Entre résilience et pertinence économique
L'évènement organisé par la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or était une vitrine des pistes de résilience pour les cultures face au changement climatique. Des solutions existent mais elles entraînent des surcoûts qui cadrent mal avec l'impératif de viabilité économique des exploitations.

Grosse affluence ce 6 juin pour l'évènement Innov'Action organisé par la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or. La parcelle de Rouvres-en-Plaine, travaillée par Benoît Franet, offrait un condensé d'informations sur différentes variétés de blé, en conventionnel comme en bio, mais aussi sur les conduites à adopter en matière de fertilisation, de bas-carbone, de biosolutions ou encore de pulvérisation de précision. Autant de thèmes choisis parce qu'ils correspondent à des questionnements exprimés par les agriculteurs.
« Cultivons la résilience » c'est le sous-titre d'Innov'Action et il s'agit bien d'apporter des pistes de réflexions et des perspectives, en regard du changement climatique et des réglementations de plus en plus contraignantes concernant le recours aux intrants.
Travail d'équipe
La journée a été préparée par l'ensemble des équipes Productions végétales et Grandes cultures de la Chambre d'agriculture, dont le travail a été salué par Matthieu Duthu, président de la commission Productions végétales annuelles à cette même Chambre. Une grosse partie de la plateforme présentée ce jour-là était dédiée à des essais de fertilisation, ou d'autres sur les biosolutions et oligo-éléments, sous forme de microparcelles, mis en place en partenariat avec Agronutrition, UPL, Adama, De Sangosse et Bayer. Parmi les ateliers à découvrir ce jour-là on peut noter :
- le témoignage de Pascal Chadœuf (EARL Des Sillons, à Fauverney) dont la ferme fait partie du réseau européen Climate Farm Démo, pour l'adaptation des systèmes de production agricole au changement climatique. Pilotage du pâturage, santé du sol, gestion de l'eau et des cultures font partie des thématiques propres à ce réseau. Ses pistes de travail ont résidé dans la diminution de la consommation de gazole liée à l'irrigation, ou l'augmentation du stockage de carbone dans le sol avec des couverts favorisant la production de biomasse. Un témoignage éclairant sur la nécessité de combiner viabilité climatique et économique pour une exploitation. Dans ce domaine, rien n'est simple puisque les coûts qui accompagnent la mise en place de mesures spécifiques vertueuses ne s'accompagnent que rarement des contreparties économiques…
- Une problématique similaire se retrouvait sur l'atelier consacré aux engrais décarbonés. Les conclusions des essais montraient qu'il s'agissait certes d'un levier efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) mais l'absence de soutien financier reste un frein à leur utilisation. Il est donc nécessaire d'envisager leur emploi à l'échelle des filières afin de répartir le surcoût parmi les différents acteurs. Reste qu'à ce jour, la solution la plus accessible pour diminuer les émissions liées à la fertilisation consiste à recourir à des inhibiteurs de nitrification qui stabilisent temporairement l'azote dans le sol.
- L'intérêt d'implanter des haies pour leurs effets climatiques (ombrages, coupure du vent, puits de carbone). Parmi les atouts de ces plantations figurent la réduction de l'intensité des pics de crue, la réduction des pollutions diffuses, des effets positifs sur la gestion de la réserve en eau, l'augmentation des capacités de productions agricoles, une bonification des sols par l'apport de matière organique et une sauvegarde de la biodiversité.
- Différentes approches de fertilisation en bio : équilibre à trouver entre ne pas trop mettre de fertilisants et ne pas appauvrir ses sols. Sans apport de fertilisant, un précédent luzerne, féverole ou lentilles peut souvent avoir un meilleur effet sur le rendement.
- Volatilisation ammoniacale et comment économiser des unités d'azote : on peut avoir recours au biochar, un matériau poreux constitué principalement de carbone. Il améliore la rétention en eau et en éléments nutritifs du sol, la structure du sol, il stocke durablement le carbone et réhausse le pH des sols acides. Il faut compter 1 000 euros/t, avec 2 à 3 t/ha pour 5 à 10 ans. Des épandages de digestat, de solutions azotées et d'urée ont également été testés.
Quatre autres rendez-vous à inscrire sur vos agendas
« Cultivons la résilience » va se poursuivre après les moissons et jusqu'à la fin de l'année avec quatre événements à ne pas rater :
– Hétérogénéité des sols, le 23 septembre à Saint-Martin-du-Mont
– Comment réussir ses couverts, en octobre ou novembre, à Chaignay
– Transition carbone : les atouts de la méthanisation en polyculture-élevage, le 27 novembre à Essarois
– Colloque d'adaptation au changement climatique, le 16 décembre à Is-sur-Tille.