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élevage bovin

La BVD: une prophylaxie collective se dessine

La BVD (Diarrhée virale bovine), parfois appelée maladie des muqueuses, est une maladie virale des bovins
Par Ma signature
La BVD: une prophylaxie collective se dessine
Au terme, tous les animaux destinés à l'élevage devront avoir un statut BVC non IPI avant départ.
Une prophylaxie collective de la BVD à l’échelle nationale se dessine et pourrait se mettre en place dans les prochains mois. Quels seront les grands principes de cette prophylaxie et comment s’y préparer?

Pourquoi partir vers une prophylaxie collective ?
Comme nous l’avons vu la semaine dernière, les conséquences cliniques peuvent être importantes dans les élevages atteints de BVD notamment dans les élevages à vêlages groupés comme le sont nos élevages allaitants bourguignons.
Une grande partie des pays d’élevage d’Europe ainsi que l’Ouest, le Nord et le grand Est de la France ont engagé un plan de lutte collectif contre la BVD et demandent des garanties aux mouvements. Il est donc important pour eux de généraliser cette prophylaxie pour limiter les risques de recontamination par la BVD via des mouvements ou des foyers dans les zones frontalières. C’est pourquoi, un arrêté ministériel sera prochainement applicable à l’ensemble du territoire national.

Les grandes lignes de l’arrêté ministériel
Les mesures définies seront d’application progressive en fonction des orientations régionales mais devront être effectives 4 ans maximum après la parution de l’arrêté ministériel.  Cet arrêté est en cours de finalisation et sera soumis à l’avis des experts de l’ANSES. Sa parution pourrait avoir lieu d’ici fin 2019.
- Assainissement obligatoire des foyers : recherche et élimination des IPI dans un délai contraint. (Mesure applicable dès la parution de l’arrêté) ;
- Recherche généralisée obligatoire des IPI : par analyse sur prélèvement de cartilage ou prise de sang. (Report possible de cette mesure 4 ans maximum après  la parution de l’arrêté) ;
- Statut favorable avant mouvement : dépistage virologique 15 jours avant départ ou statut bovin non IPI exigé pour tout mouvement avec des dérogations possibles pour les sorties vers des cheptels d’engraissement en bâtiment fermé ou vers l’abattoir. (Report possible de cette mesure 4 ans maximum après  la parution de l’arrêté).

Pour pouvoir être vendu à l’élevage, un bovin devra donc obligatoirement avoir un statut non IPI au plus tard en 2023.

Quel scénario pour la Bourgogne ?
La FRGDS Bourgogne travaille à proposer un scénario le plus efficace pour mettre en œuvre cette prophylaxie BVD, que ce soit sur le plan sanitaire et financier car cette prophylaxie sera à la charge des éleveurs.
Pour cela, une enquête régionale a été menée durant l’hiver 2017/2018 en collaboration avec les vétérinaires (GTV Bourgogne), les laboratoires départementaux Côte d’Or, Agrivalys et Eurofins Cœur de France pour évaluer la circulation du virus en Bourgogne.
Cette étude a permis de mettre en évidence une forte circulation de la BVD en petite région Bourgogne, tant en élevage allaitant qu’en élevage laitier. En élevage allaitant, environ 1 élevage sur 2 (et jusqu’à 2 élevages sur 3) voit passer le virus tous les 2 ans environ.
D’après l’expérience des pays engagés dans un plan collectif d’éradication, un scénario pertinent serait de réaliser un dépistage généralisé (par analyse virologique) via un bouclage auriculaire des veaux pendant 3 ou 4 ans et d’initier en parallèle une surveillance sérologique sur des sentinelles pour acquérir in fine un statut de cheptel qui permettrait de qualifier les animaux.

En attendant cette prophylaxie collective de la BVD, que dois-je faire ?
Dès parution de l’Arrêté Ministériel BVD, les cheptels où une circulation BVD sera mise en évidence risquent d’avoir des  contraintes importantes aux mouvements et se verront dans l’obligation de mettre en place un assainissement très rapide de l’ensemble de leur cheptel.

