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Épandage

La certification éco-épandage peine à convaincre les constructeurs

Éco-épandage est le seul moyen de s’assurer des performances des matériels d’épandage de matière organique.
Par Michel Portier
La certification éco-épandage  peine à convaincre les constructeurs
( Crédit photo Iristea )
La commercialisation d’appareils certifiés Éco-épandage reste encore anecdotique. Pour l’instant, seuls deux constructeurs ont obtenu la certification sur certains de leurs modèles : Pichon pour les tonnes à lisier et épandeurs, et Buchet pour les épandeurs. Cette offre encore très limitée s’explique par le niveau d’exigence très élevé des tests, notamment pour les épandages de matières solides (un autre constructeur est sur le point de présenter des épandeurs certifiés) et par le manque d’engouement des constructeurs. Bon nombre d’entre eux hésitent à s’engager dans une démarche exigeante et relativement coûteuse, sans certitude sur son impact commercial. Le fait que la démarche ait été initiée par deux constructeurs, Rolland et Pichon, en collaboration avec Irstea, la chambre d’agriculture de Bretagne et VetAgro Sup, a été un argument pour mettre en cause l’indépendance de la démarche. «Mais le doute a rapidement été levé par les deux industriels initiateurs qui ont, dès le début du projet, invité toutes les autres marques à participer à la réflexion. Le référentiel a été bâti avec un souci de neutralité et aussi de pragmatisme par rapport aux attentes des utilisateurs, relativise Emmanuel Piron, d’Irstea. Désormais, c’est une filiale d’Axema (1) qui chapeaute le projet et qui va faire vivre la certification.»Jean-François Goupillon, responsable du pôle technique d’Axema, confirme l’indépendance du référentiel Éco-épandage : «notre filiale Axema Promotion Service, qui n’est pas liée aux actions syndicales d’Axema, est propriétaire de la marque Éco-épandage. La certification est ouverte à tous les constructeurs de matériel d’épandage de matières organiques. Et si les demandes sont encore peu nombreuses, les constructeurs suivent de près le projet». Le site internet www.eco-epandage.com est maintenant disponible. Outre la présentation de la certification, ce site recense l’ensemble des modèles certifiés.

Un projet avant-gardiste anticipant la réglementation
Le succès d’Éco-épandage est suspendu à la motivation des constructeurs à s’engager dans cette voie de la certification. La mise en oeuvre des tests sur le banc Irstea engendre un coût non négligeable, avec un certain nombre d’incertitudes quant au nombre de tests à réaliser et de modifications à apporter aux machines. Mais pour Emmanuel Piron, la plus lourde tâche se situe dans l’audit de l’entreprise. «Le constructeur doit prouver qu’il met tout en oeuvre pour garantir la conformité de ses machines dans le temps. C’est la même méthode que pour une démarche qualité». Éco-épandage est un projet inédit dans le machinisme agricole. Il constitue la première certification environnementale du secteur portant sur un bien d’équipement. Mais il se limite pour l’instant à une portée nationale. Les constructeurs présents sur plusieurs marchés en Europe craignent que chaque pays adopte sa propre certification. Au final, le principal élément déclencheur pourrait venir des pouvoirs publics s’ils décidaient que la certification Éco-épandage devienne un critère dans l’attribution des futures aides à l’investissement.