Viticulture
Le chablis sous les feux de l’actualité
Retour avec Frédéric Gueguen, président de la Fédération de Défense de l’Appellation Chablis (FDAC), sur l’actualité du vignoble, après la mise en examen d’un négociant du département, soupçonné de fraude à l’étiquette
L’affaire, il y a quelques semaines a fait grand bruit dans le Landerneau chablisien. Soupçonné d’avoir dix ans durant vendu sous l’appellation chablis d’autres vins, un négociant de Ligny le Châtel a été mis en examen pour escroquerie en bande organisée, tromperie et fraude, avant d’être incarcéré. Une première dans l’histoire du vignoble chablisien, selon Frédéric Gueguen, viticulteur à Préhy, secrétaire général du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne et président de la Fédération de défense de l’appellation Chablis (FDAC), qui vient de se porter partie civile dans l’affaire, au nom de l’association.
- TdB : L’annonce de cette escroquerie vous a surpris ?
Frédéric Gueguen : «Des bruits qui courent, on en entend tous les jours. Ce que l’on peut dire, c’est que ce négociant avait déjà été audité par la FDAC, qui, dans le cas présent, est mandatée par l’INAO pour assurer les missions de contrôle sur les conditions de production de l’appellation. Même si dans ce cadre, les contrôles portaient sur un aspect essentiellement administratif, comme les suivis analytiques ou les analyses de pré mise en bouteille et avaient débouché sur quelques manquements mineurs, vite corrigés par la maison de négoce en question…»
- De quels moyens dispose la profession pour éviter de telles fraudes à l’étiquette ?
«Principalement la Résonnance Magnétique Nucléaire, ou RNM, utilisée par la répression des fraudes. A partir d’une banque de données, on parvient ainsi à retrouver dans le raisin des éléments propres à un terroir. C’est comme cela également qu’on peut vérifier la présence d’eau dans le vin ou les excès de chaptalisation. C’est en quelque sorte l’ADN d’un terroir, en particulier en Chardonnay…»
- Pensez-vous que cette affaire puisse avoir des répercussions sur les ventes à l’export ?
«C’est notre grande crainte effectivement, que cela fasse du bruit et qu’il se raconte tout et n’importe quoi ! Déjà dans un premier temps, depuis que l’affaire a été dévoilée, mais aussi au fil de l’enquête ou au moment du jugement. Pour nous, c’est un peu un fusil à plusieurs coups ! L’important étant de ne pas faire l’amalgame avec les 99,9 % de vignerons et négociants travaillant leur produit en toute transparence. Au total, 737 opérateurs adhérents à la FDAC, pour 38 millions de bouteilles vendues à l’année, dont un peu plus de 70 % à l’export…»
- Où en sont les marchés actuellement ?
«Même s’ils sont un peu redescendus, nous sommes toujours dans une moyenne haute, à 750 € la feuillette de chablis. Une situation qui nous convient bien, car elle évite aux opportunistes de vendre des bouteilles à bas prix ! Les prix se tiennent d’autant que, depuis 3 ans, nous n’avions plus de stock ! La parité actuelle Euro/Dollar nous est également plus favorable sur les marchés avec les Etats-Unis et va grossir forcément les volumes, même si la Grande Bretagne reste toujours leader en la matière à l’export…»
- Un mot sur l’état végétatif des vignes…
«Pour l’instant, on est bien ! Les vignes ont été longues à partir, mais depuis, ont connu une pousse régulière, avec un beau mois d’avril favorable. On a pris pas mal d’eau, mais sans incidence sur le développement de maladies cryptogamiques comme le mildiou ou l’oïdium… Par ailleurs, nous n’avons pas cette année, subi d’effets du gel »
- Et pour ce qui est de la flavescence dorée ?
«Toujours pas de symptômes apparus, dans l’Yonne, même si on est toujours dans un système de surveillance, sur la base du volontariat. Beaucoup de monde les deux premières années, comme à Préhy, où nous étions plus d’une quarantaine, à ausculter les ceps et on espère que les gens vont rester motivés. Mais la vigilance reste de mise, même s’il n’est pas nécessaire de traiter pour l’instant. Je trouve d’ailleurs que la Bourgogne dans son ensemble, a vraiment bien mesuré le sujet, avec une réelle volonté de la profession de traiter lorsque le Domaine est en péril, mais sans pression significative, avec juste le traitement nécessaire et bien ciblé. Et ça, c’est plutôt avant-gardiste, à l’inverse de ce qui se fait dans le sud par exemple, où l’on traite directement, sans trop se poser de questions…»
- La maladie de l’esca en revanche, est bien présente dans le chablisien…
«C’est un vrai problème, avec chaque année 2 à 3 % de ceps à remplacer, seul moyen de lutte aujourd’hui, contre la maladie, avec au final de 15 à
20 % de pieds qui ne produisent pas, le temps que les nouveaux arrivent à maturité. D’où la difficulté chaque année à faire les volumes, comme en 2014, où, en dépit d’une bonne récolte, on a fait 302 000 hl dans le chablisien, pour un potentiel de 320 000… Aujourd’hui, il y a une réelle prise de conscience nationale, à l’initiative d’ailleurs du BIVB, qui a poussé à ce que des fonds soient développés pour accélérer la recherche. Mais comme disait Coluche, «des chercheurs qui cherchent, c’est bien, des chercheurs qui trouvent, c’est mieux !»
- TdB : L’annonce de cette escroquerie vous a surpris ?
Frédéric Gueguen : «Des bruits qui courent, on en entend tous les jours. Ce que l’on peut dire, c’est que ce négociant avait déjà été audité par la FDAC, qui, dans le cas présent, est mandatée par l’INAO pour assurer les missions de contrôle sur les conditions de production de l’appellation. Même si dans ce cadre, les contrôles portaient sur un aspect essentiellement administratif, comme les suivis analytiques ou les analyses de pré mise en bouteille et avaient débouché sur quelques manquements mineurs, vite corrigés par la maison de négoce en question…»
- De quels moyens dispose la profession pour éviter de telles fraudes à l’étiquette ?
«Principalement la Résonnance Magnétique Nucléaire, ou RNM, utilisée par la répression des fraudes. A partir d’une banque de données, on parvient ainsi à retrouver dans le raisin des éléments propres à un terroir. C’est comme cela également qu’on peut vérifier la présence d’eau dans le vin ou les excès de chaptalisation. C’est en quelque sorte l’ADN d’un terroir, en particulier en Chardonnay…»
- Pensez-vous que cette affaire puisse avoir des répercussions sur les ventes à l’export ?
«C’est notre grande crainte effectivement, que cela fasse du bruit et qu’il se raconte tout et n’importe quoi ! Déjà dans un premier temps, depuis que l’affaire a été dévoilée, mais aussi au fil de l’enquête ou au moment du jugement. Pour nous, c’est un peu un fusil à plusieurs coups ! L’important étant de ne pas faire l’amalgame avec les 99,9 % de vignerons et négociants travaillant leur produit en toute transparence. Au total, 737 opérateurs adhérents à la FDAC, pour 38 millions de bouteilles vendues à l’année, dont un peu plus de 70 % à l’export…»
- Où en sont les marchés actuellement ?
«Même s’ils sont un peu redescendus, nous sommes toujours dans une moyenne haute, à 750 € la feuillette de chablis. Une situation qui nous convient bien, car elle évite aux opportunistes de vendre des bouteilles à bas prix ! Les prix se tiennent d’autant que, depuis 3 ans, nous n’avions plus de stock ! La parité actuelle Euro/Dollar nous est également plus favorable sur les marchés avec les Etats-Unis et va grossir forcément les volumes, même si la Grande Bretagne reste toujours leader en la matière à l’export…»
- Un mot sur l’état végétatif des vignes…
«Pour l’instant, on est bien ! Les vignes ont été longues à partir, mais depuis, ont connu une pousse régulière, avec un beau mois d’avril favorable. On a pris pas mal d’eau, mais sans incidence sur le développement de maladies cryptogamiques comme le mildiou ou l’oïdium… Par ailleurs, nous n’avons pas cette année, subi d’effets du gel »
- Et pour ce qui est de la flavescence dorée ?
«Toujours pas de symptômes apparus, dans l’Yonne, même si on est toujours dans un système de surveillance, sur la base du volontariat. Beaucoup de monde les deux premières années, comme à Préhy, où nous étions plus d’une quarantaine, à ausculter les ceps et on espère que les gens vont rester motivés. Mais la vigilance reste de mise, même s’il n’est pas nécessaire de traiter pour l’instant. Je trouve d’ailleurs que la Bourgogne dans son ensemble, a vraiment bien mesuré le sujet, avec une réelle volonté de la profession de traiter lorsque le Domaine est en péril, mais sans pression significative, avec juste le traitement nécessaire et bien ciblé. Et ça, c’est plutôt avant-gardiste, à l’inverse de ce qui se fait dans le sud par exemple, où l’on traite directement, sans trop se poser de questions…»
- La maladie de l’esca en revanche, est bien présente dans le chablisien…
«C’est un vrai problème, avec chaque année 2 à 3 % de ceps à remplacer, seul moyen de lutte aujourd’hui, contre la maladie, avec au final de 15 à
20 % de pieds qui ne produisent pas, le temps que les nouveaux arrivent à maturité. D’où la difficulté chaque année à faire les volumes, comme en 2014, où, en dépit d’une bonne récolte, on a fait 302 000 hl dans le chablisien, pour un potentiel de 320 000… Aujourd’hui, il y a une réelle prise de conscience nationale, à l’initiative d’ailleurs du BIVB, qui a poussé à ce que des fonds soient développés pour accélérer la recherche. Mais comme disait Coluche, «des chercheurs qui cherchent, c’est bien, des chercheurs qui trouvent, c’est mieux !»