Alysé
Le climat change, la nature et l’agriculture aussi
À l’occasion de l’Assemblée générale d’Alysé, le 8 février dernier à Migennes, Jérôme Lamonica, expert en climatologie à la Chambre d’agriculture du jura est intervenu sur le changement climatique et les adaptations que devra faire le monde agricole dans les années à venir.

Dans son intervention, Jérôme Lamonica s’est attardé à dresser l’inventaire des éléments déjà visibles, liés au changement climatique, dans le monde, en France et en région. Remontant pour cela jusqu’au tout début du 20e siècle, à l’année 1900, pour en arriver aux dernières constatations enregistrées l’an passé. Une certitude : la température de l’air augmente. «Tous les offices mondiaux l’ont identifié, la moyenne annuelle de la température mondiale est en hausse depuis 1910. Les écarts à la moyenne sont même de plus en plus importants (+ 0.7 °C en 2015). En France il en est de même, depuis 1900 la tendance est clairement à l’augmentation (12.3 °C en 1900 contre 13.2°C en 2017) de près de 1 °C. Cette augmentation s’est amplifiée à partir de 1970». Autres phénomènes constatés : les masses glaciaires se réduisent, la température des océans et des eaux douces s’accroit et les précipitations évoluent : «En France entre 1959 et 2009, on constate une réelle augmentation des precipitations dans l’Ouest en été et dans l’Est en hiver, là où dans le Sud, les précipitations diminuent...»
Ce que l’on remarque aussi, c’est le plafonnement du rendement de certaines cultures, et notamment le blé tendre, une évolution des pratiques agricoles avec l’avancement de 6,5 jours de la date de semis du maïs en Poitou-Charente depuis 1992. De nombreuses productions réagissent, les dates de vendange en Bourgogne sont passées pour leur part, du 30 septembre en 1970 au 5 septembre en 2015 et les raisins sont aujourd’hui plus riches en sucres. Même scénario en ce qui concerne la date de floraison des arbres, qui progresse de 2,5 jours par décennie depuis 1960. Face à ces constats, de nombreux réseaux d’observation se sont mis en place et des modèles mathématiques ont été construits afin de démontrer tous ces changements climatiques et d’en définir les causes.
À partir des observations réalisées, les climatologues ont démontré que la plupart des modifications se sont amplifiées après 1970, période de forte augmentation des activités industrielles humaines. Les émissions humaines de gaz à effet de serre sont responsables de l’augmentation des températures moyennes mondiales. La messe climatique est dite jusqu’en 2040 et les modèles mathématiques sont formels. Pour entrevoir une première divergence de l’évolution en 2050, il faut commencer dès maintenant à modifier nos pratiques.
Les 3 défis de l’agriculture française
Les défis à relever pour l’agriculture française sont multiples, à commencer par l’eau : si l’évolution modélisée des débits saisonniers des cours d’eau en 2065, montre une augmentation importante en hiver, elle augure également une forte diminution en été, surtout dans le sud du pays et les pratiques agricoles devront évoluer pour y faire face.
Autre constat : le calendrier d’évolution des stades végétaux avance inexorablement. Entre 2036 et 2065, le maïs dans la Meuse aura atteint sa date de récolte plus de 30 jours avant celle observée entre 1971 et l’an 2000. L’agriculture aura également à s’accommoder des aléas, qui vont devenir de plus en plus fréquents, notamment en ce qui concerne les canicules et sécheresses.
Quelles sont les options d’adaptation ?
Un certain nombre de Chambres d’agriculture ont intégré, depuis 2015 le programme ClimA-XXI, c’est le cas de la Chambre d’agriculture de l’Aube qui a intégré le programme en fin d’année 2017. Ce programme permet de réaliser des simulations avec une précision «à la commune».
À partir de données de référence collectées entre 1956 et 1985, le modèle mathématique propose deux scénarios ; un scénario 2030 et un scénario 2080. Il est alors possible de simuler la température moyenne annuelle d’une commune à la fin du XXIème siècle. À Migennes, par exemple, la température moyenne simulée en 2030 sera celle actuelle de Montélimar. Les pratiques culturales et les assolements seront fortement modifiés, les dates de mise à l’herbe avancées de plus de 15 jours, les dates de fauche avancées de 20 jours et nous pourrons cultiver des maïs beaucoup plus tardifs.
