La rentrée s’annonce agitée
Prix en berne, mauvaise récolte, charges qui explosent, pression réglementaire et nouveaux abus environnementaux (voir encadré). Le cocktail est explosif et la situation de bon nombre d’exploitations nivernaises se tend irrémédiablement. Elevage, grandes cultures : même constat. L’automne syndical sera rude.
C’est la FNB qui a ouvert le bal pas plus tard qu’en ce début de semaine. En région Parisienne, à Vitry sur Seine, une première alerte a été lancée à la grande distribution, au travers d’une action menée chez le plus grand fossoyeur que l’agriculture française ait connu : Michel Edouard Leclerc. Parmi les 160 manifestants présents sur Paris à l’appel de la FNB, une vingtaine de Nivernais, partis aux aurores de leurs exploitations.
Des CRS dans les frigos : L’État semble avoir fait son choix !
A 10h00, ils pénètrent dans une des plus grandes GMS d’Ile de France : Les dirigeants du magasin refusent l’accès aux frigos. Les éleveurs décident d’y pénétrer tout de même après avoir constaté un approvisionnement en viande bovine étrangère très répandu. Et là surprise ! Terrés dans les chambres froides, des CRS font irruption, s’opposant à l’entrée des éleveurs. S’en suivent quelques moments de flottement : Une lance incendie est saisie, les CRS sont copieusement arrosés, juste le temps de constater qu’au travers de ce simulacre de protection, l’État envoie un signal clair : Leclerc est protégé, les éleveurs et les consommateurs cocufiés ! Même constat d’ailleurs, quelques heures plus tard à Ivry sur Seine, au siège de l’enseigne. Là encore la force publique se déploie en masse pour protéger une direction affirmant qu’elle découvre la situation délicate des exploitations d’élevage allaitant. Cette même direction qui préalablement à l’action enclenchée par la FNB avait pris soin de «congeler» une compagnie de CRS dans ses chambres froides … Cherchez l’erreur !
Face à ce triste constat «d’enfumage» d’un gouvernement empêtré dans des querelles d’un niveau équivalent à la médiocrité de son action politique, les éleveurs savent désormais que la clef du remède ne pourra être trouvée qu’au travers d’une mobilisation forte dès les prochaines semaines : Les GMS confisquent la marge, il faudra par conséquent aller la chercher là où elle se trouve ! Et aussi rappeler à ses responsabilités l’aval de la filière qui baisse si aisément son pantalon devant les pressions commerciales de la grande distribution. En bout de chaîne, ce ne sont autres que les éleveurs qui trinquent. Alors oui, l’automne sera chaud ! Et ce ne sera pas dans la cour de l’exploitation que les éleveurs iront chercher des solutions.
Grandes cultures : Constat d’urgence similaire !
Des solutions, il sera aussi nécessaire d’en apporter aux producteurs de grandes cultures. Certes la météo aura joué des tours de cochon tout au long de l’été, sacrifiant la qualité d’une récolte qui s’annonçait quantitativement prometteuse. Mais à y regarder de plus près, les caprices du temps ne peuvent être considérés comme étant les seuls responsables du marasme auquel les céréaliers de notre zone intermédiaire sont confrontés. Des cours au plus bas, des céréales déclassées, et en toile de fond, avec effet immédiat dès 2015, une PAC détricotée. Le ministre de l’agriculture, de fait, avait considéré les céréaliers comme étant les nantis de la profession. Mais la réalité de l’économie et de la production s’est chargée de rattraper ces préjugés. Déjà en 2013 les revenus céréaliers avaient été largement impactés par une conjoncture défavorable, ceux-ci demeurant inférieurs de plus de 20 % au revenu agricole moyen. Et 2014 va en remettre une couche. Les banques constatent d’ores et déjà l’urgence de trésorerie, des courts termes sont mis en place, mais cette campagne 2014 semble avoir fragilisé la structure même des exploitations céréalières. C’est ainsi que la section grandes cultures de la FDSEA de la Nièvre, puis celle de la FRSEA Bourgogne ont d’ores et déjà enclenché des actions de lobbying pour obtenir la mise en place de Fond d’Allègement des Charges (FAC) et d’exonération de Taxe sur le Foncier Non Bâti (TFNB). Et des actions syndicales suivront dans les prochains jours.
Aussi, face à cette conjoncture dégradée et à l’état d’urgence dans l’intégralité des productions, la FDSEA lance un appel singulier à toutes celles et ceux, qui confortablement nichés dans leurs bureaux entendent dans les prochains mois dicter la marche à suivre aux paysans en matière réglementaire, en matière de contrôles PAC ou encore en matière environnementale. Attention ! La colère qui ronge le monde paysan est sourde mais bien réelle. Et l’heure ne semble plus être à la passivité face au rouleau compresseur des filières et de la suradministration du métier. L’automne s’annonce agité c’est un fait. Mais pas besoin de remettre de l’huile sur le feu.
Abus environnementaux : «Sournoiserie», c’est le mot !
Le 25 juillet dernier, à la surprise de tous, une nouvelle cartographie prévoyant l’extension de la zone vulnérable à 81 communes du département a été divulguée, et ce sans la moindre concertation préalable avec la profession agricole. Typiquement le genre de fait qui excède et qui contribue à exacerber la colère paysanne. Ce sujet a été mis à l’ordre du jour d’une rencontre prévue le 1er septembre prochain entre la FDSEA et l’administration Nivernaise. Affaire à suivre.