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JA - FDSEA

La colère contre les accords avec le Mercosur

Une trentaine de tracteurs et une centaine d’agriculteurs se sont mobilisés vendredi 23 février à l’appel des Jeunes Agriculteurs et de la FDSEA pour interpeller le Préfet et les consommateurs sur les dangers d’un accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur.
Par Lucie Lecointe, FDSEA 58
La colère contre les accords avec le Mercosur
Tracteurs sur autoroute: «Macron Imposteur» «Consommateurs, agriculteurs, tous trompés!»: agriculteurs et consommateurs: même combat !
Le convoi d’une trentaine de tracteurs a démarré en fin de matinée à la ferme du Marault, le symbole de l’excellence de la race charolaise, pour mieux dénoncer l’écart entre la qualité des viandes françaises et celle des viandes sud-américaines qui arriveront sur le marché européen après la signature des accords avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).
La colère est palpable pour les éleveurs déjà abasourdis par les prix de la viande en ce moment. «Avec le Ceta et le Mercosur, c’est tout notre système allaitant français qui va être déstabilisé, les prix vont encore baisser, on sera mis en concurrence avec des élevages où il n’y a aucune traçabilité, sans parler du reste...on ne peut pas accepter ça !» explique Clément Blandin, président des Jeunes Agriculteurs. Stéphane Aurousseau, Président de la FDSEA, poursuit: «Le Président Macron nous dit de faire de la qualité, et par ailleurs on va importer des viandes, qui, si elles sortaient de n’importe lequel de nos élevages, seraient immédiatement détruites! Les filières végétales sont tout autant impactées que l’élevage, notamment la filière bioéthanol. Nous allons distribuer des tracts pour les consommateurs et interpeller l’administration cet après-midi sur l’incohérence de la politique de l’État.»

Opération escargot sur l’autoroute
Depuis Magny-Cours, le convoi, escorté par les gendarmes, a ensuite pris la direction de Nevers sur l’autoroute A 77, roulant au pas sur près de 20 km avant d’installer un barrage filtrant, des deux côtés de la voie, à la sortie vers Varennes-Vauzelles.

Une fois le flot de la circulation ralentit, les adhérents et les équipes JA et FDSEA commencent à remonter les files de voitures et de camions routiers pour distribuer des tracts et expliquer le blocage. «Nous manifestons contre l’importation de viandes sud-américaines, nourries aux farines animales, aux OGM, aux hormones de croissance... Les accords avec le Mercosur menaçent directement plus de 25 000 éleveurs français, alors que notre modèle d’élevage herbager est triplement vertueux: du point de vue du bien-être animal, du point de vue environnemental (prairies, stockage de carbone, haies...) et d’un point de vue de la traçabilité et de la sécurité des consommateurs....»

Soutien des consommateurs nivernais
Malgré l’attente en voiture, la plupart des automobilistes se montrent compréhensifs: «Vous avez raison, nous sommes au courant de ces accords» témoigne ce père de famille. «Courage ! On vous soutient», lance cette dame en adressant un salut de la main à travers sa vitre baissée. D’autres automobilistes interpellent les agriculteurs sur le choix du blocage: «On est pris en otage dans le barrage filtrant, c’est dommage car sur le fond je pense que la plupart des gens ici vous soutiennent». «Merci de votre patience et de votre soutien» concluent les manifestants.
Le ras-le bol de l’attente est palpable pour certains automobilistes, tandis que les camions routiers affichent leur soutien à grands coups de klaxons.

L’administration ne veut rien entendre
Dans l’après-midi, une délégation d’élus JA et FDSEA ont rencontré Joël Mathurin, préfet de la Nièvre, M. Croguennec, directeur de la DDT et Mme Donvez, cheffe du Service Économie Agricole à la DDT. Le discours se veut rassurant sur les intentions du gouvernement, mais les arguments et les garanties sont inexistants quand il s’agit de préciser les modalités de contrôle des viandes importées, de répondre à l’inquiétude des éleveurs sur leur revenus, sur l’avenir de l’élevage français et des territoires...

Macron mis devant ses contradictions
La venue d’Emmanuel Macron au Salon de l’Agriculture le lendemain, samedi, a confirmé la ligne présidentielle très floue sur les mécanismes à mettre en œuvre pour garantir le contrôle des viandes et le blocage de celles ne respectant pas les standards français. Et pour cause: l’importation de viandes issues d’animaux nourris aux farines animales et aux antibiotiques activateurs de croissance est autorisée en Union Européenne. Seule l’importation de bœuf aux hormones est interdite. Il semblait plus important aux yeux du Président de battre le record de présence, un symbole bien futile alors que la profession attend des mesures concrètes....
Si le Président semble décidé à sacrifier l’élevage français sur l’autel du libéralisme dérégulé, espérons que les consommateurs se mobiliseront pour écrire le prochain chapitre de l’histoire.

La FNB monte au créneau

Elle demande:
- l’interdiction de l’importation de viandes issus de pratiques d’élevages interdites au sein de l’UE
- e renforcement des contrôle et de la traçabilité, et cela dès la mise en œuvre de l’accord; pas d’application provisoire de l’accord avant que les mesures de contrôle et de traçabilité soient opérationnelles
- une communication claire sur les volumes envisagés
- un projet de loi clair et ambitieux permettant aux éleveurs d’obtenir des prix rémunérateurs dans le cadre de l’organisation de la filière