La qualité, à défaut de la quantité

«Les gars y’on point d’sous, vont point ach’ter d’veaux… !» Cette réflexion d’un morvandiau pure souche, entendue dans les allées, pourrait résumer à elle seule le climat quelque peu morose dans lequel s’est déroulé le concours d’Avallon dévolu à la race charolaise. Ils étaient 14 éleveurs à concourir cette année, contre 21 il y a deux ans. À peine plus de 70 animaux présentés, contre plus d’une centaine lors de la dernière édition, en 2014. Des chiffres qui trouvent leur explication dans la crise que traverse aujourd’hui toute la sphère agricole, selon Michel Chevreux, figure historique et cheville ouvrière du concours : «les jeunes ont moins d’allant aujourd’hui pour participer à ce type d’évènement et le marasme économique de l’élevage n’arrange rien. Préparer des animaux de concours coûte cher, ça prend du temps, pour des retombées qui ne sont pas toujours assurées. Au Marault, il y a un mois, on comptait moitié moins d’animaux en moins. Ici à Avallon, on est dans la moyenne nationale, avec une baisse de 30%...» Mais la quantité ne fait pas tout et à défaut du nombre, la qualité était bien au rendez-vous, ce dont se félicite le président du Syndicat Charolais de l’Yonne, l’éleveur Jean-Louis Riotte : «un peu moins de bêtes, cela signifie que chacun est venu avec les meilleurs animaux préparés et c’est pour ça que le concours est beau aujourd’hui, la qualité est là ! Les gens se sont concentrés sur l’essentiel et consacré le peu d’argent qu’ils avaient, à mettre en avant le meilleur alors que d’ordinaire, on «dilue» un peu avec le nombre et je pense que c’est ainsi que l’on va dans le bon sens…» Un éleveur heureux, puisque c’est un animal de la SCEA Riotte Schrapfer, Hambourg, qui a remporté le Prix d’Honneur et Grand Prix d’Honneur Taureau cette année. Une distinction qui le qualifie d’office pour concourir au super Prix d’Honneur de Moulins début décembre et le présélectionne pour le Concours Général de Paris, au Salon de l’agriculture en février prochain. Un taureau dont Jean-Louis Riotte ne tarit pas d’éloges : «que ce soit dans l’expression de la gueule, les pattes en ligne, les épaisseurs musculaires du dos, tout est équilibre et harmonie ! Et en plus, génétiquement bien né, avec une grand- mère championne. La lignée maternelle, c’est quelque chose d’immuable, qu’il faut continuer à mettre en avant et qui fait la race…» L’édition 2016 du concours d’Avallon aura particulièrement réussi aux éleveurs icaunais présents, tous récompensés, qui ont glané au total vingt et un Premiers Prix. Le Gaec Cadoux, de Saint-André-en-Terre-Plaine se taillant, comme à son habitude la part du lion, avec pas moins de douze récompenses au compteur.