La Cuma du Méchet fait visiter son bâtiment économe aux congressistes
Mercredi dernier, une délégation du congrès national des Cuma est venue rencontrer la Cuma du Méchet à Monthelon. Cette dernière a témoigné de l’opportunité du photovoltaïsme pour s’équiper en bâtiment.

Dans le cadre du congrès national des Cuma qui s’est tenu à Beaune du 3 au 5 juin dernier, un groupe de « cumiste » issus de différentes régions de France est venu à Monthelon rencontrer la Cuma du Méchet. Lors de cette seconde journée consacrée au terrain, les 300 congressistes réunis à Beaune sont en effet partis à la découverte de sept Cuma de Bourgogne-Franche-Comté. En Saône-et-Loire, c’est le thème du photovoltaïsme qui était proposé avec l’illustration du nouveau bâtiment de la Cuma du Méchet.
En ouverture de cette visite, David Cornier, élu du réseau Cuma Bourgogne-Franche-Comté, a présenté le département avec ses 199.000 vaches allaitantes, son vignoble et ses quelque 7.000 exploitations. La Saône-et-Loire compte 250 Cuma partagées entre viticulture, élevage et grandes cultures. Deux de ces Cuma se sont diversifiées dans la méthanisation, complétait le responsable.
Hausse du chiffre d’affaires de + 50 %
La Cuma du Méchet a vu le jour en 1983. Depuis 2021, elle bénéficie d’un nouveau souffle avec l’arrivée d’une équipe rajeunie et une reprise en main de son fonctionnement. La coopérative est passée de 40 à 62 adhérents correspondant à 50 exploitations situées dans un rayon de 35-40 km. En quelques années, le chiffre d’affaires a bondi de + 50 % atteignant aujourd’hui 125.000 €. Le nouveau conseil d’administration a fait le choix d’investir dans du matériel. Au 31 décembre 2024, la Cuma affichait plus de 1 million d’euros brut d’investissement en équipements. « Nous avions beaucoup de frais de réparation avant. Depuis que nous nous sommes remis à investir, notre facture d’entretien a baissé de 55.000 à 25.000 € par an », fait valoir le président Clément Barnay.
La Cuma du Méchet dispose de plus de 30 équipements pour les besoins des exploitations de polyculture-élevage adhérentes : une ensileuse automotrice, plusieurs bennes et épandeurs de fumier, du matériel de travail du sol et de semis, des faucheuses…
Une solution rapide et économe
Le nouveau départ de la Cuma du Méchet s’est aussi concrétisé par la création d’un bâtiment de stockage du matériel. La coopérative disposait bien d’un premier bâtiment, mais elle a été contrainte de s’en séparer, car le terrain loué n’était pas couvert par un bail. Aussi, en reprenant les rênes de la Cuma en 2021, les nouveaux responsables ont immédiatement lancé un projet de construction, régularisant au passage une situation juridique incertaine.
Un terrain a été acheté à l’un des adhérents près du bourg de Monthelon. Et la Cuma a opté pour une solution proposée par la société Irisolaris (lire encadré), à savoir un bâtiment à couverture photovoltaïque mis à disposition par l’énergéticien. Ce n’est donc pas la Cuma qui exploite la centrale solaire, mais elle peut utiliser à sa guise l’espace couvert. Cette solution avait l’avantage d’être rapide – le bâtiment a pu être utilisé en mai 2023. Les adhérents apprécient aussi la simplicité du projet : ils n’ont eu à se soucier ni de la construction du bâtiment ni des démarches administratives. Surtout, ce hangar de 80 m de long par 25 m de large n’a pas engendré de gros investissements pour la Cuma. Il aura coûté entre 50 et 55.000 € à la coopérative pour le terrassement, le bardage, les chéneaux…, seuls éléments à sa charge. Cela équivaut à environ 1.800 € facturés aux adhérents chaque année. Bien moins coûteux que l’ancien bâtiment, il est aussi trois fois plus grand, se félicitent les intéressés qui louent l’espace inoccupé à d’autres Cuma qui peuvent y entreposer leur matériel.
