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Productions végétales

La luzerne à l’étude

La commission « productions végétales » de la FDSEA s’est intéressée aux alternatives du colza lors de sa dernière réunion.
Par Aurélien Genest
La luzerne à l’étude
Claude Nocquard et Éric Guillemot, administrateur et directeur de La Coopération Agricole Luzerne, présents à Montbard le 13 février.
Les champs de Côte-d’Or se cherchent une nouvelle tête de rotation avec les déboires techniques et économiques du colza. «Notre département a perdu 30 000 ha dans cette culture ces dernières années», déplore Jacques de Loisy, président de la commission «productions végétales» de la FDSEA. La luzerne, qui fait partie des rares alternatives susceptibles de le remplacer, a fait l’objet d’une réunion il y a quelques jours.

Sa commercialisation et ses marchés ont été abordés. Éric Guillemot, directeur de la Coopération agricole luzerne, (ex-Coop de France Déshy), était l’intervenant principal de ce rendez-vous, plusieurs membres commissions bovins viande et bovins lait de la FDSEA avaient également répondu présent.

Privilégier le local
Les marchés de la luzerne sont porteurs à l’échelle mondiale, avec une demande importante et sans cesse croissante en protéines végétales. Les pays arabes et asiatiques sont très demandeurs et s’approvisionnent notamment en Europe, mais ces marchés n’apportent pas toujours de «bonnes garanties» d’après Éric Guillemot. Plusieurs pistes «plus locales» sont à privilégier selon le directeur.

Les Suisses, pour ne citer qu’eux, sont des clients «sérieux et fidèles quand ils ont de bons fournisseurs devant eux, c’est-à-dire des personnes vendant des produits homogènes, réguliers et dans les temps».

Des pistes de travail sont également à étudier avec les AOC fromagères, qui vont être «de plus en plus amenées à travailler avec des matières premières de proximité».

La filière équine est également très demandeuse en produits à base de luzerne, avec une belle valorisation à la clé. «Il y a sans doute une carte à jouer là aussi, même si votre département et votre région n’ont pas les effectifs les plus importants du pays», poursuit Éric Guillemot. Celui-ci rappelle qu’un plan protéines se profile à l’horizon, avec l’ambition de couvrir 63 % des besoins nationaux, contre 50 % actuellement. «Des aides à l’investissement sont sans doute à envisager», termine l’intervenant. Tout reste à imaginer.

Réactions

Clément Babouillard, agriculteur à Ampilly-les-Bordes : «Je pense que la luzerne a de belles perspectives devant elle, en Côte-d’Or. Nous devons trouver le moyen de la transformer à moindres coûts pour la rendre commercialisable. Comment ? En structurant, par exemple, un marché de foin de luzerne avec la Région, à destination de la zone AOC Comté. Pour cela, la Région doit cofinancer des installations de séchage en grange pour que le foin soit de bonne qualité. L’usine de Baigneux-les-Juifs a aussi un rôle à jouer : nous pouvons imaginer un schéma similaire à celui des États-Unis, en lui fournissant du foin séché. L’usine assurerait alors le packaging avant de l’exporter dans le secteur ou bien plus loin, selon les marchés. Ce dossier luzerne n’est pas compliqué, il est avant tout politique. Il existe déjà des aides pour des installations de séchage, via le PCAE et des GIEE, des dossiers d’aides peuvent être conséquents mais ils restent plafonnés. Le jour où il n’y aura plus ces plafonds, de belles installations seront permises. Là est la clé de la réussite économique, agronomique et écologique de la production de luzerne».

Marc Patriat, président de Dijon Céréales : «La luzerne est intéressante au vu des marchés qui s’ouvrent à nous dans le cadre de la production de protéines végétales. Nous la regarderons avec intérêt pour nos agriculteurs, sur les plans agronomique et économique».