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Syndicalisme

La FDSEA remonte au créneau chez le préfet

La mouture de la Pac qui s’appliquera aux exploitations agricoles du département dès le mois prochain renforce la colère et la tension du terrain à chaque nouvelle publication de texte. Parmi les éléments de crispation, le sort réservé aux exploitations de grande dimension et employeuses de main d’œuvre.
Par S.L
La FDSEA remonte au créneau chez le préfet
La délégation ayant rencontré le Préfet le 11 mars dernier .
Plus le temps passe, et plus le sentiment de colère des agriculteurs Nivernais est renforcé. Car après avoir attendu pendant des mois que le réveil sonne du côté du ministère de l’agriculture, la sortie abondante de texte et de circulaires ces derniers jours, révèle peu à peu la gravité des orientations dogmatiques prises par l’Etat. Le dogme ministériel, c’est celui qui aura conduit à considérer que la mise en place d’une politique comme la PAC ne pouvait être raisonnée que sur la base de moyenne : Moyenne de SAU, moyenne de cheptel … Le dogme c’est aussi celui qui aura prévalu tout au long des deux dernières années : Tenter de faire du monde dont on rêve, une réalité …
Mais dans le monde réel, ces approches quelque peu superficielles ne seront pas sans conséquences. Car la réalité de la Nièvre, ce sont des exploitations d’une dimension en tout état de cause supérieure aux moyennes. Pour preuve, ce chiffre rappelé au préfet par Stéphane Aurousseau, président de la FDSEA : «Dans la Nièvre, 15 % des élevages bovins-viande  détiennent plus de 139 vaches et ces 15 % représentent 35 % du cheptel allaitant du département».
Bien qu’amoindri, grâce notamment à l’action syndicale de la section bovine de la FDSEA qui avait en avril 2014 réuni plus de 800 éleveurs de Bourgogne à Nevers, l’effet de la de la nouvelle ABA ne sera pas neutre sur les secteurs d’élevage, notamment pour les exploitations employeuses de main d’œuvre, a rappelé Laurent Cornu, président de la section employeurs de la FDSEA.
Évoquant les évolutions législatives allant à l’encontre du bon sens pour les exploitations employeuses (hausse de la part salariale des cotisations retraite et complémentaire santé de
0,8 % non compensée par le Smic et générant une charge nouvelle pour les employeurs souhaitant maintenir le niveau de rémunération de leurs salariés, modification des conditions de gratification des stagiaires remettant en cause l’accueil de stagiaires dans les exploitations …), Laurent Cornu a également rappelé que la non reconnaissance de salariés dans les conditions d’application de la transparence allait de fait générer une érosion du salariat en agriculture : «Les exploitations employeuses n’auront pas la capacité de supporter le plafonnement à 139 animaux du nombre de vaches éligibles à l’ABA et l’effet cumulé de la convergence et de la surprime sur les 52 premiers hectares sur le DPB». Et Stéphane Aurousseau d’amplifier le propos : «Il faudra que l’on nous explique quelles sont les raisons qui, dans l’industrie ou l’artisanat, poussent l’Etat à décerner des médailles aux entreprises qui embauchent de la main d’œuvre, et pourquoi, en agriculture on leur retire des aides !»
Loin d’être résigné, la FDSEA a, par la voie de son président, demandé que Jean-Pierre Condemine puisse être à l’initiative d’une rencontre avec le directeur de cabinet du ministre de l’agriculture sur ce sujet.

Environnement : la surcouche de trop
Autre point de crispation également abordé à l’occasion de cette entrevue, l’insupportable et de plus en plus prégnante approche conservatrice en matière environnementale, notamment renforcée par la réforme de la Pac : cartographie des prairies sensibles sortie sans concertation avec la profession et élaborée par d’illustres inconnus du muséum d’histoire naturelle à Paris, sanctuarisation des haies et des éléments topographiques, problématique de défrichement sur le Morvan … Oui, l’ambiance est belle et bien explosive sur le terrain à ce jour, et les agriculteurs ne peuvent se résoudre à voir leur outil de travail quotidien sacrifié.
Difficultés de trésoreries, incertitudes réglementaires et contraintes d’exercice du métier de  plus en plus lourdes … le printemps s’annonce houleux dans la Nièvre.
Et ce ne sont pas les mesures actuellement mises en place et portant atteintes aux libertés et au droit de propriété qui feront retomber le soufflet. Les agriculteurs éprouvés par une année 2014 catastrophique en matière de revenu n’en peuvent plus des parasites qui de leurs bureaux font la pluie et le beau temps.
Après une manifestation pour le moins révélatrice du malaise agricole en octobre dernier à Nevers et le blocage de nombreux contrôles sur les exploitations fin 2014, que faudra-t-il pour que le message passe enfin ? En tout état de cause, les appels au calme risquent d’être sans effet. Après tout, l’agriculteur sait cela : On récolte ce que l’on sème.