Filière lait
La petite marque qui monte, qui monte…
Adhérents à l’Association des Producteurs de lait du Bassin Centre, des éleveurs de l’Yonne sont allés à la rencontre des consommateurs dans une grande enseigne auxerroise pour échanger sur leur métier et faire la promotion du lait « C’est qui le Patron »

Première marque à défendre la rémunération des éleveurs laitiers, « C’est qui le Patron » regroupe aujourd’hui plus de 400 producteurs, dont 160 adhérents à l’Association des Producteurs de lait du Bassin Centre (APLBC), présidée par Henry Ragon, éleveur laitier installé à Saints-en-Puisaye. Accompagné d’Olivier Legrand, son collègue de Villeneuve-les-Genets, tous deux se sont relayés cette fin de semaine, au Géant Casino d’Auxerre, pour communiquer auprès des consommateurs sur une démarche qui de l’aveu même des intéressés, change leur quotidien d’éleveurs, avec le sentiment d’être enfin rémunérés au juste prix.
« C’est ce qui redonne de l’espoir… »
Lancée à l’été 2016 par une consultation publique via Internet, l’initiative de Nicolas Chabanne repose sur un concept simple mais inédit : « demander au consommateur son avis sur la qualité souhaitée d’un produit et combien il est prêt à payer pour cela ». Avec un cahier des charges reposant sur plusieurs critères, dont celui d’une rétribution décente pour l’éleveur, soit 39 centimes par litre de lait vendu. Une différence de quelques centimes sans conséquence notable pour le portefeuille du consommateur, mais une véritable « bouée de sauvetage » pour nombre de producteurs, promis pour certains à mettre la clé sous la porte, victimes de la guerre des prix livrée par les industriels. À l’origine, explique Henri Ragon, l’initiative ne concernait qu’une cinquantaine de producteurs de la coopérative de Bresse Val-de-Saône, dans l’Ain : « ils n’étaient plus payés que 200 € les 1 000 litres, car le lait partait en Italie et nombre d’entre eux pensaient arrêter. Ils se sont rapprochés de l’enseigne Carrefour, alors en pourparlers avec Nicolas Chabanne, ont trouvé un embouteilleur auprès de LSDH (Laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel), avec pour objectif la première année, de produire 5 à 7 millions de litres de lait… » Le succès a vite dépassé les prévisions, puisqu’en mars 2017, 26 millions de litres avaient déjà été vendus : « leurs volumes ne suffisaient plus et c’est pourquoi ils ont fait appel à d’autres producteurs. Actuellement, nous sommes 160 adhérents de l’APLBC à avoir rejoint la démarche, dont une vingtaine dans l’Yonne… » Engagé depuis septembre dernier, Henry Ragon commercialise désormais 30 % de sa production sous la marque « C’est qui le Patron » et envisage aujourd’hui l’avenir sous de meilleurs auspices : « en fait c’est ce qui redonne de l’espoir et permet de se projeter, alors qu’on allait plutôt vers une issue fatale en s’interrogeant sur les conditions pour tout arrêter. À titre personnel, je souhaiterais installer un neveu et sans la démarche, ce ne serait pas possible. Un point positif aussi, c’est de constater que le consommateur est prêt à payer un peu plus cher pour cela… »
Un lait équitable, en lien avec le territoire
Face à cette cliente auxerroise, Olivier Legrand se fait pédagogue : « nous sommes producteurs en Puisaye et répondons au cahier des charges fixé par les consommateurs au lancement de la démarche, entre autres, des animaux nourris sans OGM, un accès aux pâturages de 3 à 6 mois, pas d’huile de palme, un bien-être animal au-delà de la réglementation en vigueur… ». Le discours fait mouche et la dame repart, son pack de lait sous le bras. Au fil des rencontres avec les consommateurs, Henry Ragon a pu mesurer l’impact que représentait dans l’acte d’achat, ce critère de juste rémunération pour l’éleveur : « il est certain que ces 39 cts qui nous reviennent directement sont importants pour eux. Nous leur expliquons que pour en arriver là, le prix est construit à l’envers. En fait, « C’est