Sécheresse
La tête dans le guidon, même après les moissons
La récolte des cultures d’hiver a beau se terminer, le quotidien des agriculteurs est toujours aussi tendu. Rencontre avec un agriculteur.

Facture de 336 euros TTC, emplette de circonstance. A la coopérative Bourgogne du Sud à Bligny-sur-Ouche, Mathieu Labonde vient d’effectuer un achat directement lié à la sécheresse. «L’eau commence sérieusement à manquer dans les prés, j’avais besoin d’un bac d’eau supplémentaire. Nous sommes toujours tributaires du climat mais là, ça devient vraiment difficile avec tout ce que cette chaleur engendre» signale l’agriculteur du village d’Auxant. Ses vaches le monopolisent chaque jour depuis plusieurs semaines. «Je n’ai pas la chance d’avoir beaucoup de sources dans mes prés, le peu que j’ai commencent à lâcher, il faut s’adapter en ces temps très chauds. Il paraît qu’une vache peut boire jusqu’à 100 litres d’eau par jour... Il faut les alimenter en conséquence. En ce qui concerne l’alimentation, ça fait déjà un mois que je leur apporte du fourrage, je tape déjà dans les stocks de cette année !» poursuit le jeune Côte d’orien âgé de 30 ans. Ses bovins souffrent indéniablement de la chaleur : «j’ai des vaches à l’engraissement sous les bâtiments, certaines ont vraiment mal à supporter la canicule, on le voit facilement à leur comportement» confie Mathieu Labonde.
Panique dans les panouilles
Les cultures font grise mine elles aussi : «le pire est sans doute le maïs ensilage, il devrait être plus grand que moi aujourd’hui, c’est loin d’être le cas.... Je commence à me poser des questions sur son devenir. Si le sec persiste, il n’y aura pas de panouilles, pas de grains. Il sera très pauvre en amidon et il faudra complémenter les vaches cet hiver, d’où des frais supplémentaires. C’est un problème de taille car le maïs ensilage représente une grande part dans l’alimentation de mes Charolais. On s’en passerait
bien vu l’état des trésoreries. D’habitude, je peux viser environ 35 tonnes de matière sèche à l’hectare. Là, une baisse de plus de 70% semble malheureusement se profiler». Les orges de printemps s’annoncent également catastrophiques, l’agriculteur redoute d’ailleurs un rendement inférieur à 15q/ha. Son mélange féverole/pois fourrager n’est guère mieux loti.
Apache, le mauvais choix
Mathieu Labonde retient tout de même la moisson «correcte» de ses cultures d’hiver : «l’orge a été bonne avec une moyenne de 80q/ha. J’ai même dépassé les 90q/ha sur une parcelle, c’est la bonne surprise de cette campagne. Le colza s’est terminé sur une moyenne de 29q/ha. Quant au blé, c’est plutôt décevant avec 60q/ha. Cette année, j’avais mis 70% de ma sole en variété Apache. Ses semences étaient les seules qui étaient intactes suite à la germination de l’an passé. J’ai finalement payé cher ce choix d’une variété tardive car elle a souffert du sec. Sy Moisson et Calabro, mes deux autres variétés de blé, donnent de meilleurs résultats». Si la quantité n’est pas au rendez-vous, la qualité l’est particulièrement avec une teneur en protéines variant de 12,7 à 13 et des poids spécifiques se hissant jusqu’à 85 : des scores presque inédits sur cette exploitation de polyculture-élevage dans laquelle travaille également Patrice Gagnepain.
Échanges paille-fumier
A Auxant, la récolte de fourrages s’est avérée correcte avec des rendements d’environ 3,5 tonnes de foin à l’hectare, la paille variant de 2,5 à 5 t/ha. «J’ai même eu la chance d’aller faucher une parcelle à 7t/ha dans la plaine, ça peut m’être très utile pour ces prochains mois» note Mathieu Labonde. Le jeune agriculteur terminait d’ailleurs son dernier pressage la semaine dernière chez Xavier Germain, un autre JA chez qui Mathieu Labonde a pris l’habitude de s’approvisionner : «Xavier habite Painblanc, tout près de chez moi, c’est très pratique et économique pour les transports. J’échange du fumier contre de la paille depuis quatre ans. Il avait besoin de baisser ses charges d’intrants, moi, j’avais besoin de fibres pour l’hiver. Comment procédons nous ? Nous échangeons généralement 1,7 tonne de fumier contre une tonne de paille sur champ. Nous nous adaptions facilement selon nos besoins respectifs de chacun, en fonction des saisons».
Panique dans les panouilles
Les cultures font grise mine elles aussi : «le pire est sans doute le maïs ensilage, il devrait être plus grand que moi aujourd’hui, c’est loin d’être le cas.... Je commence à me poser des questions sur son devenir. Si le sec persiste, il n’y aura pas de panouilles, pas de grains. Il sera très pauvre en amidon et il faudra complémenter les vaches cet hiver, d’où des frais supplémentaires. C’est un problème de taille car le maïs ensilage représente une grande part dans l’alimentation de mes Charolais. On s’en passerait
bien vu l’état des trésoreries. D’habitude, je peux viser environ 35 tonnes de matière sèche à l’hectare. Là, une baisse de plus de 70% semble malheureusement se profiler». Les orges de printemps s’annoncent également catastrophiques, l’agriculteur redoute d’ailleurs un rendement inférieur à 15q/ha. Son mélange féverole/pois fourrager n’est guère mieux loti.
Apache, le mauvais choix
Mathieu Labonde retient tout de même la moisson «correcte» de ses cultures d’hiver : «l’orge a été bonne avec une moyenne de 80q/ha. J’ai même dépassé les 90q/ha sur une parcelle, c’est la bonne surprise de cette campagne. Le colza s’est terminé sur une moyenne de 29q/ha. Quant au blé, c’est plutôt décevant avec 60q/ha. Cette année, j’avais mis 70% de ma sole en variété Apache. Ses semences étaient les seules qui étaient intactes suite à la germination de l’an passé. J’ai finalement payé cher ce choix d’une variété tardive car elle a souffert du sec. Sy Moisson et Calabro, mes deux autres variétés de blé, donnent de meilleurs résultats». Si la quantité n’est pas au rendez-vous, la qualité l’est particulièrement avec une teneur en protéines variant de 12,7 à 13 et des poids spécifiques se hissant jusqu’à 85 : des scores presque inédits sur cette exploitation de polyculture-élevage dans laquelle travaille également Patrice Gagnepain.
Échanges paille-fumier
A Auxant, la récolte de fourrages s’est avérée correcte avec des rendements d’environ 3,5 tonnes de foin à l’hectare, la paille variant de 2,5 à 5 t/ha. «J’ai même eu la chance d’aller faucher une parcelle à 7t/ha dans la plaine, ça peut m’être très utile pour ces prochains mois» note Mathieu Labonde. Le jeune agriculteur terminait d’ailleurs son dernier pressage la semaine dernière chez Xavier Germain, un autre JA chez qui Mathieu Labonde a pris l’habitude de s’approvisionner : «Xavier habite Painblanc, tout près de chez moi, c’est très pratique et économique pour les transports. J’échange du fumier contre de la paille depuis quatre ans. Il avait besoin de baisser ses charges d’intrants, moi, j’avais besoin de fibres pour l’hiver. Comment procédons nous ? Nous échangeons généralement 1,7 tonne de fumier contre une tonne de paille sur champ. Nous nous adaptions facilement selon nos besoins respectifs de chacun, en fonction des saisons».