER]La théorie du maillot de bain[inter]
A la Casay, les concombres ont pour spécificité d’être cultivés hors sol, générant de multiples avantages, comme l’explique David Totel : [I]«le fait d’être sur des supports de culture neutres évite l’usage des herbicides. Même chose en ce qui concerne les fongicides du fait que nous travaillons en serres chaudes, avec maîtrise du climat, évitant d’autant les maladies…»[i] Absence également d’insecticides : [I]«nous utilisons dans les serres la Production Biologique Intégrée ou PBI, introduisant des insectes prédateurs pour lutter contre tout ce qui est araignées, acariens, pucerons, strips…»[i], sans être en agriculture biologique pour autant : [I]«en France, la législation impose pour la bio, d’être en culture sol…»[i] Plante tropicale aimant particulièrement la lumière, le concombre, du fait de sa photosensibilité, peut croître de plus de 100 gr en 24 heures selon l’ensoleillement : [I]«ce ne sont ni la température ni la pluie que nous regardons en premier en consultant la météo, mais les joules/m2, qui rythment à eux seuls la vie dans les serres…»[i] Planté en janvier, un pied commence à produire dès la mi-février et peut donner jusqu’à trois cultures par an. Collectés par les producteurs eux-mêmes, les concombres sont conditionnés à l’usine de Foissy-sur-Vanne, avec pour règle, outre la qualité, une traçabilité absolue, commençant par une identification personnalisée des contenants (une couleur par producteur). L’objectif étant de pouvoir remonter l’ensemble du process en cas de moindre problème. La production est commercialisée à 80 % en grande distribution, les 20 % restant, répartis en restauration hors foyer, industrie, grossistes et exportation.
Aujourd’hui, la filière doit faire face toutefois, à un arbitrage alimentaire passant par une modernisation de la consommation, notamment chez les plus jeunes. C’est ainsi qu’en Allemagne, on consomme avec 15 kg/habitant/an trois fois plus de concombres qu’en France. Heureusement, explique David Totel dans un sourire qu’existe la théorie dite du [I]«maillot de bain»[i] : [I]«facile à travailler, le concombre est bien représenté dans les recettes de magazines féminins. Au printemps, parce qu’il va falloir mettre le maillot de bain, en été parce que «fais gaffe, t’es en maillot de bain !», à l’automne, parce que «t’as vu ? T’étais pas belle dans ton maillot de bain… !»[i] Pourvu qu’il fasse beau cet été… !