Qui le Patron » a anticipé sur les objectifs fixés par les États Généraux de l’Alimentation et d’ailleurs, Macron a cité la marque dans son intervention, ce n’est pas pour rien… » Autre critère mis en avant par l’éleveur poyaudin, le lien avec le territoire : « les gens comprennent que la disparition de l’élevage aurait aussi des conséquences sur le paysage, le bocage, l’environnement, du fait du stockage de carbone. Tout un volet est à développer également sur le plan de la communication, par rapport au sans OGM de la démarche : produire demain de la luzerne, des trèfles, des pois, du colza pour remplacer les millions de tonnes de soja en provenance des États-Unis, peut aussi être une réponse aux attentes des consommateurs…»
La marque «C’est qui le patron» a explosé ses objectifs avec près de 35 millions de litres vendus en 2017. Un succès devenu phénomène de société, qui a conduit l’ensemble des enseignes de la grande distribution, dans le sillage de Carrefour, à adhérer au projet et proposer à leurs clients la petite brique bleue dont la célébrité franchit désormais les frontières, avec des contacts dans une douzaine de pays. D’autres produits sont déjà au catalogue, allant du steak haché à la plaquette de beurre en passant par les pizzas et les compotes de fruits. Cette autre cliente rencontrée ce samedi matin s’en réjouit : « c’est par un reportage à la télé que j’ai appris l’existence de la démarche et depuis, je n’achète plus que ce type de lait. La différence de prix ? En fait, je ne me souviens même plus du prix que je payais avant… » Selon la moyenne constatée en France, la consommation de lait par habitant ne dépasserait pas 53 litres à l’année. Soit un surcoût annuel de moins de 5 € pour les adeptes de la marque… La survie de certains éleveurs laitiers tient parfois à peu de chose !
« C’est ce qui redonne de l’espoir… »
Lancée à l’été 2016 par une consultation publique via Internet, l’initiative de Nicolas Chabanne repose sur un concept simple mais inédit : « demander au consommateur son avis sur la qualité souhaitée d’un produit et combien il est prêt à payer pour cela ». Avec un cahier des charges reposant sur plusieurs critères, dont celui d’une rétribution décente pour l’éleveur, soit 39 centimes par litre de lait vendu. Une différence de quelques centimes sans conséquence notable pour le portefeuille du consommateur, mais une véritable « bouée de sauvetage » pour nombre de producteurs, promis pour certains à mettre la clé sous la porte, victimes de la guerre des prix livrée par les industriels. À l’origine, explique Henri Ragon, l’initiative ne concernait qu’une cinquantaine de producteurs de la coopérative de Bresse Val-de-Saône, dans l’Ain : « ils n’étaient plus payés que 200 € les 1 000 litres, car le lait partait en Italie et nombre d’entre eux pensaient arrêter. Ils se sont rapprochés de l’enseigne Carrefour, alors en pourparlers avec Nicolas Chabanne, ont trouvé un embouteilleur auprès de LSDH (Laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel), avec pour objectif la première année, de produire 5 à 7 millions de litres de lait… » Le succès a vite dépassé les prévisions, puisqu’en mars 2017, 26 millions de litres avaient déjà été vendus : « leurs volumes ne suffisaient plus et c’est pourquoi ils ont fait appel à d’autres producteurs. Actuellement, nous sommes 160 adhérents de l’APLBC à avoir rejoint la démarche, dont une vingtaine dans l’Yonne… » Engagé depuis septembre dernier, Henry Ragon commercialise désormais 30 % de sa production sous la marque « C’est qui le Patron » et envisage aujourd’hui l’avenir sous de meilleurs auspices : « en fait c’est ce qui redonne de l’espoir et permet de se projeter, alors qu’on allait plutôt vers une issue fatale en s’interrogeant sur les conditions pour tout arrêter. À titre personnel, je souhaiterais installer un neveu et sans la démarche, ce ne serait pas possible. Un point positif aussi, c’est de constater que le consommateur est prêt à payer un peu plus cher pour cela… »
