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Reprise des exportations de broutards aux cadrans

La douche froide !

Contrairement à l’enthousiasme généré par l’idée de reprendre l’export des broutards dans les marchés au cadran en ce début de semaine, c’est en réalité une douche froide qui attendait, lundi à Corbigny et mardi à Moulins-Engilbert, les éleveurs en mal de revenus.
Par Emmanuel Coulombeix
La douche froide !
A Moulins-Engilbert, contrairement à Corbigny, les acheteurs étaient assez nombreux dans les gradins, de même que les visiteurs qui venaient prendre des indications sur les tendances du marché, mais les ventes n’ont pas décollé.
C’est l’incompréhension qui a primé au déroulement des ventes aux enchères de ce début de semaine à Corbigny et Moulins-Engilbert. Si en nombre d’animaux présentés (450 à la Sicagemac et 1500 à la Sicafome), les marchés se présentaient de façon tout à fait normale, il n’en a pas été de même pour les ventes ni pour les prix pratiqués. 80% d’invendus à Corbigny et plus de 50% d’invendus à Moulins-Engilbert! Les acheteurs étaient pourtant bien présents, notamment les représentants des ateliers d’engraissement italiens, mais, derrière les pupitres, «ils ne voulaient pas appuyer sur le bouton» confiait un éleveur, mardi matin. Pire, les lots qui ont finalement trouvé preneurs, ont en moyenne été vendus autour de 2,30 euros/kg à Corbigny et de 2,40 euros/kg à Moulins-Engilbert. Moins 40 centimes par rapport aux cours du mois de septembre, avant la FCO et ses règles de précaution... En milieu de matinée, mardi, nombreux sont les éleveurs qui hésitaient entre la consternation et la colère. Des voix se sont même élevées pour demander aux responsables de la Sicafome de suspendre le marché... même si ceux qui ont réussi à faire sortir leurs animaux avaient certainement besoin du produit financier, après près de deux mois d’absence de revenus... Si les deux enchères de cette semaine ont fait l’effet d’une douche froide sur les éleveurs de la région, c’est sans doute qu’ils plaçaient leurs espoirs au plus haut. Des animaux vaccinés, au-delà des 10 jours après le rappel, n’avaient-ils pas été vendus, nombreux, la semaine précédente dans les cours de fermes, et à des prix plus convenables (entre 2,66 et 2,74 euros/kg)? L’Italie ne devait-elle pas satisfaire une demande pressante, après ces longues semaines d’absence de broutards disponibles dans ce bassin allaitant qui lui fournit habituellement le plus gros de son contingent ?

Les raisons incriminées
Devant le préfet, lundi et mardi, les responsables des cadrans ont évoqué cette issue «catastrophique» et «inquiétante pour la suite». A Moulins-Engilbert, Philippe Martin a fait part des tensions qui animaient les salles de vente, à l’étage, tandis que les petits veaux partaient -quand ils partaient- au même prix que les plus gros. Il a évoqué des commandes qui ont été annulées dimanche dernier. Et a dressé une liste plus ou moins objective de griefs entendus de la part de ses collègues éleveurs. Parmi les explications, les «annonces médiatiques de la semaine passée sur le caractère cancérogène de la viande» auraient mis un frein, dans toute l’Europe, aux achats, les transformateurs anticipant une baisse de consommation de viande généralisée. Plus sûrement, les acheteurs étrangers, faute de marchandise disponible dans la région, se seraient, depuis deux mois, approvisionnés dans d’autres filières et d’autres pays : l’Irlande, la Belgique, la Roumanie sont par exemple pointées du doigt... Peut-être aussi que les importateurs, devant l’affluence attendue d’animaux, après deux mois de «blocus», trainent des pieds en achetant le moins cher possible. «Tout le monde sait que la Sicafome sert de référence aux tendances de marché pour les semaines qui suivent. Et il y a un risque d’engorgement» ont souligné Philippe Martin et Benoît Blandin. Les ateliers seraient pleins d’une part et l’impossibilité d’envoyer des animaux en France, dans sa zone indemne qui est en manque d’animaux, n’arrangerait rien à l’affaire, les vaccins ayant été ciblés en priorité vers les animaux prêts à quitter le territoire. Mardi, comme la veille, Jean-Pierre Condemine, le préfet, a admis qu’il faudrait peut-être alléger ces mesures vis-à-vis des zones blanches, à condition «d’un minimum de précautions». Wilfried Pelissier, le DDCSPP, a expliqué qu’il allait vérifier «si on peut récupérer des doses de vaccins pour ces cas de figure». Encore les animaux devront-ils correspondre aux besoins du marché intérieur...