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Point de vue

Lait : faut-il 500 vaches pour s’en sortir ?

Copier le modèle allemand est-elle la solution de notre production laitière ? Une éleveuse côte d’orienne livre son ressenti.
Par Ma signature
Lait : faut-il 500 vaches pour s’en sortir ?
Les exploitations de Côte d’Or courbent le dos en cette fin d’année et le système laitier n’est pas épargné. Faudra-t-il passer par le modèle outre-Rhin et ses grands troupeaux pour un quotidien plus serein ? Nathalie Mairet, éleveuse à Talmay et administratrice FNPL, accepte de donner son point de vue : «Non ! L’Allemagne et ses 500 vaches laitières en moyenne par exploitation n’est pas un modèle que les producteurs de lait doivent copier. Premièrement, parce que nos deux pays ne possèdent pas les mêmes types de transformations et de filières laitières. L’Allemagne se trouve essentiellement positionnée sur des produits transformés que l’on pourrait assimiler à de la «grosse cavalerie» comme l’Emmental, le gouda, la poudre de lait… Avec des valorisations peu importantes, les entreprises misent sur le volume pour s’en sortir et également sur l’export. Par contre, il n’y a pas une organisation de la distribution comme dans notre pays, où la toute puissante GMS dicte sa loi et surtout ses prix. La concurrence est moins rude au niveau des enseignes et des entreprises ce qui évite aux producteurs d’être la variable d’ajustement financière de la filière. Concernant les règles sociales, fiscales et administratives, la France est à la ramasse ! Ses charges plombent notre compétitivité alors qu’en Allemagne, la liberté d’entreprendre est le leitmotiv. Nous n’avons pas besoin de copier le modèle allemand pour nous en sortir, nous possédons plus d’atouts qu’eux en terme de production laitière : une filière diversifiée, valorisante sur de nombreux produits, une consommation de produits laitiers par habitant la plus élevée au monde, une culture de la gastronomie qui s’exporte…
Il nous manque seulement un réel retour de valeur ajoutée sur les deux tiers des 24 milliards de litres de lait, produits et consommés dans notre pays, une révision des règles fiscales et sociales ainsi qu’une administration qui nous libèrerait de ses carcans et défendrait l’intérêt des gens qui travaillent plutôt que les idéologies «d’antitouts» aux cheveux sales !
La FNPL travaille sur ces sujets et en particulier, dans la continuité de la table ronde du 24 juillet, sur un retour de valorisation pour 2016, sur l’ensemble des produits laitiers fabriqués et consommés en France, car il y a urgence pour les producteurs laitiers français et rassurons-nous, les producteurs allemands ne sont pas dans une situation bien plus enviable».