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Agroéquipement

L’industrie française relance la machine

Axema, le syndicat des industriels de l’agroéquipement a présenté son bilan économique pour l’année 2017. Le secteur a amorcé un léger redressement et regarde d’ores et déjà vers les marchés de demain, notamment les nouvelles technologies et le marché africain.
Par Ma signature
L’industrie française relance la machine
D’ici moins de 20 ans, les tracteurs autonomes pourraient représenter à eux seuls plus de 40% du marché de la robotique agricole.
Le syndicat majoritaire des industriels de l’agroéquipement, Axema, a tenu une conférence de presse à l’occasion de son rapport économique pour l’année 2017. Après une forte chute, le secteur constate un léger redressement en 2017, qui devrait continuer en 2018. Le marché français a terminé l’année à 5,1 milliards d’euros, soit une hausse de 1,1% et pourrait atteindre 5,3 milliards d’euros en 2018, avec une augmentation de 5%. Le syndicat justifie ces bons résultats par la production française qui a alimenté le marché, les importations ayant baissé de 5%. En termes de production, la France tient la troisième place au niveau européen, avec 4,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, derrière l’Allemagne et l’Italie. L’hexagone est aussi le 5ème exportateur mondial du secteur, sur un marché qui représente 111 milliards d’euros et majoritairement concentré en Asie, en Amérique et en Europe.

Les robots pourraient représenter 58 % du marché mondial
Les perspectives d’avenir pour le secteur se trouvent pourtant davantage en Afrique, qui ne représente aujourd’hui que 2% du marché mondial. En effet, l’Asie, premier marché, a une forte production et peu d’importation, tout comme l’Amérique, alors que l’essentiel de l’agroéquipement africain est importé. Le rapport économique d’Axema, évoque l’exemple du Nigeria. Ce pays devrait voir sa population plus que doubler d’ici 2050, passant de 191 millions à 410 millions d’habitants, faisant ainsi croître les besoins agricoles et donc d’agroéquipement. À l’heure actuelle, la production agricole du pays est équivalente à celle de la France en valeur, mais les agroéquipements ne représentent qu’un marché de 100 millions d’euros, contre 5,5 milliards d’euros en France. «Ce pays peut être un marché intéressant, à condition que soient mis en place des crédits à l’agriculture», explique Élodie Dessart, responsable du pôle économique d’Axema. La filière envisage aussi son avenir dans la robotisation. À partir des chiffres de Tractica, Axema prévoit que les ventes de robots pourraient représenter 58% du marché mondial de l’agroéquipement en 2035, atteignant les 196 milliards de dollars.

À eux seuls, les tracteurs autonomes pourraient atteindre 42% du marché de la robotique agricole. «Ce développement pourrait se faire plus rapidement en Afrique, qui passerait directement à ces nouvelles technologies», précise Laurent De Buyer, le président du groupe Produits-Marché de la protection des plantes chez Axema.

Un secteur en manque de main-d’œuvre
Le syndicat met aussi l’accent sur le côté «responsable» du secteur. Depuis 2012, le secteur a en effet réussi à stabiliser l’emploi alors qu’il baissait dans l’industrie. «Nous avons continué à croire et à investir dans les hommes», se félicite Frédéric Martin, le président d’Axema. L’agroéquipement représente un peu moins de 17 000 emplois en 2017 et est en manque de main-d’œuvre, ce qui pénalise le marché en créant des difficultés opérationnelles. Axema s’est aussi engagé en faveur de la réduction des intrants chimiques à travers le «contrat de solutions». Le syndicat proposera notamment une classification des pulvérisateurs, avec un système de points en fonction des technologies utilisées, de la réduction d’utilisation des produits phytosanitaires et de l’impact sur l’environnement, ainsi que sur la protection de l’utilisateur et du voisinage.

Afin de satisfaire aux objectifs du gouvernement dans le cadre d’Écophyto II, de réduction de 25% d’ici 2020 de l’utilisation des produits phytosanitaires et de 50% d’ici 2025, Laurent de Buyer estime «à la louche» qu’il faudrait remplacer la moitié du parc d’agroéquipement français qui est vieillissant. Or, le faible revenu des agriculteurs limite les possibilités d’investissement pour renouveler les équipements. Ces objectifs nécessitent donc des subventions publiques mais «la valeur doit aussi venir de la part des consommateurs», estime Laurent De Buyer.