Plusieurs options d’adaptation se présentent :
- Avancement des dates de mise à l’herbe,
- Des semis plus précoces,
- De nouvelles variétés,
- Du stockage d’herbe pour l’été,
- De nouveaux mélanges d’espèces prairiales,
- Plus d’ombrage et d’abreuvement,
- Des assurances climatiques
Il ne faut pas envisager uniquement les effets néfastes du changement climatique. Le raccourcissement de l’hiver, par exemple, peut donner l’opportunité de développer les intercultures et de valoriser une nouvelle biomasse. Le climat change, la nature et l’agriculture aussi !
Ce que l’on remarque aussi, c’est le plafonnement du rendement de certaines cultures, et notamment le blé tendre, une évolution des pratiques agricoles avec l’avancement de 6,5 jours de la date de semis du maïs en Poitou-Charente depuis 1992. De nombreuses productions réagissent, les dates de vendange en Bourgogne sont passées pour leur part, du 30 septembre en 1970 au 5 septembre en 2015 et les raisins sont aujourd’hui plus riches en sucres. Même scénario en ce qui concerne la date de floraison des arbres, qui progresse de 2,5 jours par décennie depuis 1960. Face à ces constats, de nombreux réseaux d’observation se sont mis en place et des modèles mathématiques ont été construits afin de démontrer tous ces changements climatiques et d’en définir les causes.
À partir des observations réalisées, les climatologues ont démontré que la plupart des modifications se sont amplifiées après 1970, période de forte augmentation des activités industrielles humaines. Les émissions humaines de gaz à effet de serre sont responsables de l’augmentation des températures moyennes mondiales. La messe climatique est dite jusqu’en 2040 et les modèles mathématiques sont formels. Pour entrevoir une première divergence de l’évolution en 2050, il faut commencer dès maintenant à modifier nos pratiques.
Les 3 défis de l’agriculture française
Les défis à relever pour l’agriculture française sont multiples, à commencer par l’eau : si l’évolution modélisée des débits saisonniers des cours d’eau en 2065, montre une augmentation importante en hiver, elle augure également une forte diminution en été, surtout dans le sud du pays et les pratiques agricoles devront évoluer pour y faire face.
Autre constat : le calendrier d’évolution des stades végétaux avance inexorablement. Entre 2036 et 2065, le maïs dans la Meuse aura atteint sa date de récolte plus de 30 jours avant celle observée entre 1971 et l’an 2000. L’agriculture aura également à s’accommoder des aléas, qui vont devenir de plus en plus fréquents, notamment en ce qui concerne les canicules et sécheresses.
Quelles sont les options d’adaptation ?
Un certain nombre de Chambres d’agriculture ont intégré, depuis 2015 le programme ClimA-XXI, c’est le cas de la Chambre d’agriculture de l’Aube qui a intégré le programme en fin d’année 2017. Ce programme permet de réaliser des simulations avec une précision «à la commune».
À partir de données de référence collectées entre 1956 et 1985, le modèle mathématique propose deux scénarios ; un scénario 2030 et un scénario 2080. Il est alors possible de simuler la température moyenne annuelle d’une commune à la fin du XXIème siècle. À Migennes, par exemple, la température moyenne simulée en 2030 sera celle actuelle de Montélimar. Les pratiques culturales et les assolements seront fortement modifiés, les dates de mise à l’herbe avancées de plus de 15 jours, les dates de fauche avancées de 20 jours et nous pourrons cultiver des maïs beaucoup plus tardifs.
Plusieurs options d’adaptation se présentent :
- Avancement des dates de mise à l’herbe,
- Des semis plus précoces,
- De nouvelles variétés,
- Du stockage d’herbe pour l’été,
- De nouveaux mélanges d’espèces prairiales,
- Plus d’ombrage et d’abreuvement,
- Des assurances climatiques
Il ne faut pas envisager uniquement les effets néfastes du changement climatique. Le raccourcissement de l’hiver, par exemple, peut donner l’opportunité de développer les intercultures et de valoriser une nouvelle biomasse. Le climat change, la nature et l’agriculture aussi !