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Assemblée générale de la FDSEA

La défense d’intérêts communs

La FDSEA de Côte d’Or s’est réunie en assemblée générale mardi après-midi à Quetigny.
Par Aurélien Genest
La défense d’intérêts communs
Les derniers présidents de la FDSEA de Côte d’Or étaient invités à cette assemblée pour fêter les 70 ans du syndicat. Michel Bonnardot, Jean Legrand, Marc Frot, Thierry Besançon et Emmanuel Bonnardot entourent ici Fabrice Faivre et Christiane Lambert.
Belle affluence en début de semaine à la salle des fêtes La Colline de Quetigny. L’assemblée générale de la FDSEA a su attirer un large public autour de la thématique intitulée «Filières et politiques, quels engagements pour un revenu agricole légitime?» Le président de la FDSEA Fabrice Faivre et la vice-présidente de la FNSEA Christiane Lambert ont lancé les débats en rappelant les difficultés économiques rencontrées dans toutes les productions, la faute à des prix non rémunérateurs. En lait, le résultat courant se dégrade fortement depuis trois ans et est désormais négatif. En bovin viande, le résultat stagne à un faible niveau, juste au-dessus de la ligne de «flotaison». En céréales, plus de 40% des exploitations ont aujourd’hui un revenu négatif.
Point de vue d’un distributeur
L’intervention de Benoît Willot, responsable de trois magasins Super U, était très attendue. Le directeur côte d’orien a indiqué travailler avec des producteurs locaux à chaque fois que l’occasion se présentait : «C’est un avantage car il n’y a pas d’intermédiaire. Dans ce cas, le prix est satisfaisant pour chaque partie. Nos possibilités sont toutefois limitées». Benoît Willot a rapidement abordé l’interminable «course aux prix bas» : «de grandes multinationales imposent leur prix sans discussion possible, avec une attitude ultra dominatrice. Nous sommes obligés de suivre pour ne pas être déconnectés du marché, nous devons générer du résultat pour rester dans la course. Les gens n’ont pas toujours conscience des formidables résultats que génèrent des grands groupes... Pour des indépendants comme nous, les marges de manœuvre sont limitées. Il faudrait que les filières s’organisent, reprennent le pouvoir de négociation en direct. Il faudrait également que la France soit davantage protectionniste : on ne peut pas s’implanter en Allemagne qui se veut la championne de l’Europe mais la France ouvre ses portes à Lidl qui dérégule le marché... Rien ne s’opposerait non plus à des négociations tripartites avec Danone par exemple et les producteurs. Il serait aussi nécessaire de légiférer sur une chose : que les transformateurs et les industriels de l’agro-alimentaire soient obligés d’assurer une rentabilité pour l’agriculteur».
Deux élus étaient là
La sénatrice Anne-Catherine Loisier et le député Laurent Grandguillaume, présents à cette table ronde, ont été interrogés sur leurs champs d’action possible et la nécessité de légiférer. Ces deux invités ont donné une certaine impression d’impuissance malgré leurs bonnes volontés, à l’image des propos de la sénatrice : «Nous sommes dans une période de grands bouleversements. Depuis un an, les actions ne sont que des réactions à une situation difficile. En étant élus politiques, nos marges de manœuvre se trouvent aussi limitées par certaines règles imposées de l’extérieur qui prévalent sur toutes nos décisions... Un travail est à mener entre le politique et le milieu professionnel, afin de définir une nouvelle vision et un nouveau cadre». Interrogés sur les lois «franco-françaises», «mettant des boulets aux pieds des agriculteurs» pour reprendre l’expression de Fabrice Faivre, les deux élus ont reconnu la grande complexité du dispositif français, avec des directives émanant de deux Ministères bien distincts, ceux de l’Agriculture et de l’Écologie.
Éclairage de Dijon Céréales
Mickaël Mimeau, responsable technique à Dijon Céréales, a ensuite livré son point de vue sur la multiplication des normes en agriculture, en pointant le non-sens de certaines réglementations et leurs effets contre-productifs : «il ne faudrait pas oublier la diversité des débouchés de l’agriculture et les cahiers des charges qui leur sont liés. Ces aspects sont souvent mal pris en compte par la réglementation et cela conduit à des impasses techniques. Attention aussi à l’aspect dogmatique de certaines normes, si l’on veut des réglementations acceptées et utiles, il faut les adapter aux contextes pédo-climatiques et économiques». Mickaël Mimeau a souligné l’importance de «bien prendre en compte les effets induits indirectement par une réglementation» : «la disparition de certains produits, et donc de leurs modes d’actions, pour des raisons environnementales est un facteur d’augmentation des phénomènes de résistance, souvent synonyme d’une plus forte utilisation de produits phytosanitaires, et donc d’impact environnemental négatif».
L’union fait la force
Christiane Lambert a rappelé en fin de réunion le souhait de la FNSEA de replacer les décisions et les normes dans un panorama plus large et plus en phase avec la réalité terrain : «Cela éviterait la tentation de mesures simplistes déconnectées du réels. Nous voulons aussi la création d’un conseil ou comité réunissant les directions concernées afin de mieux communiquer et d’harmoniser les politiques menées, dans le but d’arrêter la multiplication et la surenchère de normes et de réglementations qui pèsent trop lourd sur la production agricole française». En concluant l’assemblée, Fabrice Faivre a invité les agriculteurs à rester unis dans ces temps difficiles où l’agriculture «tangue au milieu du gué» : «Restons unis autour de la FDSEA, nous sommes le syndicat qui cherche, propose et trouve des solutions. C’est avec notre organisation collective allant de l’échelon cantonal à l’échelon national que nous trouverons la meilleure route à suivre. De passionnants défis nous attendent, continuons de faire bouger les lignes pour une agriculture de production, créatrice de richesse et qui valorise les hommes et les femmes».

Un travail qui porte ses fruits

Le secrétaire général Samuel Bulot et le premier vice-président Fabrice Genin ont présenté le rapport d’activités de l’année écoulée. Dans le contexte très difficile que tout le monde connait, le travail mené par le réseau FDSEA et Jeunes agriculteurs n’a pas été vain avec l’obtention de nombreux résultats profitant à tous. En cette année de sécheresse, une aide exceptionnelle du Conseil départemental a permis de prendre en charge les frais de transport de fourrages pour une enveloppe de 750 000 euros. La reconnaissance en calamité fourrages des zones Auxois, Morvan et Châtillonnais a permis le dégrèvement TFNB des surfaces en prairie à hauteur de 900 000 euros. Une avance de trésorerie remboursable a été mise en place avec le versement anticipé de 90% des soutiens Pac. Avec une enveloppe globale de 1300 000 € pour la Côte d’Or, le fond d’allégement des charges a permis à 750 éleveurs de bénéficier d’une prise en charge de leurs charges financières. L’année blanche, obtenue pour les éleveurs, a été ouverte aux producteurs de grandes cultures en difficulté économique, grâce à l’action conjointe de la FDSEA 21, de la FNSEA et de l’AGPB, cette mesure a permis une vraie bouffée d’oxygène pour les trésoreries. Samuel Bulot et Fabrice Genin ont également mentionné des prises en charge cotisations MSA à hauteur de 400 000 euros et des reports pour 235 000 euros. Toujours au niveau de la MSA, la possibilité de calculer les cotisations sur l’année N-1 permet à un exploitant éligible d’économiser en moyenne 7 000 euros. La réduction des charges sociales de sept points, mesure structurelle permettant une première avancée dans l’alignement des charges avec les concurrents européens, est pleine de promesses et ses effets seront pleinement mesurés lorsque les résultats redeviendront positifs.