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Syndicalisme

La prédation « in situ »

Afin de faire comprendre la réalité de la cohabitation forcée entre loup et élevages, une immersion dédiée à la presse était proposée par la Fédération nationale ovine (FNO) le 10 juillet au Domaine Ragon (Saint-Parize-le-Châtel), victime de la prédation.

Par Chloé Monget
La prédation « in situ »
Claude Font, au Domaine Ragon, devant la presse nationale.

Selon la Fédération nationale ovine (FNO), le loup occupe aujourd'hui 90 départements, dont 59 ont connu des attaques sur troupeaux en 2025. Si l'expansion constante de la population lupine est, pour certains, le signe d'un équilibre retrouvé pour l'espèce, pour d'autres, cela engendre des conséquences néfastes notamment pour les élevages.

Ainsi, afin de mettre ce dernier point en lumière auprès du grand public au niveau national, une visite de presse était organisée le 10 juillet chez Charlène et Mathieu Moreau (Domaine Ragon à Saint-Parize-le-Châtel) par la FNO. Pour mémoire, Charlène et Mathieu Moreau élèvent 300 brebis et ont subi deux attaques en 2024, ayant engendré la mort de 32 animaux. Claude Font, référent prédation de la FNO présent pour l'occasion, stipule : « l'exemple nivernais permet de prouver que certaines mesures du Plan national loup ne fonctionnent pas ».

À changer

Il poursuit : « Aujourd'hui, nous souhaitons voir ce Plan modifié, car il n'est pas adapté. Preuve de ce dysfonctionnement, la population lupine ne cesse pas d'augmenter, malgré les tirs des défenses proposés » et insiste : « la profession agricole ne veut pas l'éradication du loup. Elle veut simplement des mesures de protection efficaces pour ne plus subir cette situation ». Dans cette optique, il rappelle que la FNO travaille sur la reconnaissance de vulnérabilité des élevages ou encore la non-protégeabilité des cheptels. Il complète : « l'administration définit les prélèvements en fonction du nombre de loups. Il faut désormais que ce curseur change et soit axé sur le nombre de victimes. Pour rappel, il est dénombré, pour 2025, 1 409 constats (au 15 juin) pour 4 482 victimes ». Suite à son intervention, Olivier Laporte, éleveur prédaté à Moulins-Engilbert et en charge du dossier de la prédation à la FDSEA 58, martèle : « Le comptage n'est pas bon, puisque malgré toutes les attaques sur troupeaux dans la Nièvre, l'administration ne dénombre officiellement aucun loup dans notre département. C'est impensable ». De son côté, Clément Blandin, éleveur prédaté à Saint-Péreuse et en charge du dossier de la prédation aux JA 58, rappelle : « Pour toute l'année 2024, nous avons eu 126 constats, avec 60 dont la responsabilité du loup n'a pas été écartée (LNE). Pour 2025, au 10 juillet, nous avons 120 constats, pour 75 déclarés LNE… Ces chiffres prouvent que la situation est ingérable dans notre département, et il faut que cela cesse pour préserver l'élevage nivernais ». Les échanges se sont poursuivis (en visioconférence), avec Jean-Paul Célet, préfet référent du Plan national d'action sur le loup, notamment la gestion problématique des moyens de protections mis à disposition actuellement dans le bocage nivernais. Jean-Paul Célet précise : « nous sommes en débat constant avec les parlementaires pour faire évoluer les méthodes ». Olivier Laporte conclut : « il faut que le grand public et les pouvoirs publics entendent les voix des éleveurs, car la situation est intenable ». Après ce temps d'échange réglementaire et administratif, ce fut au tour de Charlène et Mathieu Moreau de présenter ce que la prédation veut réellement dire au quotidien ; article à retrouver dans une prochaine édition.