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Inondations

La loi sur l’eau et ses limites

Politiques, élus et institutionnels étaient conviés mercredi 27 juillet au bord de la Saône. La Chambre d’agriculture de Côte d’Or leur a exposé plusieurs problématiques.
Par Aurélien Genest
La loi sur l’eau et ses limites
Christiane Barret, en discussion avec Vincent Lavier et Jean-Luc Loison.
Le prélèvement de granulats dans le lit mineur de la Saône est interdit par la loi sur l’eau. Cela n’est pas sans poser de problèmes en agriculture  : des îles superficielles se forment depuis plusieurs années, freinent l’écoulement de l’eau et jouent un rôle non négligeable dans les inondations qui sévissent de plus en plus fréquemment dans les champs et prairies du val de Saône. Dans le même temps, l’extraction de granulats se poursuit dans les terres agricoles qui continuent, de ce fait, à disparaître, «alors qu’il serait si simple de prélever ces granulats dans le cours d’eau, ce qui résoudrait ces deux types de problèmes» martèle la profession. Dans un contexte économique des plus difficile rendant les revendications agricoles d’autant plus offensives, la Chambre d’agriculture de Côte d’Or a tenu à illustrer ces dysfonctionnements lors d’un rendez-vous terrain où de nombreux élus et responsables d’institutions étaient invités. «L’Unicem BFC, l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction de Bourgogne-Franche-Comté, partage le même point du vue que nous et avait co-organisé cette visite» précise le responsable professionnel Nicolas Michaud. «La préfète, la sous-préfète de Beaune, des élus territoriaux, deux députés, les représentants de la police de l’eau, de la Dreal, de la DDT et bien sûr de la Chambre d’agriculture et l’Unicem : toutes ces personnes étaient là et ont pu visualiser les problématiques que nous abordons régulièrement lors des réunions agricoles» relève pour sa part Jean-Luc Loison, autre responsable professionnel à la Chambre, constamment mobilisé sur les dossiers des inondations.

Demandes de dérogations
Le cortège s’est notamment déplacé aux Maillys, village avec de nombreuses gravières et traversé par la Saône, où une île superficielle s’est progressivement formée depuis l’arrêt des machines qui draguaient le cours d’eau il y a une trentaine d’années. «Le fonctionnement de la loi sur l’eau est à revoir» insiste Nicolas Michaud, «il n’est plus adapté depuis cette trentaine d’années. On voit bien les limites du système écologique». Appuyé par le président Vincent Lavier, Jean-Luc Loison a transmis la demande de la Chambre d’agriculture aux invités du jour  : «nous souhaiterions obtenir des dérogations ponctuelles, des allègements sur des points bien spécifiques qui pourraient permettre d’extraire des granulats plus facilement et d’éviter ainsi ces dysfonctionnements».
La loi sur l’eau pénalise bien d’autres organismes selon Nicolas Michaud : «Voies Navigables de France dépensent d’importants moyens financiers pour entretenir la Saône et faire perdurer la navigation des bateaux. Avec leurs restrictions de budget, leurs problèmes s’amplifient au fil des années pour eux aussi». Au regard de la problématique de fonctionnement de l’eau dans le sol et de la perturbation des gravières, la Chambre d’agriculture de Côte d’Or s’interroge fortement sur la pertinence d’accorder encore des possibilités de consommation de foncier. «Il nous faut trouver un consensus, c’est en organisant des rendez-vous de ce type que nous arriverons. Il y a vraiment urgence par rapport à l’économie locale» confie Jean-Luc Loison, comptant fortement sur l’appui des élus et des politiques.