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Crédit Agricole Champagne-Bourgogne

La Pac 2014 : une variable bien prise en compte

Quelles conséquences envisager pour l'agriculture avec la nouvelle Pac ? La question a été posée et traitée par le Crédit agricole Champagne-Bourgogne à Troyes, lors d'une réunion rassemblant élus, responsables agricoles et acteurs du monde agricole. Vincent Delatte, président du Crédit agricole Champagne-Bourgogne et Tristan Lamy, directeur de l'agriculture, du développement des marchés et de la communication, y répondent avec pragmatisme.
Par Anne-Marie Klein
La Pac 2014 : une variable bien prise en compte
Tristan Lamy, directeur de l'agriculture, du développement des marchés et de la communication du Crédit agricole Champagne-Bourgogne et Vincent Delatte, président du CA-CB.
Le scénario français de la Pac est maintenant connu dans ses principales lignes et la diversité des réactions montre à quel point cette nouvelle Pac divise la communauté agricole, tant elle introduit des variations et d'inégalités de traitement entre les différentes régions et les productions. Le point d'étape entrepris le 11 octobre dernier par le Crédit agricole Champagne-Bourgogne à Troyes est intervenu peu de temps après que les annonces du Président de la République au Sommet de l'élevage aient clarifié les orientations de la France. Président du CA-CB, Vincent Delatte fait la même analyse que les responsables professionnels des départements de Bourgogne, [I]«la réforme introduit des distorsions importantes entre les territoires et nos régions intermédiaires, déjà fragilisées, en subiront directement les conséquences, du fait notamment de la limite de 52 ha pour la surdotation»[i]. L'analyse confirme que si la France s'en tire plutôt bien avec une baisse de 2% de son enveloppe, [I]«les quatre départements sur lesquels le Crédit agricole Champagne-Bourgogne intervient sont sûrs d'être impactés par la baisse des aides»[i], les grosses exploitations céréalières payant le plus lourd tribu à la réforme. Vincent Delatte identifie néanmoins deux points positifs : «[I]le coup de pouce à l'installation pour les JA et le rééquilibrage des aides en faveur de l'élevage, qui ne peut être que profitable à un secteur en difficulté»[i].
[INTER]Un contexte de rupture[inter]
La réforme intervient en plus, commente le président du CA-CB, [I]«dans un contexte de rupture pour l'agriculture. D'une part, les exportations agricoles françaises se trouvent désormais concurrencées sur ces marchés par des pays nouveaux venus offensifs et très compétitifs sur ces marchés et d'autre part, la financiarisation de ces mêmes marchés augmente la volatilité des prix et donc le niveau d'incertitude et la prise de risque»[i]. [I]«On peut d'ailleurs regretter que la Pac ne s'empare pas du sujet»[i] note Vincent Delatte, qui manifeste sa confiance [I]«dans la grande capacité d'adaptation dont les agriculteurs ont toujours fait preuve»[i].
Des agriculteurs qui ont su se moderniser et s'équiper en conséquence, comme le prouve le niveau des en-cours de la banque mutualiste (2,1 milliards pour le seul secteur agricole). Si le dynamisme reste donc une constante en agriculture, le Crédit Agricole Champagne-Bourgogne entend accompagner les mutations en cours et répondre en particulier à la prise de risque grandissante du secteur. La réponse en termes de produits s'oriente vers une volonté de sécuriser très largement tous les risques potentiels (climat, récolte, prix...). Encore faut-il, insiste Tristan Lamy, [I]«que les agriculteurs s'assurent plus massivement»[i] , l'assurance récolte ne concerne pour le moment qu'un tiers des agriculteurs, ce qui plombe les résultats de la partie assurantielle, sans véritablement satisfaire les assurés. Pourtant, [I]«en cas de vrai coup dur, l'assurance peut garantir la pérennité d'une exploitation»[i].
[INTER]Anticiper et accompagner les évolutions[inter]
Pour accompagner les évolutions en cours, répondre aux besoins émergents et surtout [I]«anticiper»[i], deux sujets sont plus particulièrement travaillés : l'assurance fourrages, avec un teste grandeur nature qui semble donner satisfaction et la DPA, un produit qui a beaucoup évolué, sans que les agriculteurs en soient toujours conscients. [I]«Les agriculteurs doivent savoir que la DPA est aujourd'hui plus souple sur ses montants et sur les motifs de déblocage. Des améliorations très conséquentes renforcent l'intérêt de ce produit»[i] confirme Tristan Lamy.
Sur la Pac, complète Vincent Delatte, [I]«on sait ce qu'on perd sur le premier pilier, il reste à optimiser l'utilisation du second pilier. Nous sommes très investis dans toutes les réflexions sur le devenir de l'agriculture et à ce titre, nous allons bientôt engager un tour des départements et organiser des temps d'écoute et d'échange avec les représentants agricoles»[i].
Les lignes sont en train de bouger et la Pac accélère de fait le changement, l'enjeu essentiel reste la compétitivité, par rapport aux bassins les plus performants, européens et mondiaux. [I]«Etre compétitif»[i], comme l'a rappelé Francis Letellier, président de la FRSEA qui participait à Troyes à la table ronde organisée sur les effets de la Pac : [I]«c'est travailler encore plus ses prix de revient, ses débouchés, ses marchés, la sécurisation face aux aléas climatiques, la gestion des risques, la fiscalité, l'emploi, l'organisation du travail... Si on veut maintenir 550 000 agriculteurs demain, ce n'est pas en se focalisant sur des aides et des compensations, mais en gagnant sa vie»[i]. Ce qui conforte [I]«l'optimisme»[i] de Tristan Lamy [I]«quant à l'avenir de l'agriculture»[i] et à l'accompagnement que la banque mutualiste peut proposer. [I]«Ce contexte est globalement porteur pour la caisse régionale, du fait de son potentiel de développement, y compris dans la production énergétique, l'agriculture nous porte et nous donne envie de faire»[i].