La Région en quête d'une confiance perdue
Lors de la journée consacrée à la Bourgogne-Franche-Comté, au SIA de Paris, le 26 février, la Région, par la voix de sa présidente, a tenté de corriger une image bien abîmée auprès des agriculteurs depuis deux ans. Mais le message passe difficilement…

S'ils ne sont pas « LA » vérité, mais une part de celle-ci, les réseaux sociaux sont néanmoins des thermomètres qui renseignent sur un niveau de malaise. Les réactions générées par les vidéos montrant, sur la page Facebook de Terres de Bourgogne, la visite de Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) au Salon de l'Agriculture, le 26 février, sont, de ce point de vue, assez parlantes. Celles et ceux qui ont choisi de les commenter n'ont pas été tendres avec l'élue ni, à travers elle, envers la collectivité qu'elle représente. Le torchon brûle depuis deux ans entre la Région et le monde agricole, autour de la gestion des aides européennes déléguées aux Conseils régionaux. Des retards ont été pris dans le traitement des dossiers, plaçant des exploitations dans des situations délicates ou les contraignant à repousser ou annuler des investissements.
Exercice d'autocritique
Malgré le secours de l'État, le fait est que certains problèmes ne sont toujours pas résolus (voir la lettre ouverte de la FDSEA et de JA 21 ci-dessous). Dans ce contexte Marie-Guite Dufay est intervenue, sur le stand régional, au Salon de l'Agriculture. Elle s'y trouvait en compagnie d'Annie Genevard, ministre de l'Agriculture et élue du Doubs. La présidente de Région s'est livrée à un exercice d'autocritique : « je reconnais notre part de responsabilité dans les problèmes qui se sont posés sur la gestion du Feader. Mais nous avons eu affaire à une multiplicité de mauvaises circonstances avec, je le maintiens, un transfert depuis l'État qui ne s'est pas passé comme il aurait dû. » Malgré tout, Marie-Guite Dufay salue les bonnes relations avec les services de l'État qui ont permis de trouver des solutions. Elle insistait aussi sur d'autres aspects, plus positifs : « Sur la DJA, les choses sont fluides désormais et je m'en réjouis. Sur l'ancienne programmation (RDR 3) nous serons au rendez-vous du mois de juin et donc aucun financement ne repartira à Bruxelles. En revanche, la nouvelle programmation (RDR 4) va devenir le grand sujet de préoccupation. Il y a encore de l'engorgement mais les engagements que nous avons pris en décembre, pour que plus de 1 000 dossiers soient conventionnés en 2025, sont en train de se mettre en place progressivement. À partir de juin, on entrera dans un autre système et la fluidité pourra être au rendez-vous. Il nous faudra néanmoins rapidement remonter ensemble à Bruxelles pour préparer la prochaine programmation sur laquelle nous devons anticiper ».
Rebâtir un lien
Pour conclure, la présidente de Région demeure consciente que reconstruire la confiance ne se décrète pas : « pour retrouver la confiance il faut la travailler et je sais combien la distance s'est instaurée entre certains et la Région du fait des retards constatés. À nous de rebâtir ce lien, parce que sans confiance on ne construit rien, mais l'envie doit être des deux côtés. Il faut quand même regarder le chemin parcouru ».
Des éléments dans la balance de la confiance
Marie-Guite Dufay a insisté, lors de l'inauguration, sur la nécessité de retisser un lien de confiance avec le monde agricole. Dans ce but, elle fait quelques rappels et annonces :
- « un retour à un rythme de croisière de programmation à l'été »
- « un travail à mener ensemble sur la revoyure des grilles de sélection, trop complexes et parfois, inadaptées. La région se mettra autour de la table avec les nouveaux élus pour avancer sur le sujet. On n'abandonnera pas, pour autant, la sélectivité des grilles parce que nous partageons tous les objectifs de soutenir les dossiers écologiquement vertueux, mais il faut aller vers une plus juste rémunération des agriculteurs. Nous ferons donc tout notre possible pour trouver, dans l'évolution des grilles, les moyens d'y parvenir »
- « lever les freins qui empêchent de déposer des dossiers, notamment pour la filière avicole que je rencontrerai bientôt »
- « En attendant les nouvelles grilles nous ferons tout notre possible, par voie d'arrêtés, pour simplifier les démarches administratives de nos appels à projets »
- « nous avons lancé un plan d'engraissement en viande bovine. Fin mars, 70 éleveurs auront été accompagnés dans ce cadre »
- « nous avons ouvert l'aide à l'achat de reproducteurs en moutons Charollais afin d'améliorer les performances génétiques des troupeaux. 29 exploitations ont été soutenues pour près de 70 000 euros »
- « La Région soutient les investissements dans les petits équipements, non concernés par le Feader. Une aide bientôt élargie aux investissements liés à la transformation de produits agricoles à la ferme »
- « soutien aux projets collectifs en agriculture biologique »
- « extension de l'expérimentation Relocalisation des achats de denrées alimentaires (Rada) à tous les lycées de BFC afin d'atteindre l'objectif de 75 % d'alimentation bio et locale dans les cantines »