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Cultures

Le chanvre refait son apparition

Plusieurs exploitations de Haute Côte-d’Or diversifient leur assolement. Un agriculteur de l’ex-canton de Baigneux-les-Juifs fait part de son expérience.
Par Aurélien Genest
Le chanvre refait son apparition
Michel et Christophe Verdot, à Villaines-en-Duesnois
Quarante hectares de colza en moins ! Le Gaec Verdot Vaugimois n’a pas fait semblant cette année. L’équivalent de cette surface est remplacée par de «nouvelles» cultures telles que le lin, le pois, la luzerne, le tournesol ou encore le chanvre. «Nous cherchions des alternatives au colza, des solutions pour résoudre les problèmes récurrents en désherbage. L’an passé, nous n’avons fait que 24q/ha, c’était très décevant» signale Christophe Verdot, qui travaille avec son frère Sébastien. Cinq hectares de chanvre ont été semés avant-hier sur une parcelle argilo-calcaire. «Nous avions pris part à une réunion de 110 Bourgogne il y a un peu plus de six mois. On nous proposait cette opportunité, sans engagement.. Nous avons logiquement accepté» poursuit le Côte d’orien de 45 ans. Du chanvre, son père Michel en a cultivé durant près de quarante ans. «Cela remonte à 1966, nous avions commencé sur trois hectares» se rappelle le retraité, «en plus des atouts agronomiques, les marges étaient supérieures à celles des céréales, même si les débouchés étaient assez limités à l’époque». Christophe Verdot en a lui aussi semé, jusqu’en 2005, mais a finalement arrêté pour des raisons de facilités : «nous étions montés à 11 hectares. C’est une culture qui se récolte fin septembre, début octobre, en plein semis d’hiver. Il fallait également conserver la paille pendant un an dans un hangar, ce n’était pas très pratique». Cette fois-ci, Interval viendra récolter les graines et la paille en même temps, avant de tout emporter dans sa centrale à Gray. Le Gaec Verdot Vaugimois espère enregistrer des rendements similaires à ceux de l’époque, à savoir 7q/ha pour les graines (destinées notamment à la fabrication d’huiles végétales et à l’oisellerie) et 7 t/ha pour la paille (fibres multifonctions). «Si ces résultats sont constatés, nous devrions sortir une marge brute d’environ 700€/ha» relève Christophe Verdot. L’agriculteur insiste sur l’aspect agronomique qui l’a motivé à reprendre le chanvre: «nous devrions assister à une cassure du cycle des mauvaises herbes. En plus, le chanvre est peu gourmand en intrants : une centaine d’unités d’azote suffit, il n’y a pas de produits phytosanitaires à apporter. Et c’est un très bon précédent blé, des hausses de rendements l’année suivante sont souvent constatées».

Fausse alerte !

Pensant avoir trouvé une source de cannabis, des touristes avaient arraché, il y a une trentaine d’années, plusieurs pieds de chanvre dans une parcelle du Gaec Verdot. Ces mêmes personnes avaient tenté de vendre leurs produits en banlieue lyonnaise. Se faisant arrêter par les services de l’État, les malfrats avaient dû informer les douanes et la gendarmerie du lieu où ils s’étaient procurés les plantes. «Un jour, à notre plus grande surprise, notre maison s’est retrouvée encerclée par les douanes» se rappelle Michel Verdot, «ils m’ont demandé si je cultivais du chanvre et j’ai bien sûr dit oui. J’ai même ajouté que nous étions en contrats... Ils pensaient avoir réalisé un gros coup mais sont vite repartis en réalisant qu’il s’agissait d’une production agricole, exempte de toute substance illicite».