La Chambre ne veut pas lâcher les jeunes installés
Les chiffres de l'installation agricole dans la Nièvre révèlent un certain retour à des productions plus « traditionnelles » dans les projets. Le bilan présenté à Nevers a aussi permis à la Chambre de réaffirmer son positionnement en matière d'accompagnement, pour des jeunes qu'on ne peut laisser totalement seuls face à la complexité des dossiers.

Regarder les chiffres de l'installation est toujours instructif pour jauger la santé agricole d'un département. C'est la mission à laquelle s'astreint chaque année le Comité transmission-installation (Coti) de la Chambre d'agriculture de la Nièvre. Sa dernière édition, à Nevers, révélait un certain nombre d'éléments. Prenons le chapitre des Dotation jeunes agriculteurs (DJA) : après une année 2023, au cours de laquelle un grand nombre de dossiers de DJA avait été présenté (51) dans l'espoir d'éviter des difficultés qui s'annonçaient en matière de gestion, 2024 est revenue à un niveau plus classique : 23 dossiers déposés au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (BFC). Il faut préciser que l'année était atypique, à cheval sur deux Règlements de développement rural, le RDR3 jusqu'en août puis le RDR4.
Un quart d'installations aidées
Les montants moyens de DJA, d'une RDR à l'autre, n'ont pas traduit d'évolution notable, dans un sens ou dans l'autre (39 387 euros pour le RDR3 et 39 600 euros pour le RDR4). Il faut aussi garder à l'esprit que parmi les personnes qui passent par le PAI, 25 % s'installent avec les aides, 25 % sans les aides et les 50 % restants ont des parcours plus incertains (abandon, double activité, retour à l'école…) Les services dédiés de la Chambre d'agriculture de la Nièvre ont noté une amélioration de la fluidité du traitement des dossiers par le Conseil régional mais la Chambre souhaiterait plus de liens avec cette collectivité, déplorant que les pièces soient transmises aux jeunes agriculteurs mais pas à ses services, ce qui dégrade le niveau d'information sur le suivi des dossiers. Une situation qui risque de s'aggraver encore avec la fin de la mission de service public assumée jusque-là par les Chambres, le Conseil régional estimant que les jeunes doivent être autonomes ce qui, face à la complexité des dossiers, reste une vue de l'esprit…
Un pack pour faire face
La Chambre d'agriculture propose donc une offre (Pack 360) pour aider dans le suivi administratif, mais de fait, l'accompagnement est aujourd'hui ouvert à la concurrence. Un constat que Martin Bloch, chef du service économique des entreprises au sein de la Chambre nuance : « l'installation pour un organisme privé, ce n'est pas rentable, alors que pour nous c'est dans notre ADN ». En 2024, les installations aidées ont porté sur 7 projets en polyculture-élevage, 5 en grandes cultures, 3 en bovins viande et le reste s'est réparti entre bovins/ovins, plantes à parfum, aromatiques et médicinales, bovins-maraîchage, volailles/pépinières, équins/porcs et pour la première fois, culture de champignons. Près du quart des dossiers déposés le sont par des femmes. 30 % des dossiers aidés en 2024 avaient un projet circuit court. L'agriculture biologique représente 22 % des installations aidées, ce qui place la Nièvre au-dessus de la moyenne nationale. La porte d'entrée de l'installation est le Point accueil installation (PAI) de la Chambre. Parmi les personnes qu'il a reçues en 2024, 32 % étaient en recherche de foncier. Un chiffre à mettre en regard des surfaces concrètes accompagnant les installations aidées : celles-ci étaient en hausse en 2023 pour les installations sous forme sociétaire, avec 353 ha, alors qu'en installation en individuelle la tendance est plutôt à une baisse des surfaces observée depuis 2021. En 2023, c'était seulement 81 ha. Au final, ce Coti 2024 révèle un certain retour des productions traditionnelles par rapport aux diversifiées au niveau du PAI et une année relativement petite en termes d'installation avec les aides, avec, néanmoins, des niveaux d'investissements, comparés à 2023 à la hausse de 4 % en formes sociétaires, et de 13 % en formes individuelles.