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SAS Bresson

L'€™immense enjeu des marchés céréaliers

Un spécialiste des enjeux alimentaires du pourtour méditerranéen était l'€™invité de la réunion annuelle de la SAS Bresson, le 13 février à Barges. Sa présentation a passionné l'€™ensemble des participants.
Par Aurélien Genest
L'€™immense enjeu des marchés céréaliers
«Les besoins alimentaires vont exploser en Afrique du Nord, les besoins céréaliers de la planète se situent à nos portes» annonce Sébastien Abis, analyste politique.
Il est intervenu quelques minutes après l'€™exposé d'€™Anne Hermant, responsable de l'€™équipe environnement de la Chambre d'€™agriculture de Côte d'€™Or. Sébastien Abis s'€™est dit «très frappé» par ce qu'€™il venait d'€™entendre au sujet de l'€™évolution de la Directive nitrates : «Quelle complexité ! Pendant ce temps, il y a des enjeux alimentaires immenses sur notre planète. Cette dynamique réglementaire n'€™est pas adaptée aux enjeux de la sécurité alimentaire» a déploré l'€™analyste politique, spécialiste des enjeux stratégiques de l'€™espace euro-méditerranéen. Selon lui, les pays de la Méditerranée ont parfois du mal à comprendre certaines décisions françaises : «prenons l'€™exemple de l'€™eau. Elle est très rare sur tout le pourtour méditerranéen. Elle a une orientation 80% agricole dans tous les pays sauf un, la France». Sébastien Abis regrette que l'€™agriculture ne soit pas mise en avant lors des rencontres internationales : «comme certains l'€™ont déjà écrit, le commerce des grains est peut-être plus puissant que celui du pétrole dans les tensions internationales. Les représentants de l'€™à‰tat n'€™en parlent pas, ou très peu, lors de leurs voyages à l'€™étranger. Les marchés céréaliers sont pourtant un secteur stratégique».

[INTER]Explosion démographique[inter]
Le contexte démographique mondial est la raison pour laquelle l'€™invité de la SAS Bresson s'€™insurge autant. La population mondiale a déjà doublé en 50 ans. Neuf milliards de terriens sont prévus en 2050 et il va bien falloir nourrir tout ce monde. «Neuf milliards, ce n'€™est qu'€™une projection moyenne» précise Sébastien Abis, «une projection haute nous amène à 10,6 milliards...» S'€™il existe de l'€™incertitude dans ce chiffrage, il n'€™en existe aucune quant à la localisation de cette croissance démographique «phénoménale» : «elle sera principalement en Afrique du nord et dans le Moyen-Orient» indique Sébastien Abbis. Un déficit annuel de 114 millions de tonnes de céréales est évoqué pour ces pays à l'€™horizon 2050. En plus de cette croissance démographique, plusieurs raisons justifient cet énorme tonnage «manquant»: «le changement climatique va s'€™accélérer. Il y aura des variations de plus en plus fortes entre les saisons. L'€™eau va devenir de plus en plus rare pour ces pays qui ne peuvent plus développer leur agriculture, car leurs terres arables sont aujourd'€™hui exploitées à 95%. Toutes ces raisons sont la preuve que demain, les besoins céréaliers de la planète se situent à nos porte» commente l'€™analyste, rappelant que ces pays de l'€™Afrique du Nord consomment deux fois plus de pain que les Européens.

[INTER]Une carte à jouer[inter]
Un pays comme la France possède de nombreux atouts. Les terres arables représentent un tiers de son territoire : un taux trois foissupérieur à la moyenne mondiale. «Va t-on, un jour, prendre conscience de cette énorme chance?» s'€™interroge Sébastien Abis. La France se distingue également par la constance de sa production, avec ses 35 millions de tonnes de blé annuelles. «Cette constance est très intéressante pour les pays de l'€™Afrique du Nord qui sont bien embêtés quand d'€™autres pays comme la Russie ne peuvent rien leur fournir lors d'€™une année difficile» commente Sébastien Abis. Certes, la France n'€™arrivera pas à tripler ses exportations, mais
pourrait au moins combler les déficits d'€™exportation constatés aujourd'€™hui.
Pour l'€™analyste, il faut «absolument replacer l'€™agriculture sur le plan stratégique», «l'€™agriculture française ne doit pas être mise en avant uniquement lors du Salon de l'€™agriculture», «un travail immense de communication s'€™impose, tout monde doit être mobilisé, en particulier les agriculteurs qui doivent être fiers de leur métier». Pour l'€™intervenant, l'€™à‰tat doit soutenir l'€™agriculture et la meilleure façon de le faire
est «d'€™arrêter de la regarder comme un secteur datant du siècle dernier».

Actualités de l'€™entreprise

Catherine Racle, présidente de la SAS Bresson, s'€™est félicitée de voir de nombreux jeunes présents à cette réunion, saluant «la confiance accordée à l'€™entreprise par la nouvelle génération». La récente obtention de la certification «préconisation et vente des produits phytopharmaceutiques» a été rappelée : «elle représente un complément qualitatif à toutes nos filières. Nous sommes la première entreprise en Bourgogne à l'€™avoir obtenue». Plusieurs projets «imminents» ont été cités : un nouveau nettoyeur va voir le jour à Saulon-la-Chapelle, ainsi qu'€™un hangar de stockage à Saint-Usage.