Un collectif ressoudé
Le renouveau de la Cuma du Méchet a été rapide, souligne Victoria Seidenglanz, animatrice Cuma BFC. En à peine deux années de temps, les comptes étaient redressés et un nouveau bâtiment était sorti de terre. Le projet a permis de ressouder les adhérents de la Cuma. La jeunesse et le volontarisme des jeunes responsables ont opéré, « sans que personne ne soit exclu », souligne l’animatrice. Grâce à un financement de l’État (Dynacuma), les responsables de la Cuma du Méchet ont pu compter sur un accompagnement précieux de la fédération des Cuma dans leur relance.
Le boîtier « Karnott » remplace le carnet papier !

À la Cuma du Méchet, chaque matériel a son responsable chargé de l’entretien. Pour la gestion des équipements, la nouvelle équipe a investi dans une douzaine de boîtiers électroniques « Karnott ». Ces outils, munis du GPS et dotés d’une application, permettent d’enregistrer les hectares accomplis par les outils ou le nombre de voyages effectués pour les épandeurs. Les adhérents utilisent également des groupes « Whatsapp » pour réserver les matériels.
Le photovoltaïque en toiture reste intéressant selon Irisolaris
Partenaire de la fédération régionale des Cuma ainsi que de l’organisation du congrès de Beaune, le spécialiste des énergies renouvelables Irisolaris est un opérateur bien connu dans le monde agricole. À Monthelon, il est venu présenter ses différentes solutions et a répondu aux nombreuses questions posées par les responsables de Cuma venus de toute la France. Grâce au photovoltaïque, deux possibilités s’offrent à ceux qui souhaitent disposer d’un bâtiment. La première consiste à investir soi-même dans un bâtiment muni de sa centrale solaire. L’agriculteur (ou la Cuma) devient alors producteur d’électricité. Cette énergie est soit revendue à EDF, soit autoconsommée. La seconde option est le « tiers-investissement ». L’agriculteur ou la Cuma peut alors disposer de l’usage d’un bâtiment dont la couverture photovoltaïque est exploitée par Irisolaris. Cette formule qui va de la location de toiture au « bail à construction » évite à l’agriculteur ou à la Cuma de s’endetter, fait valoir l’entreprise. C’est cette dernière formule qu’a choisie la Cuma du Méchet. La durée du bail est toujours de 30 ans. Au terme de cette durée, les bâtiments édifiés comme les panneaux peuvent devenir propriété de l’agriculteur ou de la Cuma. Ces formules que d’aucuns qualifient de « bâtiment gratuits » font appel à des montages financiers spécifiques que l’énergéticien peut étudier avec ses clients. L’intervenant évoquait l’évolution récente du cadre tarifaire régissant les installations photovoltaïques. « La volonté de l’État est d’arrêter de subventionner à tout va. Cela va permettre de nettoyer et redimensionner le marché photovoltaïque. Mais ça va aussi diminuer la rentabilité », convenait l’intervenant. Ce dernier assurait cependant que le photovoltaïque resterait intéressant malgré un soutien réduit. Les entreprises qui font du tiers investissement vont s’adapter, concluait le représentant d’Irisolaris. Depuis 2022, les statuts juridiques des Cuma leur permettent de vendre de l’électricité sans avoir à créer une autre structure dédiée, indiquaient les représentants du réseau Cuma.
Attention aux assurances !
La question des assurances est un point sensible dans un projet photovoltaïque. Irisolaris assure la toiture, les panneaux solaires, les onduleurs. La Cuma ou l’agriculteur doit assurer tout ce qui se trouve sous le bâtiment. Un bâtiment à toiture photovoltaïque ne peut abriter ni cuve de carburant, ni engrais ni produits phytosanitaires, signalait l’intervenant.



