L'inquiétude persiste chez les betteraviers
À l'occasion de la session du 5 juin à la Chambre d'agriculture de l'Yonne, Benoît Yot, directeur régional CGB Bourgogne et Sébastien Roger, représentant des betteraviers de l'Yonne ont souhaité s'exprimer sur ce sujet.

Après une campagne 2024 compliquée, impliquant de fortes inquiétudes chez les betteraviers du département, Benoît Yot, directeur régional CGB Bourgogne, a pris la parole, lors de la session, le 5 juin dernier, pour faire valoir la parole des betteraviers au sein de la Chambre d'agriculture de l'Yonne. « Les semis se sont étalés sur trois semaines, du 5 au 25 mars, sur des préparations de sols réalisées dans de bonnes conditions. L'implantation a été effectuée dans ces mêmes termes. Cela est de bon augure pour le potentiel de productivité », débute-t-il, devant Arnaud Delestre, le président de la Chambre d'agriculture. Pour continuer sur une belle lancée, le climat a été de leurs côtés pour la production. « Les précipitations plutôt régulières dans notre secteur ont permis une bonne mise en place de la culture et une efficacité correcte des désherbages avec la maîtrise des adventices », poursuit-il, confiant. Les fortes précipitations encouragent pourtant la présence de nuisibles aux cultures, ce qui reste une préoccupation majeure des betteraviers du nord du département. « L'arrivée des pucerons a été précoce, dès la semaine du 20 avril, et a nécessité à ce jour, au moins trois interventions chimiques. La présence des pucerons et le risque de jaunisse restent très anxiogènes pour les planteurs qui gardent en mémoire la crise sanitaire de 2020 avec un rendement final pour l'Yonne de 33 t à 16 t », témoigne-t-il. Aujourd'hui, les moyens de luttes actuels mis à disposition ne sont pour eux, pas suffisants. « Il y a donc une grande attente sur la PPL « lever les contraintes… », avec, entre autres dans ce projet, l'enjeu de pouvoir utiliser, en cas de besoin, 2 molécules insecticides autorisées par les instances sanitaires européennes et utilisées dans l'ensemble des pays européens sauf en France », remet-il sur la table.
Le marché de la betterave
Le marché de la betterave inquiète également, notamment à cause des charges agricoles, qui ont augmenté de 40 % entre 2017 et 2021, et de la baisse du marché de la betterave de l'Union Européenne, due, selon eux, « à l'effet collatéral des importations de sucre Ukrainien ». Benoît Yot, tient donc à faire un point sur la situation du sucre mondial actuel qui « subit une pression baissière de la part des spéculateurs, vendeurs nets de près de 2,5 Mt ». Les betteraviers restent donc sur le qui-vive, quant à l'évolution du contexte géopolitique actuel. « À l'invitation de l'Ambassade de France à Kiev, une délégation de la CGB a fait le déplacement début mai, en Ukraine. Cette visite a permis de rappeler le soutien aux Ukrainiens dans leur combat pour la liberté et faire entendre la voix des betteraviers français, les raisons qui poussent à veiller en permanence, à ce que le sucre soit exclu de toute concession au sein de l'accord entre l'Ukraine et l'UE », poursuit Benoît Yot. L'Ukraine n'est malheureusement pas le seul souci dont les betteraviers s'inquiètent. Le Mercosur fait également partie de leurs préoccupations. « La filière betterave reste fermement opposée à un tel accord qui donne au Mercosur des facilités d'importations », conclut le directeur CGB Champagne Bourgogne.