La recherche progresse face à la jaunisse de la betterave
Lancé en 2020, le Plan national de recherche et d’innovation (PNRI) qui vise à trouver des solutions alternatives à l’usage de néonicotinoïdes, livre ses premiers résultats.

Comme l’a indiqué Christian Huyghe, directeur scientifique Agriculture de l’Inrae, « nous avons une obligation de résultat de sortir des néonicotinoïdes pour les semis 2024 ». La dérogation accordée à leur usage ne sera pas renouvelée à cette date. À l’issue d’une première année de recherches conduites par l’Institut national de la recherche agronomique, de l’alimentation et de l’environnement (Inrae) et de l’Institut technique de la betterave (ITB), des possibilités commencent à se dessiner. Sur la vingtaine de projets retenus, trois pourraient se révéler prometteurs.
Mieux connaître les populations de virus
Le premier, appelé Provide, permet de mieux connaître les populations de virus responsables de la jaunisse de la betterave sucrière. On en dénombre quatre qui sont transmis par des pucerons. Le décryptage du génome de ces virus permet d’envisager une stratégie de protection croisée, une sorte de vaccination par un variant moins virulent qui conférerait à la betterave infectée la capacité de se défendre contre des virus plus agressifs. Le deuxième projet, du nom de Sepim, est dédié à la surveillance, l’évaluation et à la prévision des vols de pucerons en fonction de l’environnement dans lequel ils se trouvent. Les chercheurs s’attachent à mettre en place les outils de prédiction des vols de pucerons, à identifier les facteurs de risque favorisant leur présence et le développement de la jaunisse (climat, pratiques agricoles, paysage), à caractériser les facteurs d’efficacité des produits de lutte et à estimer la sévérité de la jaunisse par des images satellitaires. L’espoir est de mieux prédire l’arrivée des pucerons et l’intensité des vols afin d’accroître l’efficacité des mesures de traitement et la mise en œuvre de stratégies de prophylaxies.
Plantes compagnes
Enfin, le troisième projet, celui des plantes compagnes, vise à limiter les populations de pucerons. Dans le réseau des Fermes pilotes d’expérimentations, les partenaires du PNRI ont testé l’association de plantes (avoine, orge, vesce, féverole, pois) avec la betterave de façon à évaluer leur intérêt pour limiter les infestations de pucerons et les pertes de rendement associées à la jaunisse. Ces plantes compagnes ont été semées en même temps que les betteraves ou quelques semaines avant, puis détruites. La majorité des essais fait ressortir un impact significatif de l’avoine sur les populations de pucerons. Mais les observations réalisées quant à la réduction des symptômes de jaunisse et aux pertes de rendement associées à la concurrence avec les plantes compagnes varient beaucoup selon les essais. À l’issue de ces travaux de recherches, les scientifiques reconnaissent qu’« il n’y a pas de solutions miracle à ce jour ». Les premiers résultats annoncés restent encore à confirmer en 2022 et 2023. « L’espoir pour 2024 réside désormais dans la combinaison de différents leviers », note Christian Huyghe. « La filière betteravière met également beaucoup d’espoirs dans la génétique, mais il faut au préalable que la pression des bioagresseurs soit contenue », précise pour sa part Alexandre Quillet, président de l’ITB.