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Tuberculose bovine

La DGAL avait la parole

La Direction générale de l’alimentation, par l’intermédiaire de son directeur adjoint, était l’invitée d’honneur de l’assemblée générale du GDS de Côte d’Or.
Par Aurélien Genest
La DGAL avait la parole
Certains sujets de contestation, comme les indemnisations, ont été débattus.
Les questions affluaient en nombre la semaine dernière à Sombernon. Alors que la lutte contre la tuberculose bovine commence à montrer des signes favorables sur le terrain, certaines «lacunes» sont encore reprochées aux grandes instances. Jeudi 22 janvier, les représentants du GDS et plusieurs éleveurs ont profité de la venue de Jean-Luc Angot, directeur adjoint de la DGAL, pour l’interroger sur plusieurs sujets, à commencer par celui des indemnisations.

Florent Lefol, secrétaire général du GDS21, a été le premier à «dégainer» : «Il serait légitime d’expliquer votre stratégie. Depuis deux ans, la quasi-totalité des dossiers est systématiquement recalée par vos services. Comment est-il possible, depuis Paris, de donner un avis défavorable à des estimations en n’ayant jamais vu les bovins ?» Jean-Luc Angot s’est dit «conscient» de la situation : «Le traitement des dossiers peut effectivement prendre du temps. Des pièces justificatives sont nécessaires pour pouvoir dépasser les montants majorés, établis par une loi qui date de 2001. Il y a sans doute, je le reconnais, des problèmes d’effectifs de notre côté, même si la création de 60 emplois cette année dans les services vétérinaires et phytosanitaires devrait faire du bien. Nous essayons de faire évoluer cet arrêté de 2001: des discussions sont en cours avec le ministère du Budget, un retour est attendu pour le mois prochain. Nous espérons régler ces problèmes au plus vite».

Des avancées concrètes ?
Jean-Luc Angot s’est en revanche montré en contradiction avec certains propos venant de la salle : «sachez que la Côte d’Or n’est pas plus mal lotie que les autres départements. Votre taux de réfractions est de 5% quand il est de 6% en moyenne nationale. Et on ne peut pas dire que tout se passe depuis Paris, la DGAL se déplace sur le terrain».

Le directeur adjoint s’est exprimé sur une toute récente résolution de GDS France, qui invite les éleveurs à ne pas faire abattre leurs animaux tant que le montant des indemnisations n’est pas connu : «il ne me semble pas que ce soit la meilleure solution pour sortir du blocage actuel. Cette idée est contreproductive et se retournera contre l’éleveur. L’objectif commun est de faire disparaître la tuberculose : la situation s’améliore et ce n’est pas le moment de baisser les bras». Jean-Luc Angot a également donné son point de vue sur la problématique des blaireaux: «il faut mettre le maximum d’efforts pour les éradiquer dans les zones noires. Nous n’évacuons pas la possibilité d’utiliser d’autres moyens que le collet. Nous sommes face à un problème de santé animale et même de santé publique, nous passons ce message au ministère de l’Environnement». La directeur a terminé son propos en citant plusieurs avancées réglementaires : «un arrêté de police de faune sauvage figure dans la nouvelle loi d’avenir, il y a une réelle prise de conscience que cette faune peut représenter un réservoir pathogène. Notre pays est aussi précurseur dans un autre domaine : une plateforme d’épidémio-surveillance vient d’être mise en place, c’est unique dans le monde et cela laisse entrevoir des améliorations dans vos problèmes».

Trois problèmes clairement identifiés

Pascal Martens, président du GDS, a axé son intervention sur les problématiques des blaireaux, du parcellaire et des indemnisations. «On ne nous écoute toujours pas» regrette le responsable côte dorien, qui débute sur les blaireaux : «avec les recontaminations, c’est notre problème n°1. Depuis 2009, on nous promène par rapport au statut de cet animal. Malgré le travail intensif des piégeurs, le piégeage ne suffit plus. Cela n’avance pas assez vite, il nous faut d’autres méthodes. Avec la Cirev, il nous faut définir des zones noires, restreintes autour des foyers, recenser et vider les terriers en totalité et les reboucher. On ne s’en sortira qu’à ce prix. Bien sûr, tout cela en l’expliquant aux signataires de la convention de Bern qui surveillent nos actions». Pascal Martens enchaîne sur la notion de parcellaire : «c’est notre problème n°2. Sur une partie du département, ce sont des grandes parcelles, assez regroupées, mais sur l’autre partie, ce ne sont que de petites parcelles encerclées. En moyenne, un éleveur a 25 à 30 voisins de pré. Au niveau épidémiologique pour toutes ces maladies, c’est catastrophique. La Chambre d’agriculture pilote ce dossier avec l’aide du Conseil général. Les causes avancées de ce morcellement sont le refus du remembrement et aussi les conditions d’installation des jeunes. Il n’y a pas forcément des parcelles disponibles autour des exploitations où les jeunes s’installent. Peut-être faudrait-il examiner l’exploitation avant d’exiger un agrandissement parfois lointain ? Il faut absolument progresser sur cette restructuration et enfin avoir des résultats. Monsieur le préfet, il faut faire évoluer les textes». Le président du GDS termine son propos sur les indemnisations : «on ne s’en sort pas. Que penser des sommes en jeu ? L’année dernière, les sept dossier portaient en total sur un différé de 37 000 euros. Quand je vois le temps passé à faire des recours, à monter à Paris, à discuter, je pense que l’on perd notre temps et les éleveurs, eu, perdent confiance. Viendra un jour où les bêtes ne partiront plus  qu’après avoir été indemnisées. Là, tout le monde sera perdant. Monsieur Angot, je vous demande de remonter cela à Paris avant qu’il ne soit trop tard. C’est prépondérant dans cette lutte. On ne peut pas accepter que les animaux partent en dessous du marché, c’est intolérable». Dans leurs discours respectifs, Vincent Lavier (président de la Chambre d’agriculture), François Sauvadet (président du Conseil général), Éric Dumoulin (directeur de la DDPP) et Marie-Hélène Valente (secrétaire générale de la préfecture) ont apporté leur soutien au GDS de Côte d’Or et à son président.