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Traits auxois

L’objectif des 100 naissances

L’union nationale du cheval de trait auxois invite ses adhérents à multiplier les poulinages. Un soutien financier est accordé pour chaque mise à la reproduction.
Par Aurélien Genest
L’objectif des 100 naissances
Cyrille Decosne, éleveur à Perrigny-lès-Dijon, avec deux de ses poulinières.
Race à faible effectif, le Trait Auxois est descendu en dessous du seuil des 100 naissances en 2017. Une «zone rouge» à éviter selon l’union nationale des chevaux de trait auxois, qui a souhaité corriger le tir en accordant une aide financière pour tout animal mis à la reproduction.
Couplé à un marché porteur, ce soutien a permis de «gagner» cinq poulains supplémentaires en 2018 pour terminer l’année sur un total de 99 naissances. L’union nationale du cheval trait auxois, réunie en assemblée générale le 6 avril dans les locaux de la MFR Auxois sud-Morvan à Pouilly-en-Auxois, a décidé de reconduire cette aide pour l’année en cours. «Nous voulons encourager la mise à la reproduction et repasser très rapidement au-delà des 100 naissances, seuil arbitraire que nous nous sommes nous-mêmes fixé. Une race qui ne se reproduit pas assez est une race qui se meurt, nous ne voulons pas de ça pour le trait auxois», annonce le président Jean-Paul Bureau.

Des prix en hausse
Cette incitation à la mise à la reproduction est d’autant plus importante que le marché du cheval, notamment celui de l’export, se porte très bien depuis plusieurs mois. «Les prix grimpent, aussi bien dans la filière élevage que la filière viande. La demande asiatique est très intéressante. Nos marchés traditionnels d’Italie et d’Espagne s’alignent en conséquence», souligne Cyrille Decosne, trésorier de l’union. En trois ans, le cours du poulain a doublé et s’élève aujourd’hui à 2,50 euros/kg vif.

Les mâles de deux et trois ans se vendent aux environs de 2 euros/kg alors que leur prix ne dépassait pas 0,80 euro/kg vif en 2016. Les juments ont vu grimper leur prix de 100 % en atteignant 1,80 euro/kg vif. Éleveur à Perrigny-lès-Dijon, Cyrille Decosne a connu une année 2018 satisfaisante à l’image des autres adhérents de l’union, avec la vente de trois laitons, de deux juments et d’un étalon. Sa meilleure année commerciale reste néanmoins celle de 2017 avec la vente de Gamin de Poisot, premier cheval de trait auxois né dans le stud-book approuvé en Belgique. L’équin est à même de reproduire chez les traits belges.

Une autre incitation
L’union nationale du cheval de trait auxois souhaite également encourager les utilisateurs. «L’utilisation représente le deuxième débouché du cheval de trait auxois», rappelle Jean-Paul Bureau : «nous proposons une prise de participation pour le débourrage de chevaux et la formation des meneurs. Ce n’est pas une nouveauté de l’année, mais tout comme l’aide à la reproduction, nous décidons de maintenir ce soutien. Il y a beaucoup à faire dans le contexte environnemental dans lequel nous vivons. Le respect de l’environnement devient très cher d’un point de vue sociétal et bon nombre de travaux peuvent être effectués avec la traction animale. Je pense notamment au travail dans les vignes ou encore au maraîchage. Le cheval territorial peut être utilisé dans les municipalités pour ramasser les ordures ou entretenir les espaces verts. Nous devons rester vigilants : tous les ans, des chevaux prêts à être utilisés sont demandés sur le marché».

En plein dans les poulinages

Cinq poulinages sont prévus cette année à l’EARL de Poisot, à Perrigny-lès-Dijon. Le tout premier poulain est né le 26 mars et se prénomme Jamaïque. Cyrille Decosne, propriétaire de quinze chevaux de trait auxois, est constamment sur le qui-vive en cette période de naissances : «Une surveillance importante est de mise, sachant qu’une poulinière peut aller jusqu’à trois semaines au-delà de son terme. Le jeune-né est susceptible de rester dans la toile, aucune approximation n’est permise», indique l’éleveur. Producteur céréalier sur 222 ha, Cyrille Decosne élève des chevaux depuis son installation au cours de l’année 2000. Le Côte-d’orien de 45 ans projette de développer son élevage dans les années futures et de disposer d’un bâtiment avec de grands box : «le but est de gagner en confort de travail et de développer ma passion. Mon exploitation n’étant pas à proximité de mes bâtiments actuels, je reste plusieurs jours dans une caravane que j’ai spécialement achetée pour les poulinages !»