Un lait équitable, en lien avec le territoire
Face à cette cliente auxerroise, Olivier Legrand se fait pédagogue : « nous sommes producteurs en Puisaye et répondons au cahier des charges fixé par les consommateurs au lancement de la démarche, entre autres, des animaux nourris sans OGM, un accès aux pâturages de 3 à 6 mois, pas d’huile de palme, un bien-être animal au-delà de la réglementation en vigueur… ». Le discours fait mouche et la dame repart, son pack de lait sous le bras. Au fil des rencontres avec les consommateurs, Henry Ragon a pu mesurer l’impact que représentait dans l’acte d’achat, ce critère de juste rémunération pour l’éleveur : « il est certain que ces 39 cts qui nous reviennent directement sont importants pour eux. Nous leur expliquons que pour en arriver là, le prix est construit à l’envers. En fait, « C’est Qui le Patron » a anticipé sur les objectifs fixés par les États Généraux de l’Alimentation et d’ailleurs, Macron a cité la marque dans son intervention, ce n’est pas pour rien… » Autre critère mis en avant par l’éleveur poyaudin, le lien avec le territoire : « les gens comprennent que la disparition de l’élevage aurait aussi des conséquences sur le paysage, le bocage, l’environnement, du fait du stockage de carbone. Tout un volet est à développer également sur le plan de la communication, par rapport au sans OGM de la démarche : produire demain de la luzerne, des trèfles, des pois, du colza pour remplacer les millions de tonnes de soja en provenance des États-Unis, peut aussi être une réponse aux attentes des consommateurs…»
La marque «C’est qui le patron» a explosé ses objectifs avec près de 35 millions de litres vendus en 2017. Un succès devenu phénomène de société, qui a conduit l’ensemble des enseignes de la grande distribution, dans le sillage de Carrefour, à adhérer au projet et proposer à leurs clients la petite brique bleue dont la célébrité franchit désormais les frontières, avec des contacts dans une douzaine de pays. D’autres produits sont déjà au catalogue, allant du steak haché à la plaquette de beurre en passant par les pizzas et les compotes de fruits. Cette autre cliente rencontrée ce samedi matin s’en réjouit : « c’est par un reportage à la télé que j’ai appris l’existence de la démarche et depuis, je n’achète plus que ce type de lait. La différence de prix ? En fait, je ne me souviens même plus du prix que je payais avant… » Selon la moyenne constatée en France, la consommation de lait par habitant ne dépasserait pas 53 litres à l’année. Soit un surcoût annuel de moins de 5 € pour les adeptes de la marque… La survie de certains éleveurs laitiers tient parfois à peu de chose !
Association des Producteurs de lait du Bassin Centre
Née en 2011, l’Association des Producteurs de lait du Bassin Centre (APLBC) est une organisation de producteurs qui compte plus de 480 adhérents, répartis sur 14 départements et 5 régions (Centre Val de Loire, Pays de Loire, Nouvelle Aquitaine, Bourgogne Franche-Comté, Auvergne Rhône Alpes). L’APLBC regroupe des éleveurs livrant à trois laiteries : Saint-Denis de l’Hôtel (LSDH) dans le Loiret, Rians dans le Cher et Chavegrand dans la Creuse.
L’APLBC se différencie au niveau du prix du lait de ses producteurs avec une différence allant de 15 à 20 € en prix de base par rapport au marché, mais aussi au travers de la montée gamme avec les différents contrats tripartites signés avec de nombreuses enseignes de distribution et prochainement, une démarche RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale).
L’APLBC se différencie au niveau du prix du lait de ses producteurs avec une différence allant de 15 à 20 € en prix de base par rapport au marché, mais aussi au travers de la montée gamme avec les différents contrats tripartites signés avec de nombreuses enseignes de distribution et prochainement, une démarche RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale).