Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA
«Le bio s’installe durablement dans nos assiettes»
Les derniers chiffres de l’Agence bio confirment l’engouement sans précédent des consommateurs français pour les produits issus de l’agriculture biologique. Dans un même temps, les conversions s’accélèrent. Retour sur les opportunités et les risques associés à une telle croissance pour la profession agricole.
- Peut-on dire encore aujourd’hui que le bio est un «marché de niche» ?
Etienne Gangneron : «Les derniers chiffres de l’Agence bio parlent d’eux-mêmes : un marché qui poursuit sa croissance à deux chiffres (+ 20 % au premier semestre 2016) et qui devrait atteindre près de 7 milliards d’euros d’ici la fin de l’année, plus d’un million d’hectares certifiés bio, 1 200 nouvelles entreprises bio sur les 6 premiers mois… le changement d’échelle est bel et bien confirmé ! La consommation de produits bio n’est plus l’affaire de quelques-uns : près de 9 Français sur 10 déclarent consommer des produits bio en 2015 selon un sondage IFOP. Ces chiffres confirment également une tendance structurelle. Les produits issus de l’agriculture biologique s’installent durablement dans nos assiettes. à nous, producteurs, de saisir cette chance de répondre à un marché porteur, plébiscité par un grand nombre de nos compatriotes».
- Quels sont les enjeux d’une telle croissance pour la profession agricole ?
EG : «Une croissance rapide s’accompagne bien souvent de nombreux défis qu’il convient de relever collectivement. L’un des risques pourrait être la déstructuration de certaines filières existantes. La première étape consiste donc à inciter les récents convertis à rentrer dans ces filières structurées, et ainsi protéger le marché des produits bio français. Le risque de dévaluation des produits bio est également présent. La politique du « prix le plus bas » menée par les enseignes de la distribution française, bio ou conventionnelle, pourrait bien mettre à mal l’ensemble de la filière. Le maintien d’un prix rémunérateur est indissociable du développement de filières bio pérennes. Par ailleurs, dans un contexte de crise, il est du devoir du syndicalisme de prévenir des éventuelles difficultés techniques de la conversion. Le passage d’une exploitation conventionnelle à une exploitation bio doit bien souvent se faire par paliers. L’accompagnement technique par le réseau des chambres d’Agriculture de ces nouveaux producteurs bio est primordial. Enfin, nous serons particulièrement attentifs à ce que le niveau d’aide aux producteurs bio soit équitable d’une région à l’autre et à la hauteur des objectifs de développement que le gouvernement s’est fixé».
- Peut-on en déduire que les agriculteurs bio ne connaissent pas la crise ?
EG : «Si dans certaines productions les prix sont au rendez-vous, dans d’autres les producteurs ne bénéficient pas toujours d’un prix rémunérateur. C’est par exemple le cas des œufs bio, pourtant plébiscités par le consommateur, ou de la viande bovine. De plus, l’année climatique que nous venons de vivre a été particulièrement dure en maraîchage, en viticulture et dans le secteur des grandes cultures biologiques. Les baisses de rendement ont été majeures... Si en 2015, 76 % des produits bio consommés en France étaient des produits d’origine française, la baisse de la production dans plusieurs secteurs pourrait entraîner un recours massif aux importations qu’il faut à tout prix éviter. Le consommateur devra être vigilant quant à la provenance des produits bio qu’il consomme !»
Etienne Gangneron : «Les derniers chiffres de l’Agence bio parlent d’eux-mêmes : un marché qui poursuit sa croissance à deux chiffres (+ 20 % au premier semestre 2016) et qui devrait atteindre près de 7 milliards d’euros d’ici la fin de l’année, plus d’un million d’hectares certifiés bio, 1 200 nouvelles entreprises bio sur les 6 premiers mois… le changement d’échelle est bel et bien confirmé ! La consommation de produits bio n’est plus l’affaire de quelques-uns : près de 9 Français sur 10 déclarent consommer des produits bio en 2015 selon un sondage IFOP. Ces chiffres confirment également une tendance structurelle. Les produits issus de l’agriculture biologique s’installent durablement dans nos assiettes. à nous, producteurs, de saisir cette chance de répondre à un marché porteur, plébiscité par un grand nombre de nos compatriotes».
- Quels sont les enjeux d’une telle croissance pour la profession agricole ?
EG : «Une croissance rapide s’accompagne bien souvent de nombreux défis qu’il convient de relever collectivement. L’un des risques pourrait être la déstructuration de certaines filières existantes. La première étape consiste donc à inciter les récents convertis à rentrer dans ces filières structurées, et ainsi protéger le marché des produits bio français. Le risque de dévaluation des produits bio est également présent. La politique du « prix le plus bas » menée par les enseignes de la distribution française, bio ou conventionnelle, pourrait bien mettre à mal l’ensemble de la filière. Le maintien d’un prix rémunérateur est indissociable du développement de filières bio pérennes. Par ailleurs, dans un contexte de crise, il est du devoir du syndicalisme de prévenir des éventuelles difficultés techniques de la conversion. Le passage d’une exploitation conventionnelle à une exploitation bio doit bien souvent se faire par paliers. L’accompagnement technique par le réseau des chambres d’Agriculture de ces nouveaux producteurs bio est primordial. Enfin, nous serons particulièrement attentifs à ce que le niveau d’aide aux producteurs bio soit équitable d’une région à l’autre et à la hauteur des objectifs de développement que le gouvernement s’est fixé».
- Peut-on en déduire que les agriculteurs bio ne connaissent pas la crise ?
EG : «Si dans certaines productions les prix sont au rendez-vous, dans d’autres les producteurs ne bénéficient pas toujours d’un prix rémunérateur. C’est par exemple le cas des œufs bio, pourtant plébiscités par le consommateur, ou de la viande bovine. De plus, l’année climatique que nous venons de vivre a été particulièrement dure en maraîchage, en viticulture et dans le secteur des grandes cultures biologiques. Les baisses de rendement ont été majeures... Si en 2015, 76 % des produits bio consommés en France étaient des produits d’origine française, la baisse de la production dans plusieurs secteurs pourrait entraîner un recours massif aux importations qu’il faut à tout prix éviter. Le consommateur devra être vigilant quant à la provenance des produits bio qu’il consomme !»