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Action syndicale

«La manifestation du 9 avril concerne tous les agriculteurs»

Benoît Mathé et Didier Guyon, vice-président et président de la section grandes cultures de la FDSEA 58 reviennent sur les raisons du large appel à mobilisation des producteurs de grandes cultures du 9 avril prochain à Nevers.
Par Benoit Mathé et Didier Guyon
«La manifestation du 9 avril concerne tous les agriculteurs»
Le 9 avril se tiendra à Nevers la manifestation régionale organisée par les FDSEA de Bourgogne et relative à la PAC 2015. Pour les exploitations de grandes cultures de notre département, et plus largement de la zone intermédiaire, cette action est à l’instar de l’élevage, tout sauf une option.
Car une fois encore, et après un bilan de santé en 2010 qui aura déjà largement entamé l’accompagnement PAC de nos entreprises, la réforme [I]«Le Foll»[i] mettra les producteurs de grandes cultures à contribution. Le ministre, dans une approche dogmatique, partait du postulat que les céréaliers - les [I]«gros»[i] comme le disent ses amis de la confédération paysanne – seraient, au gré d’une conjoncture durablement soutenue et de la dimension de leurs exploitations, les très très légitimes donateurs de la réforme au profit des éleveurs. Raté deux fois !
Non seulement la conjoncture s’est largement retournée en 2013, et les résultats comptables de nos entreprises le prouvent, fleuretant avec le zéro. Mais au-delà de cela, certes nous perdront, mais pas au profit de nos collègues ou voisins éleveurs ! Non! Nous perdons au profit d’une agriculture plébiscitée par une faible minorité d’ayatollahs à contre courant de toute logique économique.

La surmajoration des 52 premiers hectares est l’illustration type de cette vison passéiste du métier : Avec des rendements de référence inférieur à 60 quintaux dans notre département, ce n’est que par l’extension des surfaces exploitées que les agriculteurs ont pu historiquement concentrer la valeur ajoutée. Il y a en France céréalier et céréalier, et dans la Nièvre ou en Bourgogne, nos terres n’ont jamais eu et n’auront jamais capacité à produire aussi fortement que 200 ou 300 kilomètres plus au nord ! Ce paramètre, l’État doit en tenir compte dans les derniers arbitrages qui auront lieu courant avril.
Par ailleurs, nous ne cessons de dénoncer l’acharnement idéologique à la française sur bon nombre de dossiers où la capacité de production est systématiquement remise en cause, et où au final, ce ne sont autres que les producteurs qui trinquent. La sur-administration du métier est une véritable plaie et les promesses de choc de simplification semblent s’évanouir aussi vite que la pertinence de l’action gouvernementale. Le dossier environnemental illustre parfaitement le surplace constaté depuis plusieurs années. Face aux autorisations de mise sur le marché de nouvelles molécules sans cesse repoussées, face au refus d’expérimentation des biotechnologies malgré l’avis du sénat de l‘Union Européenne, face au projet de directives Nitrates et à l’absurdité d’interdiction d’épandage d’engrais et d’effluents d’élevage dans les parcelles en pente …Nos rendements plafonnent, les taux de protéines dans les blés stagnent voire diminuent. Jusqu’à quand tolérerons nous qu’une idéologie extrémiste et méprisante mette à sac nos exploitations et en danger nos filières et leurs emplois ?

La réforme à venir n’est pas une réforme qui oppose les productions, qui oppose les grandes cultures à l’élevage. La réforme à venir est surtout une réforme qui déshabille notre territoire, qui l’appauvrit et qui met en danger la survie de tout le tissu rural. C’est pour cette raison, qu’au-delà des clivages syndicaux, nous appelons les producteurs de grandes cultures à être présents en nombre à Nevers le 9 avril prochain pour faire entendre la voix d’une ruralité sacrifiée mais pas résignée !

Mobilisation à Nevers le 9 avril

Dans quelques semaines seront effectués les derniers arbitrages franco-français relatifs à la réforme de la PAC 2015/2020. Et si le ministre avait annoncé vouloir « saisir cette occasion pour rééquilibrer les soutiens au bénéfice des territoires et des productions les plus fragiles », le constat est à ce jour déconcertant pour notre département : - Les nouvelles modalités de distribution de la PMTVA laissent présager une baisse significative des soutiens de 2.000 à 5.500 €, voire plus, par exploitation. - Les incertitudes, liées à la fusion des enveloppes ICHN/PHAE annoncée à Cournon et contestée par Bruxelles, qui menacent l’accompagnement de l’herbe subie dans nos régions d’élevage. - La mise en œuvre dogmatique de la sur majoration des 52 premiers hectares est un non-sens économique qui déstabilisera l’économie même de nos entreprises et de nos filières. Par ailleurs, la pression des contrôles s’accroît, de nouvelles contraintes apparaissent chaque semaine (directives Nitrate…) et la suradministration de notre métier gangrène toute initiative. Au final, nos exploitations agricoles seront toutes affectées négativement par cette nouvelle réforme. Face à ce constat, la FRSEA et les FDSEA de Bourgogne ont décidé d’appeler les exploitants agricoles bourguignons à une mobilisation le 9 avril prochain à Nevers de 10 heures à 16 heures. Pour les agriculteurs de la Nièvre, la question est claire : - Nous entendons laisser rétablir les équilibres par notre mobilisation! - Notre appel doit être entendu tant par nos élus que par les pouvoirs publics.