La solidarité est dans les prés
La vaccination des bovins se poursuit en Côte-d'Or, sur la zone régulée. Mais comme beaucoup d'entre eux sont encore en prairies, il a fallu trouver en urgence du matériel de contention. Retour sur une opération solidaire qui porte ses fruits.
Même si l'exportation de bovins est à nouveau autorisée depuis le 1er novembre, la Dermatose nodulaire contagieuse (DNC), détectée dans le Jura, impose toujours ses contraintes sur la zone régulée en Côte-d'Or, qui couvre 104 communes du sud-est du département. Dans ce périmètre, c'est toujours l'interdiction des mouvements de bovins qui prévaut et cela complexifie les opérations de vaccination. De nombreux animaux sont encore au pré et pour permettre aux vétérinaires de procéder aux injections, il était indispensable de pouvoir disposer de matériel de contention. Malheureusement, tous les éleveurs concernés n'en possédaient pas. C'est pourquoi le GDS de Côte-d'Or a, dès le 20 octobre, imaginé un système reposant sur la solidarité d'éleveurs ou d'organisme agricoles possédant ces équipements, afin qu'ils les prêtent aux agriculteurs obligés de vacciner dans les pâtures.
Un défi logistique
Une fois le principe établi, il a fallu le mettre en œuvre sur un plan logistique, ce qui n'était pas simple. Il fallait en effet pouvoir stocker ces matériels sur des lieux hors élevages, à la fois sécurisés et facilement accessibles pour les éleveurs en ayant besoin. « Nous avons soumis l'idée à nos élus qui ont dit « banco ! », explique Gilles Rabu, du GDS 21. Après, il fallait réfléchir aux moyens de transporter les équipements au plus près des zones qui en avaient besoin et aux possibilités de les stocker. C'est là que ma collègue, Virginie Pabiou, a eu l'idée de contacter Dijon Céréales qui est la seule structure à disposer de tels sites. Ils nous ont suivis… » Dijon Céréales, par l'intermédiaire de sa filiale Logivia, a assuré le transport de ces équipements sur les sites sécurisés où ils sont mis en dépôt. Ainsi, du matériel est prépositionné sur les zones qui en ont besoin. Les chefs de silos de la coopérative gèrent la perception et le retour des équipements par les agriculteurs, mais les réservations du matériel et la gestion des plannings de disponibilité sont du ressort du GDS 21. « Nous avons à disposition 7 couloirs de contention et 2 râteliers cornadis, précise Gilles Rabu. Ils sont placés en dépôt sur trois sites de Dijon Céréales en zone réglementée (à Pontailler-sur-Saône, Auxonne et Pagny). Des GDS de toute la Côte-d'Or ont prêté du matériel (GDS du Châtillonnais, de Pouilly-en-Auxois) et à cela s'ajoutent deux couloirs de contention prêtés, à titre individuel, par deux éleveurs du canton de Sombernon. » La réponse à l'appel du GDS de Côte-d'Or a même dépassé les frontières départementales puisqu'un couloir de contention a notamment été prêté par le GDS de l'Aube. De son côté, le GDS de la Haute-Saône semble avoir adopté une stratégie similaire à celle de la Côte-d'Or pour venir en aide à ses éleveurs, avec une dizaine de couloirs de contention mis en prêt là aussi.
16 200 bêtes à vacciner
« Il faut se souvenir, rappelle Gilles Rabu, que cet été les Savoies avaient aussi bénéficié de la solidarité nationale avec la fourniture de pots trayeurs ou les couloirs de contention. » Cette solidarité est en tout cas un vrai facteur de réussite face à l'ampleur du travail à réaliser que le technicien du GDS 21 rappelle : « Sur la zone réglementée de Côte-d'Or, il y a 164 ateliers bovins à vacciner pour un total de 16 200 animaux. Au 30 octobre, plus de 20 % de ces animaux avaient été vaccinés. Dans la zone régulée, on a beaucoup d'éleveurs allaitants et les animaux encore sont plus souvent dehors. Très peu sont actuellement en bâtiments. D'où l'importance de ces équipements de contention. »
L'Italie accepte les animaux vaccinés
Premier débouché français pour l’export de bovins vifs, l’Italie a donné son accord pour recevoir des animaux vaccinés contre la DNC, a indiqué le ministère de l’Agriculture le 3 novembre. À ce stade, seuls les animaux de la première zone réglementée dans les Savoies, levée le 22 octobre, sont vaccinés et peuvent être exportés. Les bovins des quatre autres zones réglementées sont aussi soumis à vaccination, mais ils ne peuvent être exportés qu’après la levée de la zone réglementée. L’Italie a demandé des « conditions sanitaires assez contraignantes, mais atteignables », précise la Rue de Varenne. Parmi ces conditions requises par la réglementation européenne figurent un délai de 28 jours minimum après vaccination, la vaccination de tout le cheptel dont les animaux sont issus, ainsi que des conditions d’immunité collective de toute la zone. En 2024, la France a expédié vers l’Italie 778 000 bovins maigres (surtout des broutards). « Nous attendons encore à ce jour l’accord de l’Espagne », deuxième débouché avec 109 000 têtes, ajoute le ministère. Selon le dernier bilan au 3 novembre, la France comptait 96 foyers de DNC (dans 64 élevages) depuis l’apparition de la maladie, fin juin.