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Productions végétales

La récolte 2016 touche à sa fin

Un agriculteur de la Vallée de l’Ouche évoque ses dernières récoltes et parle de son métier.
Par Aurélien Genest
La récolte 2016 touche à sa fin
Alexandre Noirot et le technicien de Dijon Céréales Jean-Louis Decosne.
Blé, orge, colza, seigle et maintenant tournesol : tout est désormais fauché sur les 300 hectares de l’EARL de la Chassagne. Alexandre Noirot récoltait son tournesol jeudi et vendredi derniers à Saint-Marie-sur-Ouche, à proximité de Pont-de-Pany. «Du tournesol, nous en faisons en moyenne tous les deux ans sur une quinzaine d’hectares, nous prenons la décision d’en implanter selon les cours et les opportunités. Les très bonnes années, nous pouvons espérer 35q/ha. Ce résultat est toujours mieux que celui du blé !» commente le jeune producteur de 29 ans, en société avec ses parents et son oncle.

Un rendement inédit
Comme un peu partout en Côte d’Or, c’est bien le blé qui a été le plus décevant cette année sur les terres de l’EARL de la Chassagne. «C’est effectivement cette culture qui s’est le moins bien comportée chez nous, je pense que c’est un peu pareil un peu partout dans le département. Avec 38q/ha sur 80 hectares, c’est du jamais vu par ici. Le blé se trouvait dans les meilleures terres de la ferme et n’a pas du tout supporté l’humidité. La floraison s’était aussi très mal passée» déplore l’agriculteur. Une autre culture en revanche a «tenu le coup» : le colza d’hiver avec 38q/ha. «Là, c’est assez exceptionnel» relève Alexandre Noirot. Un suivi très pointilleux de cette culture s’est avéré particulièrement payant: «nous suivons le colza de très près et la majorité de nos interventions se déroulent de nuit, je pense que cela a joué sur le résultat. Les spores des plantes s’ouvrent le soir et se referment le matin: c’est durant cette période que nous faisons le choix d’appliquer les différents produits phytosanitaires. Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec Jean-Louis Decosne, technico-commercial à Dijon Céréales, qui nous renseigne précisément à chaque fois que nous en avons besoin». Alexandre Noirot se dit également attentif à la bonne santé des abeilles autour de ses champs de colza: «ces insectes sont à la base de toute la pollinisation. J’invite des apiculteurs à installer des ruches à proximité des cultures depuis maintenant trois ans». D’après certaines études, un, deux, voire trois quintaux supplémentaires à l’hectare seraient techniquement possibles avec une grande présence d’abeilles : «cela ne m’étonne pas et ce facteur a peut-être lui aussi joué un rôle cette année» confie le Côte d’orien.

Place aux semis
L’heure est désormais à l’implantation des cultures d’hiver. Le colza, implanté fin août, a déjà livré son lot de péripéties : «vingt-huit des 64 hectares ont dû être ressemés, la faute à des germes qui avaient sévèrement séché... Les cultures sont aujourd’hui très homogènes au sein d’une même parcelle mais malheureusement pas toujours très belles». L’orge d’hiver a été implantée quelques jours avant la récolte du tournesol. Le blé, lui, l’a normalement été en ce début de semaine. Comme tous les agriculteurs, Alexandre Noirot espère une campagne 2017 bien meilleure que les précédentes. C’est avec une très grande attention qu’il suit chaque matin les prévisions des récoltes mondiales et l’évolution des cours sur internet : «c’est une habitude que j’ai prise depuis mon installation en 2010, me connecter sur Agritel est la première chose que je fais en me levant. Je regarde les cours des céréales, mais aussi le niveau des intrants, de l’ammonitrate... Nous essayons de tout raisonner ensemble, en famille. Toute décision est prise collectivement, que ce soit les achats de matériels, d’approvisionnements ou de vente de céréales. La production mondiale, je la suis également. Le niveau des cours en dépend. A priori, le cours du colza pourrait remonter car le fioul est annoncé à la hausse. Nous attendons des prévisions de la récolte de maïs en Amérique, elles détermineront l’évolution du prix du blé. C’est malheureux de le dire, mais il faut souhaiter une mauvaise récolte quelque part dans le monde pour espérer une amélioration des cours».

Des choix politiques
Passionné par son métier, Alexandre Noirot demeure toutefois frustré par l’évolution des métiers agricoles : «en étant presque obligés de vendre ou d’acheter à des moments opportuns, nous sommes quelque part des joueurs de loto, cela devient grave. Les choix peuvent être très bons ou très mauvais. Notre métier, à la base, consiste à cultiver. Aujourd’hui, on nous demande de faire ce tâche très particulière, mais aussi d’être aux normes, de réaliser de plus en plus de travail administratif et j’en passe».
La France est «au plus bas au niveau politique» selon Alexandre Noirot : «j’attends des choix politiques forts en faveur de notre agriculture. Plusieurs pays européens vont gagner en soutiens, contrairement à nous. En France, nous avons des normes sur les produits phytosanitaires que les autres pays n’ont pas. Il n’est pas normal que ces réglementations ne soient pas généralisées partout. Elles nous pénalisent très fortement. Les pays de l’Est, qui n’ont pas les mêmes contraintes que nous, ont inondé le marché du blé la récolte précédente. Je crains fort qu’ils recommencent cette année».

Enquête terrain de la Chambre d’agriculture

La Chambre d’agriculture de Côte d’Or mène une enquête terrain comme à chaque récolte. à la date du 11 octobre, sept agriculteurs avaient envoyé leurs résultats de tournesol. Un rendement moyen de 26,8 q/ha était obtenu sur un total de 9 parcelles, correspondant à une surface de 121 hectares majoritairement en sols  moyens à profonds. En comparaison, les dernières moyennes étaient de 15q/ha en 2015, 25q/ha en 2014, 22q/ha en 2013 et 31q/ha en 2012. Huit agriculteurs avaient répondu à l’enquête soja à la même date, pour un total de 11 parcelles sur des sols principalement profonds. Un rendement pondéré de 29,8 q/ha était enregistré.