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Maraîchage

La cressiculture les botte... !

Menacée un temps de disparition, la cressonnière de Véron connaît un nouvel essor, sous l’impulsion d’Henry Bazus, soucieux de conserver le patrimoine familial, assisté depuis 2 ans par Benjamin Saby, ancien pensionnaire de la MFR de Villevallier.
Par Dominique Bernerd
La cressiculture les botte... !
Henry Bazus, « réinventeur » de la cressonnière de Véron et Benjamin Saby, à ses côtés depuis 2 ans.
I l s’en est fallu de peu fin 2009, pour que la cressonnière implantée il y a plus de 70 ans à Véron, par Suzanne et Roger Desoeuvres ne disparaisse du paysage sénonais. Après leur départ en retraite en 1989, la cressonnière fut exploitée avec succès par un couple tourangeau pendant 18 ans, puis par un ancien ouvrier qui connut des fortunes diverses, au point de rendre l’exploitation en quasi état de friche, avec seulement 2 fosses en activité sur les 54 créées à l’origine. Un véritable crève-cœur pour Henri Bazus, gendre des fondateurs et jardinier à ses heures. L’ancien mécano a profité d’une retraite salutaire il y a 5 ans, pour se lancer dans l’aventure et redonner ses lettres  de noblesse à une entreprise familiale septuagénaire, mais à la santé aujourd’hui retrouvée.

Plus de 22 000 bottes de cresson à l’année
Depuis la reprise d’activité, 34 fosses (sur un potentiel de 54) sont désormais opérationnelles, alimentées en eau claire par la source de Saint-Gorgon, que l’on dit descendre des étangs de Saint-Ange, en Pays d’Othe. Une source au débit régulier et à la température constante (de 8° à 10 °), qui alimente à longueur d’année l’ensemble des bassins, par un simple phénomène de gravité naturelle. Particulièrement sensible à la photosynthèse, le cresson de fontaine pousse dans l’eau, au rythme du soleil : « nous avons manqué de lumière pendant quasiment 2 mois et il nous a été impossible de produire pendant plus de 3 semaines. Revenu, le soleil fait pousser le cresson à vitesse grand V et l’on est même un peu débordés… » La saison s’étend de septembre à fin avril. Début mai, on laisse la plante monter en graines, récoltées en juin, avant le réensemencement un mois plus tard, une fois les fosses curées, nettoyées et remises en eau.
Bottes aux pieds, Benjamin s’active dans 15 cm d’eau, liant de main de maître une botte de cresson fraîchement cueillie. Natif de Véron, c’est sa 2ème saison à la cressonnière, après une formation Bac Pro CGEA Productions Végétales à la MFR de Villevallier. Henry Bazus a su lui transmettre sa passion et aujourd’hui, l’élève n’est pas loin de rattraper le maître dans la confection des bottes de cresson ! Un objectif : «se former progressivement à la gestion, afin de lui succéder un jour…» Les pieds dans l’eau, le dos courbé, la tâche n’est pas de tout repos, mais, confie Benjamin, «pour moi qui ne rêvais que de travailler au grand air, c’est la vie rêvée…»
A l’année, plus de 22 000 bottes sont ainsi produites, commercialisées à la fois directement dans les grandes surfaces du Sénonais et jusque dans le Loiret, «sans passer par des centrales d’achat», précise Henry Bazus, ainsi qu’en vente directe. Du cresson cueilli la plupart du temps sous les yeux des clients. Difficile de trouver plus frais… ! Le retraité actif qu’est Henry Bazus a raison de souligner que «cela aurait été un crime d’abandonner un tel endroit…»