Pour limiter ces contraintes, voici quelques recommandations à appliquer dès maintenant.

Repères

En élevage bovin allaitant
Pour les élevages allaitants qui vaccinent BVD ou qui envisagent de vacciner
Si les contacts de voisinage ne peuvent pas être maitrisés, poursuivez cette vaccination avec un vaccin à protection fœtale sur l’ensemble du troupeau reproducteur (vaches et génisses 1 mois avant mise à la reproduction et taureaux). La vaccination BVD permet de protéger les femelles gestantes et ainsi de diminuer le nombre d’IPI. Cette vaccination volontaire est à mettre en œuvre sur prescription de votre vétérinaire.

Pour les élevages qui ne vaccinent pas vis-à-vis de la BVD
Il est important de mettre en place une surveillance active de la BVD pour évaluer la circulation virale dans votre troupeau afin d’assainir avant parution de l’Arrêté Ministériel si besoin! Pour cela, réaliser au moins un sondage sérologique de mélange sur des animaux de 6-18 mois.
En cas de mélange négatif : la BVD n’a pas circulé récemment. Maintenir cette surveillance tous les ans.
En cas de mélange positif: la BVD a circulé récemment dans votre troupeau. Il est alors fortement recommandé de mettre en place un assainissement (recherche et élimination des IPI) et d’envisager une vaccination si les contacts voisinage ne peuvent pas être totalement maîtrisés.
 
Si ce sondage sérologique sur des jeunes est difficile à mettre en œuvre (contention, coût de prélèvement): lors de la prophylaxie annuelle, réaliser au moins 2 sondages sérologiques de mélange (mélange de 10 animaux)  sur des jeunes femelles (24-48 mois).

En élevage bovin laitier
Pour les élevages laitiers qui vaccinent BVD ou qui envisagent de vacciner
La vaccination BVD permet de protéger les femelles gestantes et permet de diminuer le nombre d’IPI. Cette vaccination BVD induit des anticorps BVD  chez les vaches vaccinées. Elle ne permet donc pas de mettre en évidence une circulation BVD par sondage sérologique sur lait de tank. Cette vaccination est donc intéressante dans les configurations où les contacts voisinage ne peuvent pas être maitrisés.
Si ces contacts de voisinage ne peuvent pas être maitrisés, poursuivez cette vaccination avec un vaccin à protection fœtale sur l’ensemble du troupeau reproducteur (vaches et génisses 1 mois avant mise à la reproduction et taureaux).
Si les contacts de voisinage peuvent être maitrisés et les achats contrôlés en BVD (sous réserve du respect de la quarantaine), la vaccination BVD ne se justifie pas forcément.
La vaccination BVD est donc à bien réfléchir avec votre vétérinaire en évaluant les facteurs de risque d’introduction de la BVD dans votre troupeau et à mettre en œuvre selon ses prescriptions.

Pour les élevages laitiers qui ne vaccinent pas vis-à-vis de la BVD
Un contrôle sérologique sur lait de tank aura lieu au printemps 2019 pour tous les adhérents bovins  laitiers.
- En cas de lait de tank négatif: la BVD ne circule pas dans le troupeau de vaches laitières. Maintenez les mesures de biosécurité en place et contrôlez les achats vis-à-vis de la BVD.
- En cas de lait de tank positif: la BVD circule ou a circulé dans votre troupeau (ou des vaches vaccinées sont présentes dans le tank). Contactez votre vétérinaire et le GDS pour faire un point sur l’origine (contrôles sérologiques sur des jeunes conseillés pour dater la circulation, maintien de la surveillance du lait de tank en cas de résultat faiblement positif pour repérer une séroconversion), les facteurs de risque et la mise en place d’un plan d’assainissement éventuel