L’Union européenne importe de plus en plus de viande du Mercosur
La production de viande bovine a baissé de 101 000 tonnes équivalent carcasse (téc) en six mois alors que la consommation fléchit à peine. Faute d’alternative, l’Amérique du Sud est devenu, par nécessité le principal partenaire commercial de l’UE pour approvisionner.
L’Union européenne (UE) manque de viande bovine. Les importations européennes augmentent mois après mois alors que le marché mondial est déjà tendu. Le Royaume-Uni, principal partenaire commercial de l’UE, n’est plus en mesure de répondre à une demande européenne croissante. Aussi, la viande importée provient de plus en plus d’Amérique du Sud et plus précisément du Brésil, d’Argentine et d’Uruguay. Au mois d’août dernier les expéditions de viande brésilienne avaient atteint 13 000 tonnes équivalent carcasse (téc). Elles sont supérieures de 45 % à l’an passé. Le mois précédent, elles avaient déjà été trois fois supérieures (11 800 téc).
Conjoncture porteuse
« Le Mercosur a ainsi représenté 69 % des imports européens depuis les pays tiers en juillet (33 000 téc), contre 57 % en juillet 2023 et 2024 et 54 % en 2022 », souligne l’Idele. Elles portent sur de petits volumes rapportés à la production européenne (6,430 millions de téc en 2024) mais leurs progressions sont spectaculaires. Au cours des sept premiers mois de l’année, le Mercosur a exporté 133 000 téc en UE sur les 219 000 téc importées, toutes origines confondues, selon l’Idele. Les autres origines (Nouvelle Zélande, Afrique australe) n’ont pas excédé 10 000 téc. Ces échanges commerciaux sud-américains tendent à banaliser l’impact de l’accord du Mercosur pourtant si redouté. Le Brésil a accès au marché européen dans des conditions bien définies : contingents à droits réduits de 66 000 téc avec au-delà un droit de douane de 12,8 % et une majoration des prix de + 3 €/kg). Mais elles n’empêchent pas leur essor quand nécessité fait loi. À l’export, la France profite d’une conjoncture bovine 2025 porteuse, avec des prix compétitifs. 127 000 téc de viande ont été exportées en sept mois (+ 4 % par rapport à 2024) alors que les importations (183 000 téc) se sont repliées de 4 % sur un an. Mais moins de viande est consommée (-3,2 % sur un an). Par ailleurs, les pays fournisseurs n’ont plus les moyens de contenter tous leurs partenaires commerciaux. En Espagne, la viande exportée en Algérie (14 000 téc en 6 mois, + 35 % par rapport à 2024) n’est plus disponible sur le marché européen.
Décapitalisation
Toutefois, environ 27 % de la viande consommée en France est importée alors que notre pays dispose du plus important cheptel de bovins allaitants d’Europe. Il n’est donc pas en mesure d’approvisionner ses voisins européens pour les rendre autosuffisants. Un des moteurs de la pénurie de viande en UE, et en France en particulier, est la décapitalisation accentuée par la baisse continue du nombre de naissances de veaux (laitiers et de race allaitante). Au cours des 33 premières semaines de l’année (jusqu’au 17 août), seuls 566 000 broutards ont été expédiés, soit 4 % de moins que l’an passé. Mais la conjoncture du marché de la viande et les épizooties qui rendent parfois les exportations de broutards plus compliquées, incitent de plus en plus d’éleveurs à engraisser des animaux. Au mois de juillet dernier, la proportion de broutards atteint 44 % (+ 9 points sur un an). Aucun signe d’une reprise de la production de viande bovine n’est perceptible. En UE, les abattages de vaches de réforme (937 000 téc) ont diminué de 5 % en un semestre comparés à 2024. En France, en cumul depuis le début de l’année, 1,729 million de veaux allaitants sont nés, soit une baisse de 5 % ou 91 000 têtes. En conséquence, les cours des vaches de réformes atteignent des sommets dans toute l’UE. La vache O a coté 6,50 €/kg éc en France semaine 37 et 6,73 €/kg éc en Irlande. Le seuil de 7 €/kg éc a dorénavant été atteint par le jeune bovin U, après les vaches U et R il y a quelques mois. Et les veaux laitiers de 45-50 kg de moins en moins nombreux à naître (-53 000 têtes sur un an), vendus à 290 €, sont deux fois plus chers qu’en 2024.